Nouveau monde, nouvelle route, nouveaux défis

© Ian Roman / Volvo Ocean Race

Moyen-Orient, Asie, plan anti-pirates, sécurité : c’est sûr, le parcours de la Volvo Ocean Race 2011-12 est bien différent de la route originelle de la course. Alors que la flotte fait escale à Abu Dhabi, c’est le moment de revenir sur cette évolution influencée par les mutations géo-politiques et économiques mondiales.

Déjà à l’époque de la Whitbread, la commercialisation de la course avait commencé. À partir de 1981, des marques comme Steinlager, Rothmans et Fisher & Paykel finançaient des équipages professionnels autour du monde.
Entre 1998 et 2001, Volvo succède à Whitbread en tant que propriétaire et organisateur de l’épreuve. Les choses s’accélèrent. Lors de la dernière édition, en 2008-09, on comptait déjà une escale indienne (Cochin), une à Singapour, une chinoise (Qingdao) et même une arrivée en Russie (Saint Petersbourg).

En 2012, avec la première escale moyenne-orientale de la course à Abu Dhabi, un nouveau pas est franchi. Sans compter la présence dans la course de marques d’envergure internationale, comme PUMA, Groupama, CAMPER, Telefónica ainsi que les offices de tourisme d’Abu Dhabi et Sanya, si on se limite aux seuls partenaires de teams.

Et ces marques grand public ont leurs exigences, comme l’explique Ken Read, le skipper de PUMA Ocean Racing powered by BERG :

« Cela me frappe à chaque fois qu’on me demande pourquoi la Volvo Ocean Race ne suit plus la route traditionnelle autour du monde comme le faisait la Whitbread. Le fait est qu’on vit dans un nouveau monde. C’est réel : tous les sports se commercialisent.

« Je tiens pour certain que PUMA ne se serait jamais investi dans la dernière course (2008-09) si on n’était pas allés en Chine.

« Mon business, c’est de gagner une course à la voile et de vendre des vêtements, des baskets et des hélices. La meilleure manière de faire ça, c’est de bien marcher dans cette course.

« On est au Moyen-Orient, c’est un fait, on va en Chine et à différents endroits autour du monde, ou bien aucun de nos sponsors ne serait là.

« Pour BERG, c’est important de venir au Moyen-Orient. C’est concret. Les jours d’antan sont passés, nous sommes dans le présent. En tant que marins, nous devons nous adapter et je pense que la course s’est elle-même très bien adaptée. »
Autre réaction, celle de Sophie Roy – Responsable Evénementiel chez Groupama : « Nous n’avons pas d’objectifs commerciaux particuliers à Abu Dhabi. Mais cette escale fait partie d’un package que nous avons acheté en nous inscrivant au départ de la Volvo Ocean Race et que nous prenons dans sa globalité. Si Abu Dhabi n’est pas une cible pour nous, il n’en est pas de même pour l’escale chinoise qui est très importante pour Groupama puisque nous avons signé il y a un an une joint-venture avec l’avionneur chinois AVIC. Cette escale à Hainan représente pour Groupama une excellente opportunité d’activer ce partenariat. »
« La course ne pouvait économiquement pas passer à côté du Moyen-Orient et de l’Asie. Alors tout comme l’organisateur, les concurrents s’adaptent à cette nouvelle situation mondiale,  » témoignait à son tour Franck Cammas, skipper de Groupama 4.
Faire escale dans une nouvelle région du monde est aussi l’occasion de faire découvrir la voile à de nouveaux publics. C’est bien l’espoir de Ian Walker, double médaillé olympique et skipper d’Abu Dhabi Ocean Racing.

