Scénario idéal

© Christophe Launay

Les Régates Royales de Cannes fêtent leurs trente et sept années d’existence : plus de cent cinquante voiliers répartis entre yachts de tradition, classes métriques et Dragon vont sillonner le golfe de Cannes pendant toute la semaine, du 22 au 27 septembre. Spectacle assuré avec une météo particulièrement clémente !

Cannes fait de nouveau son cinéma ! Et la Côte d’Azur s’est parée de tous ses atours pour ce festival de régate qui va rassembler les plus beaux et les plus grands yachts du siècle dernier, voir du 19ème pour certains comme Bona Fide (plan Charles Sibbick 1899), Lulu (plan Raibot Caillebot 1897) ou Marigold (plan Charles Nicholson 1892)… Des stars aussi à l’image de Catherine Chabaud et Jean-Yves Terlain qui viendront rendre hommage à Florence Arthaud jeudi 24 septembre, des Figaristes et skippers IMOCA tels Sébastien Audigane (Mariska) et Armel Tripon, de Philippe Monnet (Lys)…

Sur un plan d’eau magique entre massif de l’Estérel et îles de Lérins, la baie de La Napoule devrait être illuminée par un grand soleil toute la semaine et animée par une petite brise plutôt légère mais parfois renforcée à l’entracte par le vent thermique, à l’exception de demain mardi en milieu d’après-midi où le passage d’un front devrait mettre quelques tours supplémentaires au vent d’Ouest…

Bouée ovale !

Et en cette période de Coupe du Monde de Rugby, les Régates Royales sont heureuses d’accueillir Andrea Lo Cicero, l’ex-pilier de l’Équipe italienne qui cumule 103 sélections et quatre Coupe du Monde ! Depuis, le Sicilien est devenu animateur TV pour une émission sur le jardinage et après avoir participé à l’America’s Cup sur Luna Rossa, puis au circuit TP-52 sur Azzurra, l’ambassadeur de l’UNICEF fait office en pied de mât sur Chinook. Sistership de Rowdy qui a glané presque tous les trophées des yachts classiques en Méditerranée depuis 2007, ce « New York 40 » est toutefois gréé aurique (a contrario de Rowdy en Marconi) et Andrea Lo Cicero navigue régulièrement à son bord depuis trois saisons : le match entre les deux monotypes dessinés par Nathanaël Herreshoff en 1916 s’annonce viril !

Une soixantaine de Yachts de Tradition, véritables voiliers d’époque entretenus par des propriétaires passionnés tel le Classe J Shamrock V, Elena, Bona Fide… et de répliques ou voiliers remis en état au fil des ans comme Avel (1896), Moonbeam (1903), Mariquita (1911), auxquels il faut ajouter quelques coursiers IOR des années 70 comme Helisara, Palynodie, Il Moro di Venezia ou Ganbare et quarante Dragon, le monotype international qui rassemble le gotha de la voile, tel le Britannique Ivan Bradbury (vainqueur de l’unique manche du jour), le Russe Anatoly Loginov, l’Italien Giuseppe Duca ou le Danois Soren Pehrsson, mais aussi des Classes Métriques avec une flotte de 6mJI, de 8mJI, de 12mJI et même 15mJI qui vont s’affronter cinq jours durant sur les eaux cannoises.

Mariska & Tuiga

Tuiga et Mariska sont sans conteste les plus assidus des yachts classiques sur les rendez-vous méditerranéens et même bretons et britanniques ! Tuiga, le 15mJI construit en 1909 sur les plans de William Fife pour le Duc de Medinacelli est un sistership d’Hispania, le voilier du roi d’Espagne Alphonse XIII. Issus de la Jauge Métrique créée en 1906 à Londres pour harmoniser les règles entre voiliers américains, britanniques, scandinaves, français et suisses, les 15mJI sont les grands frères des 12mJI, connus pour leur participation à la Coupe de l’America entre 1958 et 1987. La catégorie avait même été retenue pour les Jeux Olympiques de 1908 à Londres aux côtés des 6mJI, 7mJI, 8mJI et 12mJI, mais l’absence de concurrents réduisit à néant les efforts pour dynamiser cette nouvelle série.

