Spirit of Hungary en approche du cap Horn

© Spirit of Hungary

Le changement de saison se fait sentir du côté des latitudes extrêmes de l’hémisphère sud. Sous les latitudes australes, le passage à l’automne est rythmé par l’arrivée de systèmes dépressionnaires successifs, qui rappelle qu’il ne faut pas traîner plus longtemps dans ces contrées maritimes sauvages. Après le premier avertissement signalé en début de semaine dernière au duo de Renault Captur, cueilli par des conditions dantesques peu après avoir doublé le cap Horn, le ton est donné pour les équipages de la Barcelona World Race. Il n’y a plus de temps à perdre pour rallier la pointe de la Terre de Feu et faire ses adieux au Grand Sud…

A cadence australe…

La dernière ligne droite est engagée en direction de la sortie du Pacifique Sud pour Spirit of Hungary, 7è bateau de la course. A 450 milles du cap Horn ce samedi après-midi, Nandor Fa et Conrad Colman ne doivent pas – cette fois encore – ménager leur peine po ur passer à leur tour le rocher noir et fermer la marche de la flotte sur ces eaux tourmentées. Ils doivent de nouveau faire le dos rond tout en continuant de maintenir un rythme élevé face à l’arrivée d’une nouvelle dépression australe qui les poursuit. Si ce système dépressionnaire n’affiche pas la même virulence que celui essuyé par Jörg Riechers et Sébastien Audigane il y a quelques jours, il n’en menace pas moins de leur apporter des vents d’ouest de 45 nœuds au plus fort du coup de vent. Ce qui n’est jamais une partie de plaisir surtout au terme d’une traversée du Pacifique éreintante à bord d’un bateau éprouvé.

D’après les dernières estimations, les deux co-skippers sont attendus entre demain soir à partir de 22h et lundi, aux premières lueurs du jour sous nos latitudes, au large de ce caillou légendaire. Un cap Horn en guise de délivrance pour le doyen et le benjamin de la course que 30 ans séparent, qui n’ont plus à faire preuve de combativité après tout le chemin parcouru et les épreuves surmontées pour accrocher une nouvelle traversée des mers du sud à leur palmarès ; la quatrième pour le skipper hongrois, la deuxième pour le jeune navigateur américano-kiwi, breton d’adoption.

La « Med » dans une semaine ?

Du côté des protagonistes de l’Atlantique, ce 73è jour de course est marqué par le retour imminent de Neutrogena dans l’hémisphère Nord. Guillermo Altadill et José Muñoz, qui ont pris un peu leurs distances avec leurs poursuivants sur GAES Centros Auditivos, sont attendus dans la soirée (vers 23h, HF) sur la latitude zéro.

En tête, si Cheminées Poujoulat a vu son avance fondre de plusieurs centaines de milles ces derniers jours, tous ses indicateurs n’en restent pas moins bloqués au vert. Ce matin, Bernard Stamm et Jean Le Cam ont doublé la latitude de Sao Vicente, cette île de l’archipe l du Cap Vert. Toujours propulsés par des alizés d’est nord-est soufflant entre 14 et 18 nœuds, ils continuent leur longue remontée au près en direction du détroit de Gibraltar. Ils y sont attendus samedi prochain pour pointer l’étrave dans les eaux de Méditerranée, qui mènent jusqu’à Barcelone et l’arrivée…

Classement 14h TU :

  1. Cheminées Poujoulat (B Stamm – J Le Cam) à 3 267 milles de l’arrivée
  2. Neutrogena (G Altadill – J Muñoz) à 871 milles
  3. GAES Centros Auditivos (A Corbella – G Marin) à 1 128 milles
  4. We Are Water (B Garcia – W Garcia) à 2 543 milles
  5. One Planet One Ocean & Pharmaton (A Gelabert – D Costa) à 2 596 milles
  6. Renault Captur (J Riechers – S Audigane) à 4 688 milles
  7. Spirit of Hungary (N Fa – C Colman) à 5 116 milles

Ils ont dit :

Conrad Colman (Spirit of Hungary) :

Les vents forts et les grosses dépressions n’ont rien de nouveau pour nous. Depuis la mi Pacifique, le tarif standard est de 35-40 nœuds, des rafales à 50, sur une grosse mer. Cet océan est vraiment mal nommé, il n’y a rien de pacifique en lui.
C’est sympa de se rapprocher du Horn, ensuite nous tournons à gauche et commençons à rentrer en direction de l’Europe et de la maison. Mais, paradoxalement, c’est un peu triste aussi, j’adore vraiment être ici à ces latitudes. J’aime jouer avec les albatros et les grosses vagues. C’est quelque chose de très spécial d’être si loin de toute terre et de l’humanité, tout en ne comptant que sur nous-mêmes. C’est une expérience qui va me manquer.
Actuellement, nous naviguons un peu sur la corde raide, en dépit de nos efforts le bateau ne marche pas à 100%. Nous ne pouvons pas être sur la brèche dans ces conditions, mais nous ne pouvons pas ralentir non plus, parce qu’une nouvelle grosse dépression se forme derrière nous, et devrait nous rapporter une nouvelle session à 50 nœuds.

Nandor Fa (Spirit of Hungary) :

Nous nous battons en ce moment. Le vent est plus fort qu’annoncé par les prévisions. Nous menons le ba teau aussi prudemment que possible. Mais il est impossible de ralentir. Nous nous rapprochons du cap Horn mais les prévisions ne sont pas très bonnes. Nous devons rester sur la brèche, parce qu’une autre dépression nous rattrape, elle est même encore plus forte que celle-là. C’est pourquoi nous essayons d’être les plus rapides possibles. Actuellement, je n’ai pas d’idée de ce qui va se passer au Horn. Nous essayons juste d’y arriver en toute sécurité, et on verra bien ce qu’il en est quand nous y serons. Mais, quand nous l’aurons doublé, nous le célèbrerons d’une manière ou d’une autre.

Source

Barcelona World Race

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