Sprint rugissant

© Manuel Medir

Le milieu du Pacifique sera atteint ce soir pour Cheminées Poujoulat qui pénétrera à la longitude 130°W dans les eaux chiliennes. Loin des surfs pacifiques ces dernières heures, Bernard Stamm et Jean Le Cam ont progressé difficilement par sauts de vagues et dans des vents très instables, avant de reprendre une allure plus régulière. Moins de six jours désormais les séparent du cap Horn, où leur avance sur leurs poursuivants atteindrait trois jours et demi. Désormais seuls à chasser le leader, Neutrogena et GAES Centros Auditivos se livrent à un grand concours de vitesse en bordure de la zone d’exclusion.

Entre la frontière des glaces et le train des dépressions, les duos Guillermo Altadill/José Muñoz et Anna Corbella/Gerard Marin vont pouvoir se jauger à l’aune de leur vitesse. Avec un flux de sud-ouest de 25 nœuds qui va forcir à 30 nœuds, les deux pugilistes du Pacifique se livrent à un véritable sprint dont la lign e d’arrivée serait encore bien loin. Pour l’heure, Neutrogena prendrait l’avantage (6 milles gagnés depuis hier) mais il a trouvé à qui parler avec GAES Centros Auditivosqui, depuis le départ, a démontré qu’il pouvait tenir de belles cadences.

Plus de 11 jours d’écart

Ce combat à la poursuite de Cheminées Poujoulat, ils le livrent désormais sans Renault Captur qui a décidé ce matin de se dérouter vers la Nouvelle-Zélande pour réparer son safran tribord ainsi qu’un problème de quille. We are Water, cinquième bateau à entrer la nuit dernière dans l’océan Pacifique, pourrait en profiter. Un peu moins de deux jours séparaient les deux bateaux au cap Leeuwin et Jörg Riechers et Sébastien Audigane estiment à trois jours leur remontée vers leur point de chute, pour un arrêt minimum de 24 heures.

Derrière, One Planet One Ocean & Pharmaton affiche les plus belles moyennes, 16 nœuds, et devrait faire à son tour son entrée dans le Pacifique, demain après-midi. Fermant la procession des concurrents, Spirit of Hungary a doublé la nuit dernière le cap Leeuwin, onze jours et sept heures après Cheminées Poujoulat.

Classement à 14h00 TU :

  1. Cheminées Poujoulat (B Stamm – J Le Cam) à 9245,2 milles de l’arrivée
  2. Neutrogena (G Altadill – J Muñoz) à 1060,8 milles
  3. GAES Centros Auditivos (A Corbella – G Marin) à 1136,4 milles
  4. Renault Captur (J Riechers – S Audigane) à 1608,1 milles
  5. We Are Water (B Garcia – W Garcia) à 2703,2 milles
  6. One Planet One Ocean & Pharmaton (A Gelabert – D Costa) à 3233,5 milles
  7. Spirit of Hungary (N Fa – C Colman) à 3984,3 milles

Ils ont dit :

Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) :

C’est le début de la nuit, et on est un peu malmené depuis un jour et demi. Il y a beaucoup de vent et beaucoup de mer, c’est impossible de faire de la vitesse, parce que l’on butte contre les vagues. Aujourd’hui, la mer était toujours grosse mais on est tombé dans une molle au milieu de la dépression et c’est ce qui explique notre ralentissement. Au niveau météo, ce tour du monde est assez venté depuis le départ et le Pacifique, il est assez gratiné. Nous sommes conscients d’être loin de tout ! Maintenant, on essaie juste de composer avec les conditions que l’on a et comme nous sommes en plein milieu du Pacifique, elles ne sont pas faciles. Nous sommes concentrés sur la marche du bateau, car le vent est très, très instable, il est passé aujourd’hui de 15 à 35 nœuds, et d’un coup. Ce n’est vraiment pas facile à toiler. Cela nous occupe beaucoup .

Willy Garcia (We are Water) :

On vient d’entrer dans l’océan Pacifique. On a connu des jours avec des vents forts dans l’océan Indien, aussi des moments de calme. Ça nous a permis de ranger le bateau, de bricoler un peu et de se reposer. Cela fait 49 jours que nous naviguons et voilà, 45 jours que nous ne voyons plus la terre, et cela ne va pas changer. Aujourd’hui, les communications à bord sont très importantes, pas seulement pour la performance du bateau, mais pour nous, pour nos relations avec les familles, les amis, pour le partage de nos expériences à bord. Ça nous aide beaucoup. Avant, quand les communications étaient limitées, ce devait être beaucoup plus dur de réaliser ce type de parcours. Je ne peux l’imaginer.

Guillermo Altadill (Neutrogena) par message :

Depuis que nous avons quitté la Nouvelle-Zélande pour un arrêt technique, la vie à bord ne fut pas si simple. Tout d’abord, nous avons trouvé un anticyclone pour nous barrer la route rapide vers le sud. Puis, progressant entre les îles Auckland et Campbell, le nombre d’algues a augmenté, des algues très larges, indestructibles et le bateau est devenu ingérable, en plus d’être lent. Nous avons découvert une énorme algue sur la quille. La seule solution était d’enfiler la combinaison de plongée et de la couper. La mer n’était ni turquoise ni chaude. (…) Nous avons dû retirer d’autres algues par tous les moyens possibles. Je me souviens toujours de ces pionniers des océans qui ont défriché le chemin pour les générations futures de coureurs des mers. L’équipage de Licor 43 a été un exemple pour ceux qui ont plus tard débuté dans cet univers. (…) Ils étaient mes héros quand je ne savais pas ce qu’était la navigation. Tomas Gallart, un grand ami, m’a dit une fois : « Quand tout va mal, tout, et que rien ne marche, c’est a lors que j’aime le plus naviguer. » Et donc, quand les choses vont mal, je pense à eux et à tout ce qu’ils ont fait.

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Barcelona World Race

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