Combat de coques

© Eloi Stichelbaut

Il y a du maille en tête : qui de FenêtréA-Prysmian, premier Multi-50, ou de PRB, leader des monocoques IMOCA, va franchir la ligne d’arrivée à Itajaí le premier ? Un trimaran de 50 pieds handicapé par sa grand-voile déchirée, ou un 60 pieds en pleine forme qui contrôle ses deux plus proches concurrents ? Réponse mercredi midi au Brésil…

Il y a un autre monde. Fait de mer et d’air. Un monde où la terre est un but, parfois un problème. Et quand il n’y a rien, c’est aussi une partie du monde. Parce qu’on ne peut pas croire que tout est écrit. Et c’est bien ce que Yannick Bestaven et Pierre Brasseur doivent se dire : comment en trois jours voir ceux qui étaient au diable vauvert être désormais à une poignée de milles ? Comment comprendre qu’il n’y a parfois pas de solution ? Pourquoi les cartes qui semblaient distribuer n’ont plus aucun sens ? 250 milles transformés en une trentaine…

C’est la wache…

Et ce ne sont pas seulement deux concurrents qui reviennent à vitesse grand « V », ce sont aussi deux autres poursuivants qui sont aptes à créer la surprise à Itajaí. Parce que les premiers Class40 n’ont pas encore franchi l’équateur : il y a de la route ! Le match qu’on croyait plombé n’est en fait qu’une course qu’il va falloir terminer, de préférence en beauté.

Et Le Conservateur est désormais loin d’avoir transat gagnée alors qu’il y a seulement une journée, qui aurait parié sur un autre duo ? Ils sont donc trois à jouer la gagne si tout va bien parce qu’il pourrait y en avoir deux autres de plus si le Pot au Noir continue à bousculer les acquis…

Et pour les monocoques IMOCA, la problématique est identique ! Sur le papier, Vincent Riou et Sébastien Col semblent tellement dominateurs depuis quatre jours qu’un retournement de situation pourrait paraître surréaliste. Et pourtant, qui pourrait dire à 450 milles de l’arrivée que PRB a course gagnée ? Il reste une journée et demie pour faire le tri et entre orages et coups de molles, l’écart de moins de 50 milles avec Banque Populaire VIII et de 90 milles avec Queguiner-Leucémie Espoir ne pèse pas si lourd que cela…

Qui a dit que ?

Et puis il y a aussi ce duel entre monocoques et multicoques : Erwan Le Roux et Giancarlo Pedote sont toujours handicapés par leur grand-voile déchirée, mais sont toujours devant PRB… Quand Lalou Roucayrol et César Dohy sont quasiment arrivés à Salvador de Bahia pour réparer leur coque centrale.

Sachant qu’il n’y a toujours pas grand vent devant Itajaí, il y a quand même plein d’incertitudes. Surtout si les orages se mettent de la partie puisqu’il est prévu que le vent bascule au Nord mercredi en début de nuit… Une bulle dépressionnaire qui viendrait stopper tout le monde à quelques dizaines de milles de la ligne d’arrivée ! Une ou trois coques : qui mise ?

Ils ont dit…

Yannick Bestaven, Le Conservateur (Class40)

« C’est difficile, nous avons passé trois jours dans le Pot au Noir et on est enfin reparti. Sur 300 milles d’avance, nous n’en avons plus que 30 ou 40, c’est une nouvelle course qui recommence, ça fait plus d’une heure que nous sommes à neuf nœuds de moyenne : je pense que nous en sommes sortis. Le Pot au Noir est descendu avec nous, on est arrivé trop tôt et au mauvais moment. Il fallait avancer mille par mille avec des vents erratiques mais nous avons la chance d’être encore devant et nous prenons tout ce qu’il y a à prendre. L’arrivée à Itajaí est encore très loin pour nous, il y a de nombreux jours à faire en mer. Avec Pierre, nous avons réussi à nous relayer toutes les deux heures : le plus dur n’a pas été la fatigue mais de garder le moral ! »

Sébastien Col, PRB (IMOCA)

« C’est un peu compliqué le Cabo Frio : une dépression thermique qui s’est créée au moment où nous sommes passés et nous n’avons pas pu faire la trajectoire que l’on voulait. La surprise, c’est que les modèles de prévision sont pas mal en décalage avec la réalité. On est plutôt content, on avance vite, on est entre 18 et 20 nœuds : on est très proche de la route, mais on a un empannage bien placé à faire et on sait que ça va mollir en arrivant vers Itajaí ! Plus on arrive tôt, mieux c’est. Ici, il y a de nombreuses plateformes de forages, des cargos en attente, des hélicoptères : c’est très impressionnant, on a fait un peu de slalom, il y a du trafic dans le coin. »

Source

Soazig Guého

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