« C’est excitant que ce genre de course vienne à Abu Dhabi. L’Émirat a une forte histoire nautique – j’ai été assez chanceux pour aller sur l’eau quand 120 boutres locaux naviguaient.
A voir, ce rappel, dans le contexte de la Volvo Ocean Race, de l’histoire maritime des pays du Golfe : http://www.youtube.com/watch?v=oUXx7HP6Irg&feature=player_embedded
« Quand on est arrivés, j’ai trouvé que l’accueil du public était émouvant et j’espère qu’Abu Dhabi Ocean Racing attirera des jeunes vers ce sport. Peut-être qu’on verra un fort développement du sport ici. »

Les adeptes des courses au large classiques et les fans d’images des longs surfs sur les mers du Sud ne devraient pas être déçus – c’est le directeur général de la course Knut Frostad qui l’affirme.

« Cette fois, la course emmène les marins là où ils n’ont jamais régaté et les met face à de nouveaux défis.

« Nous avons aussi une étape dans les mers du sud qui devrait faire plaisir aux fans de voile. Quand la flotte quittera Auckland, les bateaux entreront ensemble dans le grand Sud et on devrait voir une compétition serrée jusqu’à Itajaí, au Brésil. »

Des nouvelles de la flotte :

Team Sanya

Alors que 5 des 6 bateaux de la Volvo Ocean se préparent à Abu Dhabi à reprendre les hostilités à partir de vendredi, Team Sanya, doté d’un gréement réparé, fait en ce moment route en condition de course vers le port secret de l’océan Indien, terme de l’Acte 1-Etape 2 après avoir quitté Madagascar samedi. Il y est attendu dans une dizaine de jours.
De-là le team aux couleurs de la Chine attendra l’arrivée des 5 Volvo Open 70, après leur traversée par cargo de la zone dangereuse liée à la piraterie. Une neutralisation d’étape de 5 à 6 jours.
Les 6 concurrents, alors réunis, prendront le départ de l’Acte 2-Etape 3 aux environs du 22 janvier, cap sur l’île d’Hainan où les équipages sont attendus une dizaine de jours plus tard.

Team Telefonica

Ce matin, le leader de la course, Team Telefonica a été remis à l’eau et déclaré conforme à la navigation en course après qu’une erreur de guidage l’ait contraint à une réparation sur son bulbe endommagé lors d’un talonnage dans la marina.
« Nous avons talonné alors que nous étions guidés par un bateau de la marina qui nous amenait au ponton via des canaux qui ont été spécialement creusés pour nous accueillir. Notre guide s’est trompé et nous avons talonné. Nous avons effectué une réparation, mais il y aura toujours quelque chose qui nous obligera à rester vigilants, précisait Horacio Carabelli, directeur technique du team espagnol. Nous allons reprendre l’entraînement demain.
Carabelli a cependant précisé que les 3 semaines d’escale à Sanya en Chine, seraient mises à profit pour procéder à une longue liste de travaux d’améliorations à faire sur le bateau – qui a cependant déjà reporté les deux premières étapes et l’In Port de Cape Town.

Prochain rendez-vous sur l’eau

Le Pro-Am de jeudi 12 janvier 2012
L’Etihad Airways In-Port Race de vendredi 13 janvier 2012 à 11h (heure française)
Le départ de l’Acte 1-Etape 3, le samedi 14 janvier à 11h (heure Française) –
Après l’Acte 1, les bateaux seront chargés sur cargo pour regagner le port secret où ils sont attendus vers le 22 janvier, d’où ils prendront, avec Team Sanya, le départ de l’Acte 2 de l’Etape 3.

Classement après 4 manches (IP Alicante, Leg1, IP Cape Town, Leg2)

  1. Team Telefonica – Nbr de points : 66
  2. CAMPER with Emirates Team New Zeland – Nbr de points : 58
  3. Groupama sailing team – Nbr de points : 42
  4. PUMA Ocean Racing – Nbr de points : 28
  5. Abu Dhabi Ocean Racing – Nbr de points : 19
  6. Team Sanya – Nbr de points : 4 (en attente de 7 points reçus après son arrivée dans le port secret)

Source

Anne Massot

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