C’est le dernier jour de l’année et le moins que l’on puisse dire est que 2011 a voulu laisser un souvenir impérissable aux quatorze marins du Maxi Banque Populaire V en les confrontant à des conditions musclées. Ainsi Loïck Peyron et ses hommes viennent-ils de vivre une première nuit très chahutée dans l’hémisphère Nord et attendent désormais avec impatience que les éléments se calment. Avec désormais 1 500 milles d’avance sur le temps de référence et face à un final météorologique imposant de choisir entre prudence et performance, l’économie de la machine reste une priorité absolue.

Hier encore, les marins de la Banque de la Voile évoquaient des conditions exceptionnelles de navigation, une mer plate et une glisse propre à les propulser vers la nouvelle année. Changement de ton ce midi, avec pour la toute première fois depuis 39 jours, un silence radio depuis le trimaran géant. Depuis sa vigie espagnole, Marcel van Triest, indispensable routeur à terre du Maxi Banque Populaire V dressait, ce midi, le tableau rencontré depuis le passage à l’Equateur et la négociation de la frontière météorologique entre les deux hémisphères :  » L’équipage a connu des conditions relativement musclées. Ils ont eu jusqu’à 34 nœuds avec une mer très courte. Là, ça retombe un peu, mais ils ont toujours 27 nœuds. La nuit a été sportive et agitée. On est à 80% des polaires du bateau pour préserver le matériel. Ca va s’arranger petit à petit, le vent va tourner et la mer va s’organiser. Ca ne va pas devenir du portant mais plus du reaching. On va mettre plus de Nord dans la route à partir d’aujourd’hui. La ligne de séparation des deux alizés était vraiment petite. Il y a eu une bascule de vent de 100° mais sans pétole « .

Au Nord, le choix de la raison

Pas de pétole donc, ni de coup d’arrêt brutal dans la progression, mais un régime corsé d’un alizé à l’autre. Marcel van Triest confirmait toutefois à la mi-journée une tendance à la réorganisation des éléments dans un avenir proche. Mais Loïck Peyron et ses hommes ne sont pas sortis d’affaire pour autant, tant la remontée finale s’avère sujette à des choix cruciaux. Ainsi, deux grandes tendances s’offrent-elles aujourd’hui aux étraves de Banque Populaire V, une première qui privilégierait une route plus courte mais des conditions beaucoup plus difficiles pour le bateau, et une seconde visant à rallonger la route, à envisager une conclusion par le Nord, afin de garder un compromis plus raisonnable entre progression vers le but et sauvegarde du matériel. Promis à un beau succès à Brest d’ici à la fin de la semaine prochaine, il n’est cependant pas envisageable pour le Team Banque Populaire de tenter le diable pour quelques heures de mieux sur un record :  » La route ne sera pas vraiment directe sur Ouessant. On va faire le tour de l’anticyclone des Açores. Il n’y a pas le choix, il faut faire plus de route. On ne va pas aller jusqu’à Terre Neuve, c’est un peu exagéré, mais en revanche, on va atteindre la latitude de Bordeaux au niveau de la longitude du Groenland. Il faut vraiment qu’on monte au Nord pour avoir du vent. Le plus sûr pour le bateau est de tailler plein Nord et après de faire une route qui ressemble plus à une transat. On risque d’arriver par le Nord sur Ouessant « .

Encore quelques heures et l’équipage du Maxi Banque Populaire V entrera dans une nouvelle année. Mais le plus fort pour chacun de ces quatorze hommes sera certainement l’assurance de voir les retrouvailles avec leurs proches et le dénouement d’une si belle histoire se profiler à grands pas. Selon les derniers routages, le maxi-trimaran serait attendu sur la ligne d’arrivée entre Ouessant et le Cap Lizard, entre jeudi soir et vendredi matin ; Loïck Peyron et ses équipiers s’apprêtent à soigner leurs premiers milles estampillés 2012.

Le record en chiffres

Temps de référence du Trophée Jules Verne

Groupama 3 (Franck Cammas) – 48 jours 7 heures 44 minutes 52 secondes

Record à battre

Pour devenir nouveau détenteur du record, le Maxi Banque Populaire V devra être de retour au plus tard lundi 9 janvier 2012 à 17 heures 15 minutes et 34 secondes (heure de Paris).

Avance/Retard à 16h00

1525,1 milles d’avance par rapport au temps de référence

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