Le premier des 15mJI construit est le plan Mylne (1907) Ma’oona et le dernier réalisé fut Isabel-Alexandra, un plan de Johan Anker (1913), le père du Dragon… Il n’y eu finalement que dix-neuf 15mJI mis à l’eau : Shinna (Fife 1908), Mariska (Fife 1908), Ostara (Mylne 1909), Vanity (Fife 1909), Tuiga (Fife 1909), Hispania (Fife 1909), Anémone II (Chevreux 1909), Encarnita (Guédon 1909), Jeano (Mylne 1910), Sophie-Elizabeth (Fife 1910), Paula II (Mylne 1910), Senta (Oertz 1911), The Lady Anne (Fife 1912), Istria (Nicholson 1912), Maudrey (Fife 1913), Paula III (Nicholson 1913), Pamela (Nicholson 1913). Mais il ne reste plus en état à ce jour que Mariska, Tuiga, Hispania et The Lady Anne…

Après deux années et demie de travaux de rénovation entre 2007 et 2009 par les Charpentiers Réunis de Méditerranée installés à La Ciotat, Mariska revient naviguer en course mais cette fois pas contre son « petit frère » Tuiga, le voilier emblématique du Yacht Club de Monaco ! Retrouvé dans le Nord de la Hollande à l’état de house-boat avec 3,50 mètres en moins et des emménagements totalement transformés, le troisième 15mJI construit a subi une véritable cure de jouvence en remplaçant une pièce sur deux et en ajoutant neuf membrures supplémentaires par rapport aux 72 qui compose sa structure.

Mariska fut à l’origine commandé par A.K. Stothert, un armateur de voiliers de course depuis 1894… Il remporta la Coupe Internationale des 15mJI à Cowes en 1909, mais fut revendu au capitaine F.E. Guest, puis rejoignit les eaux suédoises avant d’être transformé en yawl en 1923 par un nouveau propriétaire : il fut jusqu’en 2001 un voilier de croisière avant de s’amarrer sur un canal hollandais. Cannes reste donc le plan d’eau idéal pour l’histoire mouvementée de ces deux yachts prestigieux…

Quatre-vingt-six printemps !

Tout comme les Régates Royales organisées pour la première fois en 1929 en l’honneur du roi Christian X du Danemark, le Dragon fête ses quatre-vingt-six ans d’existence ! Long de 8,90 mètres, large de 1,95 m, déplaçant 1 700 kg pour 27 m2 de voilure au près, ce monotype dessiné par Johan Anker en 1929 compte plus de 3 000 exemplaires dans le monde. Il fut même sélectionné pour les Jeux Olympiques de 1948 à 1972, le Norvégien Thor Thorvadlsen s’imposant à Londres (1948) et Helsinski (1952), le Suédois Folke Bohlin à Melbourne (1956), le Grec Constantin II à Rome (1960), le Danois Ole Berntsen à Tokyo (1964), l’Américain George Friedrichs à Mexico (1968) et l’Australien John Cuneo à Munich (1972).

C’est à la suite d’un concours organisé par le Royal Göteborg Yacht Club en 1927 afin de créer une classe monotype économiquement abordable pour trois équipiers, que l’architecte norvégien pourtant membre du jury remporta la mise… Le premier 20m2 (le premier nom du Dragon) fut construit en 1928, mais il fut réellement diffusé en série en 1929. Il conquiert alors l’Ecosse en 1935, puis Cowes au point que la future reine Élisabeth reçut en cadeau le Dragon Bluebottle ! Modifié en 1945, le plan de voilure gagna en surface avec 27m2 au près et surtout un spinnaker.

Les Français commencèrent à constituer une flotte après la seconde guerre mondiale, principalement à Deauville, en Bretagne, à Arcachon et à Cannes. Chasse gardée des Scandinaves pendant des décades, les régates de Dragon sont désormais souvent dominées par les équipages venus de l’Europe de l’Est : Russes, Ukrainiens, Slaves… Mais pour cette première et unique régate de ce jour, c’est le Britannique Ivan Bradbury qui s’imposait dans les petits airs du golfe Juan !

Demandez le programme !

  • Mardi 22 septembre : 11h00, course des Yachts Classiques.
  • Mercredi 23 septembre : 11h00, course des Dragon ; 12h00, course des Yachts Classiques et Métriques.
  • Jeudi 24 septembre : 11h00, course des Dragon ; 12h00, course des Yachts Classiques et Métriques.
  • Vendredi 25 septembre : 11h00, course des Dragon ; 12h00, course des Yachts Classiques et Métriques.
  • Samedi 26 septembre : 11h00, course des Dragon ; 12h00, course des Yachts Classiques et Métriques ; 18h30, remise des prix.
  • Dimanche 27 septembre : 11h00, course de liaison vers Saint-Tropez.

Concerts tous les soirs

Le village des Régates Royales sera animé tous les soirs par un concert : rock & roll, gitan, jazz, variétés ! Du mouvement après une journée en mer…

Prévisions météo

Avec l’arrivée d’un double front venu de l’Atlantique, le beau temps et la petite brise de ce lundi vont faire place à un renforcement du vent d’Ouest demain mardi après-midi. Pour autant, le soleil restera de la partie avec très peu de vent en matinée, du Sud-Sud Ouest d’une dizaine de nœuds en début d’après-midi puis quinze à vingt nœuds d’Ouest vers 17h00. Les températures resteront stables autour de 26°C dans l’après-midi et cela va se confirmer pour toute la semaine. Côté vent, la brise va rester plutôt faible à modérée jusqu’à dimanche prochain…

Source

Soazig Guého

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