Hautes pressions !

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© Alexis Courcoux

C’est à 16 heures, demain dimanche, que sera donné le départ de la troisième étape de la 46e édition de La Solitaire du Figaro – Eric Bompard cachemire en baie de La Forêt, devant Concarneau. Les 39 concurrents mettront toujours le cap sur Torbay dans le Devon, mais avec un profond changement de parcours, vent faible oblige. Une étape certes plus courte – 400 milles – mais très technique dans des vents changeants maintenant le jeu très ouvert au classement, dont la tête est occupée à mi-parcours par Yann Eliès (Groupe Quéguiner-Leucémie Espoir).

En régate, il faut savoir résister à la pression, et parfois composer avec les hautes pressions ! Le puissant anticyclone installé sur l’Atlantique qui se prolonge ces prochains jours par une dorsale exactement dans l’axe de la mer Celtique a donc rebattu les cartes de cette troisième étape. Face à cette barrière météorologique, le parcours a été sensiblement modifié. Qui dit dorsale*, dit en effet un gradient de pression nul … et donc des vents erratiques. « Aller virer le phare du Fastnet, cela supposait traverser la dorsale une première fois à l’aller mais aussi au retour », expliquait cet après-midi Gilles Chiorri le directeur de course. « C’était donc prendre le risque d’une arrivée… samedi prochain ! Le nouveau parcours fait tout de même 400 milles, ce qui est une jauge normale pour une étape de Solitaire. Les routages donnent un temps de parcours de 3 jours et 6 à 8 heures pour les premiers ».

Entre cailloux et courants

Plutôt que de s’engluer dans les hautes pressions irlandaises, les skippers mettront d’abord le cap sur le phare des Birvideaux entre Lorient et Belle-île dans une dizaine de nœuds de Nord-Ouest, avant de remonter au près voire au louvoyage vers la mer d’Iroise. La chaussée de Sein et l’île d’Ouessant seront à laisser à tribord avant de rejoindre une marque de parcours devant Roscoff – la latérale verte n°1 du chenal. Une fois franchie cette marque baptisée Trophée Bouée du Port de plaisance de Roscoff-Baie de Morlaix, les premiers recroiseront la flotte en longeant obligatoirement par le Nord l’île de Batz avant de traverser la Manche vers le phare de Wolf Rock. Ce détour en Bretagne Nord a l’avantage de rallonger le parcours et permet de regrouper la flotte avec certainement de belles images à la clef. Mais il présente aussi l’intérêt de faire traverser les DST (Dispositif de Séparation du Trafic) à la perpendiculaire, ce qui est un gage de sécurité.

A ce stade de la troisième étape, les skippers auront déjà pas mal puisé dans leurs réserves car l’entame du parcours promet des vents particulièrement faibles. Autant dire que les cartes de courants et les effets de site consignés dans les Road book seront relus plus d’une fois à bord des Figaros Bénéteau 2. C’est en surveillant d’un œil le trafic et en comptant sur leur système AIS que les concurrents pourront peut-être trouver un peu de repos lors de la traversée de la Manche vers le phare de Wolf Rock dans un vent qui pourrait atteindre 18 à 20 nœuds de Nord-Est selon Météo Consult. Et c’est à nouveau dans « la molle » comme disent les marins que tous les coups seront permis le long des côtes anglaises en laissant tout de même à bâbord les marques mythiques comme le Cap Lizard et Starpoint avant la délivrance à Torbay.

* Dorsale : ex-croissance d’un système de hautes pressions. Le vent s’inverse à 180° d’un versant à l’autre et il est très faible, voire nul au milieu.

Mi course : le point sur le classement général provisoire et les bizuths

La deuxième étape (La Corogne – Concarneau) de la 46e édition de La Solitaire du Figaro – Eric Bompard cachemire commence à mettre en place une hiérarchie qui, bien évidemment, pourra être bousculée, puisque les marins n’en sont qu’à la mi-parcours… Si Yann Eliès prend le leadership du classement provisoire, ce n’est qu’à 4 petites minutes de Xavier Macaire (Skipper Hérault). 21 minutes séparent le 1er du 4e, Charlie Dalin (Skipper Macif 2015). Jérémie Beyou (Maître CoQ), 5e, affiche, lui, 41 mn de retard par rapport à Yann Eliès, et Gwénolé Gahinet (Safran – Guy Cotten), 6e au classement provisoire, est à 46 mn… Thierry Chabagny (Gedimat), 8e à 1h16 peut facilement jouer le podium et y croit dur comme fer ! Le jeu reste donc très ouvert, sachant qu’aucune étape ne se ressemble sur La Solitaire, la troisième partie de l’épreuve se déroulant entre courants et rase-cailloux.

Des quasi égalités dans le milieu de tableau

A y regarder de plus près, quatre skippers entre la 14 et la 17e place, se tiennent dans un mouchoir. Benoît Mariette (Entrepose), Gildas Mahé (Qualiconfort – The Beautiful Watch), Robin Elsey (Artemis 43) et Sam Maston (Chatham Marine) sont en rang serré sur 3 minutes, et 34 secondes séparent Gildas du Britannique Robin. Même scénario, entre la 32e (Andrew Baker – Artemis 23) et la 34e place (Sophie Faguet – Région Basse Normandie) contenues en 1 minute 30 !

