Paires de Manche

© Benoît Stichelbaut

La première nuit de mer s’est plutôt bien passée sous une lune presque pleine, un ciel dégagé et étoilé, une mer quasiment plate et une brise de Sud-Est propulsive ! Les quarante-deux tandems ont pu aligner les milles, les Ultime ayant paré Ouessant en milieu de nuit quand les Class40 débordaient les îles anglo-normandes.

A l’exception de Jérémie Beyou et Philippe Legros (Maître CoQ) qui ont annoncé cette nuit qu’ils se déroutaient vers Roscoff pour réparer l’un des trois étais dévissés en mer, toute la flotte s’est concentrée sur la vitesse pure après un parcours côtier entre Le Havre et Étretat un peu poussif. Car il a fallu attendre le milieu de la baie de Seine pour que la brise daigne réellement s’installer de Sud-Est quinze nœuds, puis d’une vingtaine de nœuds au large de la pointe du Cotentin.

Les quatre Ultime ont donc pu allonger la foulée et passer à l’intérieur de Ouessant, par le chenal du Fromveur, (à l’exception de Sodebo Ultim) afin de profiter du courant de marée descendante. Et pour l’instant, le trio de tête ne mollit pas avec Thomas Coville et Jean-Luc Nélias en ouvreur, suivis comme leur ombre par François Gabart et Pascal Bidegorry (MACIF) et Lionel Lemonchois et Roland Jourdain (Prince de Bretagne). Yves Le Blévec et Jean-Baptiste Le Vaillant (Actual) sont déjà décrochés à plus de 60 milles des leaders, mais clairement, le quatuor a choisi de piquer au plus court, sous la dépression, pour rallier le plus directement possible le cap Finisterre.

Éventail en Manche

C’est aussi le cas pour les Multi50 qui suivent le sillage de leurs aînés avec seulement quatre heures de décalage : les quatre duos sont au coude à coude sur ce premier tronçon et n’ont pas l’intention de jouer avec la dépression atlantique qui apparaît moins violente et surtout plus lente dans son déplacement. Et certains monocoques IMOCA semblent moins tentés d’aller au front ! Mais alors que les leaders de la Transat Jacques Vabre pointent leurs étraves vers l’Espagne en ayant rasé les côtes bretonnes, les candidats au tour du monde en solitaire jouent le milieu de la Manche pour les premiers, tandis que certains glissent vers la pointe Finistère, à l’image du Britannique Hugo Boss, du Méditerranéen Bastide-Otio, et du Breton MACSF. Quant à Maître CoQ, c’est une escale express à Roscoff qui est programmée au petit matin afin de résoudre un problème d’étai de mât.

D’autres ne semblent plus dans l’expectative comme le leader PRB ou SMA, Edmond de Rothschild ou StMichel-Virbac qui apparaissent convaincus qu’il faut piquer plein Ouest. Il faut dire que la dépression attendue glisse plus lentement que prévu vers le Sud-Est en se comblant : les routages qui incitaient à bordurer l’Irlande semblent donc moins tranchés… Mais il va falloir attendre ce midi pour connaître vraiment les intentions de tous ces duos : à l’Ouest vers la baston, au Sud-Ouest vers l’Espagne.

Enfin, la flotte des Class40 se scinde aussi en deux groupes : la paire Nicolas Troussel-Corentin Horeau (Bretagne-Crédit Mutuel Elite) ayant opté pour Ouessant quand les deux leaders, Le Conservateur et Team Concise, suivent la trace des IMOCA en milieu de Manche. Mais décalés plus dans l’Est que leurs aînés, les Class40 doivent aussi composer avec les forts courants de marée (103 ce lundi soir). Bref si les premières 24 heures de la Transat Jacques Vabre se déroulent à vitesse grand « V », la suite risque fort d’être une autre paire de manche…

Ils ont dit en vacation ce matin

Thibault Vauchel-Camus, skipper de Solidaires En Peloton (Class40)

« La mer est praticable, nous nous préparons tranquillement à la dépression. Nous faisons de belles moyennes à 27 nœuds en rafales, ça galope pas mal ! »

Olivier Krauss, co-skipper de Ciela Village (Multi50)

« Elle est plutôt sympa cette sortie de manche. Je ne sais pas du tout où sont les copains, nous n’arrivons pas à regarder les positions. Nous continuons notre route et nous verrons bien. La mer est tranquille : on préfère partir vers l’ouest même si nous perdons un peu de terrain. »

Vincent Riou, skipper de PRB (IMOCA)

« C’est un peu la guerre mais ça va, on est un peu plus au sud que les autres. On verra bien demain matin comment ça va se passer »

Yann Eliès, skipper de Queguiner – Leucemie Espoir (IMOCA)

« Nous venons de contourner le Cotentin, nous avons 25 à 30 nœuds de vent, ça va assez vite. Nous essayons de mettre le bateau en état de marche pour affronter les vents plus forts qui vont arriver. Nous essayons de nous positionner pour contourner la dépression : pas simple de ne pas savoir exactement où il faut aller. »

Thomas Coville, skipper de Sodebo Ultim’ (ULTIME)

« Belle manche avec Macif et Prince de Bretagne, nous avons empanné exactement en même temps, c’était sympa, ces bateaux sont incroyables. La nuit a été assez tonique, nous avons dû faire pas mal de manœuvres. La mer est encore très correcte, ce qui nous permet d’aller assez vite avant le passage du mauvais temps. »

Source

Soazig Guého

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