Dans le train. Mais pour combien de temps ?

  • © Yann Riou
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Rester en avant du front pour conserver la vitesse et gagner au Sud pour raccourcir la route, deux objectifs à poursuivre simultanément pour l’équipage de Spindrift 2 en Atlantique Sud. Avec des vitesses autour de 35 nœuds, le rythme est soutenu et les conditions de vie se durcissent à bord. Plus Nord que son adversaire virtuel (le détenteur Banque Populaire V qui était par 44° degrés Sud et très rapide à ce stade de son parcours), le trimaran de Spindrift racing avait 7 milles de retard aujourd’hui à 17 heures. Droit devant, le Sud du continent africain avec un premier Cap, celui de Bonne Espérance à franchir en fin de semaine.

Jour 11 – 17h00 GMT

  • 7 milles de retard sur Banque Populaire V
  • Distance parcourue depuis le départ : 6 783 milles
  • Vitesse moyenne sur 24 heures : 33 nœuds

L’effet sinusoïdal

Après dix jours de mer, le trimaran skippé par Yann Guichard était virtuellement à égalité avec le détenteur du Trophée Jules Verne alors qu’il cumulait plus de 380 milles d’avance cinq jours plus tôt. L’effet d’un ralentissement progressif lors de la négociation de l’anticyclone de Sainte-Hélène, mais aussi d’une trajectoire nettement plus septentrionale que les recordmen de 2011.

Parti dimanche 22 novembre, Spindrift 2 a pu réaliser une trajectoire presque parfaite, un quasi tout droit de Ouessant à la latitude de Recife à des vitesses qui ont rarement été inférieures à 26,5 nœuds, la moyenne effective sur l’eau de Banque Populaire V lors de son tour du monde en 2011-2012. Au point que le trimaran possédait jusqu’à 386 milles d’avance au large des côtes brésiliennes. Mais le ‘carburant éolien’ a commencé à se réduire à un mince filet à l’approche d’un front orageux après une semaine de mer : la trace rectiligne s’est brisée pour négocier cette masse nuageuse qui faisait barrage vers le Sud et en moins de deux jours, l’avance cumulée s’est réduite de plus de 300 milles.

Rester dans le front

Mais une fois de l’autre côté de cette barrière, l’équipage a pu accrocher la bordure Nord-Ouest d’une dépression venue de l’Uruguay et se déplaçant rapidement vers l’Afrique du Sud. Dans ce flux puissant, Spindrift 2 a pu de nouveau allonger la foulée avec les meilleures moyennes depuis son départ : plus de 34 nœuds ! Au Nord de l’île de Tristan da Cunha ce mercredi matin, le trimaran est toujours devant ce front qui génère une brise de Nord-Ouest de 30-35 nœuds et il doit impérativement y rester au risque de décrocher de ce ‘tapis soufflant’, comme le trimaran IDEC Sport il y a deux jours. Car derrière cette barre nuageuse, c’est un flux plus modéré et surtout de secteur Ouest qui balaye l’Atlantique Sud, une configuration moins favorable pour aligner des moyennes au-dessus de trente nœuds vers Bonne-Espérance.

Il y a quatre ans, Loïck Peyron et ses hommes avaient réalisé à suivre trois de leurs meilleures journées de leur tour du monde, à plus de 700 milles quotidiens sur une trajectoire parabolique remarquable : ils atteignaient ainsi la longitude du cap des Aiguilles (entrée officielle dans l’océan Indien) en 11j 23h 50’. Pour conserver son avantage, il faudrait donc que Spindritf 2 passe ce premier des trois caps ce vendredi 4 décembre avant 3h52 GMT. Le challenge est difficile, mais même si le trimaran skippé par Yann Guichard est légèrement en retard, cela n’entame en rien ses capacités à améliorer le temps du Trophée Jules Verne. Rappelons que le précédent détenteur possédait plus de 2 300 milles d’avance au Sud de l’Australie et n’avait plus que 535 milles de marge au cap Horn.

Le paradoxe du Pôle

« La mer est ronde » titrait Jean-François Deniau et c’est bien la raison de cette révolution planétaire que tentent d’améliorer Dona Bertarelli, Yann Guichard et avec leurs douze équipiers. Seulement, pour faire le tour du globe terrestre, il faut traverser l’Atlantique, du Nord au Sud, puis contourner l’Antarctique avant de remonter l’Atlantique, du Sud au Nord. Or plus un bateau navigue sur une trajectoire Sud autour du Pôle, moins il parcourt de route pour faire le tour du continent glacé. L’explication du grignotage de l’avance de Spindrift 2 par rapport à Banque Populaire V tient aussi à ce paradoxe : le trimaran noir et or est actuellement plus rapide que le détenteur du record, mais navigue près de 600 milles plus au Nord. Quand Spindrift 2 est encore sur le 35°Sud, son concurrent virtuel de 2011 glissait sur le 44°Sud : pour une même vitesse, il parcourait plus de milles vers le but.

La difficulté est désormais de glisser vers les 40e Rugissants tout en conservant une très grande vitesse de progression : Spindrift 2 doit profiter le plus longtemps possible de ce front tout en incurvant sa route vers le 45°Sud au passage de la pointe africaine. Car à ce jour, les glaces dérivantes sont reléguées bien plus au Sud à l’entrée de l’océan Indien, mais surtout l’anticyclone de Sainte-Hélène s’est scindé en deux cellules dont l’une se positionne sous l’Afrique du Sud. Pour passer sous ces hautes pressions peu ventées, il faut donc négocier ce changement d’océan quasiment à la latitude des îles Marion et Prince Edward (46°35 Sud) ! Ce deuxième week-end de mer s’annonce donc très important pour se positionner dans un océan Indien qui semble très agité mais aussi pavé d’icebergs jusqu’à la latitude de l’archipel des Kerguelen. Et le delta virtuel entre le détenteur du Trophée Jules Verne et Spindrift 2 continuera jusqu’à Ouessant, à suivre une courbe sinusoïdale en fonction des brises rencontrées sur ces trois océans !

L’écart par rapport à l’arrivée entre Spindrift 2 et le détenteur du Trophée Jules Verne varie en permanence (toutes les trois heures sur ce graphique) en fonction des conditions météorologiques rencontrées. Le retard des premiers jours s’est transformé en avance croissante à l’entrée du Pot au Noir équatorial, la chute provisoire étant liée à la traversée de cette zone de vents faibles. L’avance remonte dans les alizés de l’hémisphère Sud pour atteindre 386 milles, puis diminue brutalement lorsque le trimaran skippé par Yann Guichard doit traverser un front orageux au large du Brésil. Enfin, la baisse progressive de ce delta ces derniers jours correspond non pas à une vitesse moindre mais à une trajectoire nettement plus Nord que son concurrent virtuel.

Source

Spindrift racing

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