Des bizuths renversants

Du côté des bizuths, c’est Benoît Mariette (Entrepose) qui prend les commandes pour le moment, seulement 2mn et 35 s devant Robin Elsey (Artemis 43) ! En revanche Benjamin Dutreux (Team Vendée), 3e, se situe à 50 mn du premier. Saluons, la jolie performance d’Arthur Prat (Guadeloupe Grand Large 2), premier bizuth de l’étape 2 et 12e au classement de cette même étape, qui prend la place de 4e au classement provisoire des « bleus »…

Ils ont dit :

Alain Gautier (Generali 40)

« Cette troisième étape ne me branche pas plus que ça, j’aurais bien aimé revoir le Fastnet, mais c’est vrai que la météo n’a pas l’air très favorable. Ce sont ces longs tronçons qui me plaisaient dans ce parcours de 2015, ça avait de la gueule. Je comprends qu’on ne puis pas passer le Fastnet, mais on a la capacité aujourd’hui de mettre des points virtuels… Il y a un anticyclone qui a priori amène peu de vent sur la zone de la mer d’Irlande. J’ai bien dormi la nuit avant l’arrivée et l’après-midi de l’arrivée aussi, comme le classement était bâché, j’en ai profité. »

Thierry Chabagny (Gedimat)

« C’est un beau parcours en Bretagne, en mer d’Iroise, avec une traversée de la manche… Il y a beaucoup de choses intéressantes à faire, beaucoup de courant, pas beaucoup de vent, donc ça va être stressant par moment, il y aura sans doute du gros gain ou de la grosse perte à la clé, il va falloir se battre pour être devant, ne pas subir, profiter des passages à niveau. C’est globalement un régime de nord-est avec une dorsale qui nous tombe dessus en arrivant en Angleterre ; ce n’est pas forcément mon type de temps, mais ça fait partie des choses à maîtriser en Figaro. C’est une nouvelle aventure qui commence, il va falloir être bon… »

Clément Salzes (Bordeaux Terre Atlantique)

« On verra à la fin, mais en tout cas elle bien différente du schéma initial… Il y aura beaucoup de petites portions, du rase-cailloux, peu de vent. Je n’ai pas vraiment eu le temps de me pencher sérieusement sur la question. Il peut se passer beaucoup de choses je pense. Il me faut encore une bonne nuit, mais ça va, mon bateau est ok, j’ai pris confiance sur ces deux premières étapes. Il y a moyen ! »

Benjamin Dutreux (Team Vendée)

« Je suis déçu de ne pas aller passer le Fastnet, c’était un rêve de gamin, mais on se rattrapera sur Wolf Rock ! Je pense que ça va être une chouette étape avec beaucoup de choses à gérer. Je me suis bien reposé sur l’étape d’avant. Je prends un maximum de repos, et je me penche sur ce qui va suivre, mon bateau est en état, prêt à repartir. »

Yannick Evenou (Loi et Vin)

« Il y a deux choses qui me conviennent bien sur cette étape : les conditions météo légères donc plutôt faciles, je préfère ça à la grosse brise car je ne maîtrise pas complètement le Figaro Bénéteau 2, et physiquement, je ne suis plus si jeune que ça. Et puis, elle a été raccourcie, ce qui n’est pas un mal. Mais, ce ne sera pas non plus très évident, car on longera les côtes, on dormira peu. Cela m’obligera à avoir de l’attention, ça me plaît bien. Je ne me sens pas fatigué, nous sommes de toutes façons tous logés à la même enseigne. »

Henry Bomby (Rockfish – Red)

« Il n’y pas de vent au sud de l’Irlande, donc le parcours a changé. On va sortir de la baie de Concarneau sous spi avec du nord-est, c’est cool, j’ai la vitesse à cette allure. Après, ce sera du près pour remonter avec peu de vent, un maximum de 12 nœuds ; il y aura beaucoup de courant, ce sera très différent des deux premières étapes. Le seule chose, c’est qu’il y aura une dorsale dans la manche pour rejoindre Wolf Rock et on ne sait pas bien comment elle va se déplacer et à quelle vitesse. On en saura plus demain matin. Je suis super motivé d’arriver chez moi, j’habite à 15 mn de Torquay, j’ai appris à naviguer là-bas, et mon sponsor a des restaurant sur le port. »

Charlie Dalin (Skipper Macif 2015)

« C’est vrai que je serais bien aller virer le Fastnet mais ça reste une étape typique de La Solitaire avec des sections courtes, du rase-cailloux. Ca va être assez engagé, très complet, intéressant.. Le petit passage de dorsale au milieu de la Manche sera pas facile à gérer. Ca nous rappellera le golfe de Gascogne en été ! Physiquement, je me sens bien, j’ai dormi tout de suite hier après l’arrivée, et j’ai refait deux siestes aujourd’hui. Les batteries sont carrément chargées et c’était l’enjeu d’une escale très courte »

Xavier Macaire (Skipper Herault)

« Faut être philosophe. On passe du large au côtier, c’est pas forcément ma tasse de thé, mais il n’ y a pas de raison que ça se passe mal non plus. Ca peut être très simple ou très compliqué avec des passages foireux. Rien n’est écrit à l’avance, il faut tout écrire soi-même.
C’est quand même un peu dommage de passer du tout au tout, au dernier moment. Du coup, j’essaie de ne pas trop anticiper les parcours, pour ne pas me bloquer dans des schémas parce que je sais que qu’il faut s’adapter, être réactif, on est là pour faire La Solitaire du Figaro »

Source

RivaCom

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