Duel aux Cinquantièmes

© Gilles Martin-Raget

Incroyable, mais pourtant vrai. Ce samedi matin, alors qu’ils croisent dans les Cinquantièmes, au beau milieu du Pacifique Sud, moins de 10 milles séparent ces duettistes qui naviguent en zone de bordure d’exclusion des glaces comme s’ils régataient le long des côtes. Au contact et à vue, ou presque, au cœur du Grand Sud ! Cette promiscuité sur les espaces liquides et désertiques peut paraître surréaliste. Dans ce contexte hostile, loin de toute terre habitée, elle donne toute la mesure de l’intense bataille entre ces deux équipages, sommés de veiller, avant toute chose, à ce qu’aucun problème technique ne vienne enrayer leur belle mécanique

We are Water, nouveau 4è

L’avarie de safran dont est victime l’équipage de Renault Captur provoque déjà quelques chamboulements dans le classement. Au 52è jour de course, les frères Garcia de We are Water se sont hissés en 4è position aux dépens du duo germano-français contraint de se dérouter vers Wellington pour réparer son appendice endommagé. Obligé de ronger son frein dans des vents contraires pour rallier la capitale néo-zélandaise, Sébastien Audigane se tarde aujourd’hui de mettre le pied à terre pour entamer, avec le soutien d’une équipe locale, les travaux dès son arrivée estimée dans la soirée. L’objectif affiché est de repartir au plus vite – et « au taquet ! » – en chasse des autres bateaux de la flotte. Lundi si tout va bien pour lui et son complice Jörg Riechers, qui envisagent une escale de 48 heures environ. One Planet, One Ocean & Pharmaton, pointé cet après-midi 420 milles derrière We are Water, aura déjà sans doute pris l’avantage sur la route qui ceinture l’Antarctique.

Bientôt les 1 000 milles…

A bord de Spirit of Hungary, ce samedi, qui avait pourtant si bien commencé dans des surfs toniques et endiabl és, a pris soudain une nouvelle tournure. Ce matin, alors qu’ils progressaient dans 40 nœuds bien établis, Nandor Fa et Conrad Colman se sont de nouveau battus avec le chariot de têtière de grand-voile. Le jeune skipper a dû récidiver au chapitre des acrobaties verticales. Mais cette fois, s’il est parvenu à dégager la voile qu’ils ne pouvaient plus descendre ou hisser, le système d’accroche est resté coincé, alors que les conditions tempétueuses au passage d’un virulent front froid se dégradaient. Dans l’attente d’une amélioration, le duo envisage ce soir la nécessité de faire escale en Nouvelle-Zélande pour réparer cette pièce vitale. Réponse demain quand il aura à son tour fait son entrée dans le Pacifique Sud. Des eaux tourmentées qu’aura bientôt fini de traverser Cheminées Poujoulat, en passe, lui, de franchir la barre des 1 000 derniers milles à parcourir pour rallier la porte de sortie, au cap Horn.

Classement 14h TU

  1. Cheminées Poujoulat (B Stamm – J Le Cam) à 8 101 milles de l’arrivée
  2. Neutrogena (G Altadill – J Muñoz) à 1 213 milles
  3. GAES Centros Auditivos (A Corbella – G Marin) à 1 222 milles
  4. Renault Captur (J Riechers – S Audigane) à 2 935 milles
  5. We Are Water (B Garcia – W Garcia) à 3 229 milles
  6. One Planet One Ocean & Pharmaton (A Gelabert – D Costa) à 3 336 milles
  7. Spirit of Hungary (N Fa – C Colman) à 4 123 milles

Ils ont dit :

Anna Corbella (GAES Centros Auditivos) :

« Je préfère doubler un bateau, plutôt que d’essayer d’éviter de me faire doubler. Je trouve ça plus facile. Je préfère être deuxième en chasse du premier ! On est content de notre vitesse et de notre performance. Chaque jour, on se rapproche de Neutrogena. Je pense que le bateau de devant sera celui qui aura le moins de problèmes. C’est difficile de gagner en vitesse pure ici, alors que l’objectif est de faire attention de ne pas casser pour sortir de l’océan Pacifique en bonne forme et vraiment commencer à batailler en Atlantique. Nous n’avons pas de problème majeur, mais des petites choses que nous surveillons de près.
On se sent un peu isolé. On manque un peu d’informations, comparées à toutes celles dont on dispose à la maison. On le ressent. On a besoin de savoir les choses. On a l’impression d’être dans un autre monde. On demande à nos familles et à nos amis de nous envoyer des nouvelles sur ce qui se passe dans le monde. »

Aleix Gelabert (One Planet One Ocean & Pharmaton) :

« Nous sommes très contents, cette semaine nous avons fait beaucoup de milles et nous sommes revenus sur We are Water. Nous avons eu de très bonnes conditions pour cela. Nous avons au des vents forts, mais pas trop, et dans ces conditions, on peut pousser le bateau sans forcer. Pour les prochains jours, les prévisions nous donnent plus ou moins 15-20 nœuds. On s’efforce juste de rester concentré pour faire le plus de milles possibles en direction du cap Horn. Le bateau est en parfait état. On n’a aucun problème.
Nous avons fait la moitié de parcours. Cela m’a semblé assez rapide, et je m’attends à ce que les 50 prochains jours passent encore plus vite ; chaque mille nous rapproche de la maison. »

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Barcelona World Race

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