Bergers des océans

© Jacques Vapillon

A Lanzarote, ils ont fini par rejoindre les uns après les autres, le contingent des solitaires engagés sur la Mini Transat îles de Guadeloupe. Eux, ce sont les gardiens discrets de la flotte, les oreilles et la voix de la direction de course. Ce sont eux qui doivent trouver les mots pour remonter le moral en berne d’un concurrent, sans pour autant faire d’assistance, qui doivent parfois repartir à contre-courant de la flotte pour aider un concurrent en difficulté. Une tâche ingrate et méconnue sans qui la Mini Transat îles de Guadeloupe ne pourrait pas exister…

Depuis le bord du PSP Flamant

Quand la Mini Transat est venue en France en 1985 sous l’impulsion de Jean-Luc Garnier, les autorités maritimes, peu chaudes à l’idée de laisser partir de si petits bateaux sur un si grand océan ont imposé une règle intangible : la flotte devrait être soutenue par des bateaux accompagnateurs chargés de veiller à la sécurité des concurrents et de servir de relais entre la mer et la terre. Depuis, la tradition perdure, d’autant plus que dans l’ADN de la Mini Transat îles de Guadeloupe, reste cette volonté de la Classe Mini : en aucun cas, les coureurs ne doivent avoir de communications directes avec la terre. La Mini Transat îles de Guadeloupe n’est pas qu’une épreuve sportive. C’est aussi un voyage en solitude, face à soi-même, un moyen d’exercer son caractère. C’est aussi ce qui en fait tout le sel…

Le retour des anciens

Ce n’est d’ailleurs peut-être pas un hasard si sur la Mini Transat îles de Guadeloupe, nombre des skippers des bateaux accompagnateurs sont eux-mêmes des anciens de la course. Cette année on trouve ainsi Christian Bouroulec, patron du chantier Structures et vainqueur de l’édition 1999 en bateau de série, Richard Mérigeaux, deuxième de l’édition 2003 ou bien encore Pierre Denjean et Ronan Jehanno des habitués du circuit Mini. Les équipiers sont pour la plupart, des bénévoles qui investissent sur leur temps libre pour participer à l’aventure, donner un coup de main. Figures de la voile douarneniste, Michel Jacques ou Jacques Garnier font partie de ces marins discrets mais qui sauront être de quart au besoin. C’est aussi une garantie pour l’organisateur de savoir qu’il dispose d’hommes qui connaissent la musique.

La Marine nationale, un soutien de poids

Pour la première étape de la Mini Transat îles de Guadeloupe, la course a reçu un renfort de poids en la personne de l’équipage du PSP Flamant qui a suivi l’épreuve de Douarnenez à Lanzarote. Pour les hommes du patrouilleur, c’était l’occasion de découvrir un monde totalement nouveau pour eux. A l’occasion d’un barbecue offert par l’équipage du PSP, la richesse des échanges entre les hommes et femmes du Flamant et les Ministes, ne pouvait mieux témoigner, qu’au delà de l’étiquette, les gens de mer constituent bien une même famille. Les uns ont découvert que des garçons et des filles pouvaient être suffisamment fêlés pour vouloir traverser l’Atlantique sur des coques de noix survitaminées. Les autres, ont reçu des nouvelles du grand monde, comme les résultats des premiers matchs de la Coupe du Monde de rugby, bref, des affaires de grande importance.

Le regard de Richard Mérigeaux, skipper de K8, bateau accompagnateur :

Accompagner la Mini Transat Îles de Guadeloupe

« Entre deux missions Sea Sheperd, on m’a proposé d’accompagner la Mini Transat Îles de Guadeloupe : ça ne se refuse pas ! Parce que, quand je ne suis pas en mer, je vais toujours au départ ! Et en plus, c’est à bord d’un bateau historique… »

Ça donne envie de la refaire !

« Nouveaux ou vieux Minis, ils donnent très envie… Il n’y a aucun bateau au large que je connaisse, et j’en ai essayé quelques-uns, qui soit aussi vivant et sain qu’un Mini. Il m’est déjà arrivé de surfer une vague, de rattraper celle de devant et de la surfer également ! Le plaisir de barrer un Mini est unique. Bref, ça me donne très envie de refaire la Mini Transat ! »

L’état d’esprit reste

« Les années passent, les skippers changent, mais l’état d’esprit reste. La solidarité entre coureurs est toujours aussi forte, ils ont toujours aussi ce sens de la fête et de l’aventure. En mer, j’ai été très surpris du niveau d’entraide qui règne pendant la course : ils se disent tout ! C’est hallucinant ! Ça parle, ça parle, de leurs réglages, leurs combinaisons de voiles, ils se donnent des conseils, la météo, ils se lisent des passages du livre de Bernot… ça a un côté sympa, mais sur le plan de la compétition, je trouve ça très étonnant. »

Je ne disais rien

« Tu vas pour prendre un bateau en photo, c’est lui qui est en train de te filmer ! C’est la génération communication… Le plaisir d’être en mer isolé des autres, visiblement, ce n’est pas ce qu’ils recherchent. Quand j’en faisais, on ne parlait pas de la journée ni de la nuit, sauf quand certains craquaient un peu. Personnellement, je ne disais rien. J’attendais que certains se lâchent pour recueillir des informations. »

Flotte disparate

« Les nouveaux bateaux sont très intéressants bien sûr, c’est un gros pas en avant. Mais, globalement, il me semble que la flotte est plus disparate qu’autrefois. »

Source

Mini Transat / Cécile Gutierrez

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