Relance de dés

© Vincent Olivaud

Sous un morceau de lune et sur une mer chaude gavée de poissons volants, les 25 bateaux (11 Class40, 3 Multi50, 9 IMOCA et 2 Ultime) encore en course ne sont pas tous logés à la même enseigne. Les Ultime sortent du Pot au Noir, les IMOCA y entrent, les Multi50 s’y préparent psychologiquement et les Class40 tentent de s’extirper d’une dorsale bien installée sur la latitude des Canaries. Sur la route d’Itajaí, après plus de 8 jours de course, le jeu va sans doute être relancé dans le marasme de la Zone de Convergence Intertropicale.

Les marins savent vivre, même en pleine compétition. Joint à la vacation de 2 h, Pierre Brasseur à bord du Class 40 Le Conservateur avouait préparer (comprenez réchauffer) de la volaille forestière sur lit de haricots verts à son compagnon de route Yannick Bestaven. A bord de Le Conservateur, les deux marins soufflent un peu, car leur avance commence à devenir conséquente : 130 milles sur le concurrent le plus proche Solidaires en Peloton ASERP. De quoi prendre 10 mn pour avaler un petit plat ! Dans leur tableau arrière, la flotte s’est faite avalée par une dorsale très étalée sur la latitude des Canaries. Une relance de dés est en train de s’opérer entre quatre bateaux : Solidaires en Peloton, V and B, Carac/Advanced Energies et TeamWork 40.

Le Pot au Noir ou comment se refaire la cerise

Il sent parfois bon ce pot pourri… Pour l’équipage d’Arkema (lalou Roucayrol/César Dohy), c’est une véritable aubaine, un bon moyen de faire fondre comme neige au soleil leur 260 milles de retard sur FenêtréA Prysmian, largement en tête depuis la latitude du cap saint-Vincent. Pour les IMOCA 60’, l’espoir reste entier également. Charlie Dalin (Queguiner-Leucémie Espoir) ne cachait pas non plus à la vacation son envie de sortir en premier du Pot au Noir face à ses camarades de jeu Banque Populaire VIII et PRB. Dans le marasme équatorial, foil ou pas foil, le jeu reste très ouvert.

Les Ultime après plus de 48 heures à transpirer pour cause de grosse chaleur et d’incessantes manœuvres, viennent de toucher le sud-est tant attendu. Macif vole déjà bâbord amure à 25 nœuds sur son foil, tandis que Sodebo Ultim’ commence à s’ébrouer…

Ils ont dit à la vacation de 02h00 :

Pierre Brasseur, Le Conservateur (Class40)

« Je suis en train de faire un plat à manger avant de prendre mon quart. C’est du grand art : de la volaille forestière avec un duo de haricots verts et blancs. On a eu tous les astres qui se sont bien alignés et on est passé tout droit. Nous avons du vent et ils n’en ont pas, donc les écarts sont là. Avec Yannick nous avons pas mal navigué ensemble. En fait depuis le début de la course, il ne fallait pas être en retard, il fallait trouver le bon dosage pour avancer et si on n’était pas assez rapide, on risquait de s’arrêter c’est ce qui s’est passé pour les bateaux de derrière. Ca fait 2-3 jours que les conditions sont plus propices à la discussion, on discute de sujets divers, de politique, de vision de la vie, c’est intéressant, ça permet d’être un peu mieux. Le prochain objectif c’est le Pot au Noir, on a l’avantage de voir les gros bateaux devant et de voir ce qui nous attend. »

César Dohy, Arkema (Multi50)

« Notre passage dans Les Canaries, c’est tout simplement parce que c’est sur le chemin, donc il a fallu faire attention de ne pas se prendre l’île. En ce moment, c’est assez léger, on a 10 nœuds avec un vent au 50. L’arrivée dans le Pot au Noir est assez vague, le modèle change beaucoup, on en saura plus demain matin sur notre entrée dans le Pot. Il y a de l’écart avec FenêtréA Prysmian, car le 4e ou 5e jour de course, il y avait une petite bulle anticyclonique qu’on n’a pas réussie à éviter et du coup, cela a créé l’écart.

Nous attendons pas mal du Pot au Noir, car tout le monde va buter, donc il va y avoir une redistribution des cartes. Lalou est à la barre, moi j’ai fait une petite sieste, il fait nuit noire, l’eau est à 27 degrés, il y a beaucoup de poissons volants. Nous sommes à l’attaque. »

Charlie Dalin, Queguiner – Leucémie Espoir (IMOCA 60)

« Ca va bien, mais chaudement. On est entré dans le vif du sujet dans la soirée et là on est au près on retrouve Banque Populaire VIII, c’est un peu la molle devant. Tout va bien. On a un peu de houle de face, ce n’est pas facile pour progresser. C’est clair que le Pot au Noir est un moment important on est rendu à 14 milles de Banque Populaire, c’est un moment crucial de la course, car c’est important de bien sortir du Pot. A cette distance-là, en moins d’une heure on peut faire quelque chose face à un bateau qui n’avance pas. On est à fond dedans et l’important est de se rapprocher des premiers. Yann est très à l’aise dans ces conditions, on en a pour pas mal de temps. On a vu les Ultime et on sait ce à quoi on doit s’attendre, mais on doit tout donner pour ce passage

François Gabart, skipper de MACIF (Ultime)

« Ouf ! Nous sommes sortis enfin il y a quelques heures et ça fait du bien, car c’était particulièrement long. Là c’était compliqué et surtout long et nous n’avons pas eu de vent très fort avec beaucoup de pluie, mais pas de vent. On a du vent au sud-est, nous sommes au près serré en attendant que le vent adonne. Ce n’était pas une période facile, au début il n’y avait pas beaucoup de vent, pas de mer, on a pu se reposer et gérer le bateau, mais plus ça avance, plus la mer est difficile avec un petit clapot. Maintenant que nous sommes dans l’alizé, on en profite pour se reposer, car il n’y a pas trop de manœuvre et on va faire le plein de batterie. On va avoir du bâbord amure pendant un bout de temps. On était déjà bâbord depuis le Cap Vert et là au moins jusqu’au capo frio.

La course va continuer avec Sodebo, j’espère jusqu’à la fin. »

Source

Soazig Guého

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