Le grand toboggan

© Jacques Vapillon

Plein vent arrière, les Minis déboulent le long des côtes portugaises, avec pour tous la même problématique en tête : savoir attaquer à bon escient tout en veillant à ménager le bateau. A ce petit jeu, c’est l’expérience qui fait la différence.

Ce n’est pas un hasard si ce sont, à quelques exceptions près, les habitués du circuit Mini qui se retrouvent aux avant-postes de cette première étape de la Mini Transat îles de Guadeloupe. Pour une fois, les gros bras font honneur à leur statut et tous sont en lice pour briguer une place d’honneur. Davy Beaudart (Flexirub) annoncé comme le grand favori de la course tient son rang haut la main en contenant avec brio les assauts d’un trio de furieux Axel Tréhin (Aleph Racing), Frédéric Denis (Nautipark) et Ludovic Méchin (Microvitae). Entre ces trois-là, une sorte de gentleman agreement est né : plutôt que risquer d’aller au delà des limites du raisonnable, chacun s’est accordé sur le fait de se concerter pour réduire la toile et se reposer un peu ou pour attaquer. Cela n’empêche pas une explication loyale mais permet d’exprimer pleinement le potentiel du bateau tout en limitant les risques de casse.

La casse, justement, s’est invitée à la fête puisque l’on compte déjà deux démâtages (Gilles Avril et Andrea Pendibene) et plusieurs concurrents contraints de jeter l’éponge comme Carlos Lizancos ou de faire escale pour réparation. A ce titre, le règlement de la course est clair : toute escale doit impérativement durer au moins 12 heures et le temps cumulé des escales ne doit pas durer plus de 72 heures. Pour certains, le compte à rebours est déjà commencé tel Maxime Eveillard (Héli Stratégy) qui devra certainement démâter pour réparer sa tête de mât endommagée.

Série : le statu quo

Ian Lipinski (Entreprises Innovantes) est toujours sous la menace de ses deux poursuivants Benoît Hantzperg (YCA Dhumeaux Secours Populaire) et Tanguy Le Turquais (Terréal). Au sein du peloton, les hommes de l’ouest à l’instar de Patrick Girod (Nescens) et Olivier Taillard (Alternative Sailing) sont revenus au contact. Ils sont au moins une dizaine à pouvoir prétendre à la 5e place du classement des séries pour cette première étape. Autant dire que la bagarre promet d’être encore intense. Il reste au moins quatre jours à tenir à ce rythme pour espérer décrocher le pompon.

Ils ont dit (depuis le PSP Flamant)

Nicolas d’Estais (Librairie Cheminant), Axel Tréhin (Aleph Racing) et Ludovic Méchin (Microvitae) ont été joints ce matin par le PSP Flamant. Quelques nouvelles musclées et humides des hommes de tête.

Nicolas d’Estais :

« Le début de course a été difficile pour moi, je n’ai pas bien négocié la sortie de la baie de Douarnenez. Mais je me suis rattrapé depuis puisque je suis au contact du groupe des protos qui me correspond en termes de performance. Je suis plutôt content d’être avec eux, on se capte à la VHF et à l’AIS. Depuis le cap Finisterre, les conditions sont assez ventées au portant. Le vent est monté jusqu’à 25 nds. Ce n’est pas non plus la guerre mais c’est la première fois que je fais du portant aussi longtemps dans du vent aussi fort. C’est drôle mais je me fais aussi quelques frayeurs ! J’avais anticipé ces conditions, j’ai donc bien dormi avant le cap Finisterre. Je savais que ça allait être chaud. Depuis le cap Finisterre, j’ai fait quelques siestes mais toujours dehors, à proximité des écoutes, pour éviter les sorties de route. Côté nourriture,c’est vraiment dur de se faire un plat chaud, de manger quand on veut. »

Axel Trehin :

« On a eu 20 noeuds toute la nuit avec des claques à 25, la mer s’est formée. Je n’ai pas lâché la barre de la nuit, je me suis dit qu’il fallait tartiner. J’étais toujours au-dessus de 13 nds et j’ai relevé une pointe à 18,3 nds. Ce matin j’ai réduit la toile pour aller me reposer plus sereinement. On a bien avancé sur la route et j’ai décroché le petit groupe avec lequel je naviguais hier. J’avais beaucoup dormi la nuit d’avant mais là ça commence à tirer physiquement. Dans ces conditions, c’est toujours la même problématique : trouver le bon compromis entre aller vite et ne pas casser. »

Ludovic Méchin :

« Je viens de croiser une baleine juste devant mon étrave, du genre énervée, bien vivante ! Je n’aime pas trop qu’elles viennent jouer autour de moi…Sinon, ça va vite, j’avance entre 10 et 13 nds avec des pointes à 16. C’est humide à bord. Dans ces conditions, il est difficile de lâcher la barre, surtout que j’ai un problème de vérin de pilote principal et que je souhaite économiser le pilote secondaire. Les vagues ne sont pas hautes mais sacrément désordonnées et le pilote a du mal à suivre. Le fait de naviguer au contact d’autres concurrents est rassurant, on échange pas mal par VHF. On navigue intelligemment. Quand un
réduit la toile, les autres suivent. C’est la force d’un groupe qui nous tire vers le haut. Le fait d’être trois permet à la fois de préserver le matériel et de gagner en performance grâce à l’émulation. »

Classement du 23 septembre à 15h (TU+2)

Prototypes (Classement Eurovia Cegelec)

  1. Davy Beaudart – 865 – Flexirub à 597 nm milles de l’arrivée
  2. Frédéric Denis – 800 – Nautipark à 31.9 nm
  3. Axel Tréhin – 716 – Aleph Racing à 33 .3 nm
  4. Ludovic Méchin – 667 – Microvitae à 37.5 nm
  5. Clément Bouyssou – 802 – Le Bon Agent Bougeons l’immobilier à 38.3 nm

Séries (Classement Ocean Bio-Actif)

  1. Ian Lipinski – 866 – Entreprise(s) Innovante(s) à 661 milles de l’arrivée
  2. Benoît Hantzperg – 871 – YCA Dhumeaux – Secours Populaire à 2.9 nm
  3. Tanguy Le Turquais – 835 – Terréal à 14.8 nnm
  4. Julien Pulvé – 880 – Novintiss à 23.0 nm
  5. Charly Fernbach – 869 – Le Fauffiffon Hénaff à 50.1 nm

Source

Mini Transat / Cécile Gutierrez

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