Regards français sur l’étape

© Francisco Vignale/MAPFRE/Volvo Ocean Race

Jean-Luc Nelias et Laurent Pages, deux français embarqués livrent leur analyse sur cette quatrième étape. Promis, il y aura du vent et promis, le passage des Philippines sera crucial.

Jean-Luc Nelias (MAPFRE) :

Sur cette leg 4, on attend de faire un meilleur résultat que sur les précédentes. On aimerait bien monter sur le podium et éventuellement gagner l’étape à Auckland. Ça va être une étape plus ouverte, plus océanique que la dernière étape où l’on devait naviguer le long de la côte et dans des endroits un peu spéciaux. Là, c’est le Pacifique Nord à travers les îles Marshall, Caroline, Samoa, … Il y a beaucoup d’îles à surveiller, beaucoup de haut fonds mais une météo plus ouverte et assez clémente pour la première partie car ce sont quand même les alizés du Pacifique Nord. Ça c’était bien passé la dernière fois, on fera si c’est aussi facile ce coup ci. Ensuite, on change d’hémisphère et on revient vers des conditions plus tempérées, plus proches de ce qu’on peut avoir en France ou en Bretagne, en arrivant sur la Nouvelle Zélande.
Est-ce qu’on a la pression à bord pour faire de meilleurs résultats ? Individuellement oui, chacun aimerait faire autre chose que quatrième. On a fait une manche de 7 sur la première étape, on ne pouvait pas faire pire. Après on a fait deux manches de 4 donc on aimerait bien progresser. Mais est-ce qu’il y a de la pression ? Non, pas encore. On n’est pas dans la position du leader avec des gars juste derrière. On est plutôt dans la position du bateau qui essaie de grimper au classement général. On a la pression que l’on se met nous même.
Le vent, ici à Sanya pour la prochaine In-Port c’est souvent de l’alizé donc du vent d’Est – Nord Est. Un mélange d’alizé et de mousson. C’est aux alentours de 16 à 20 nœuds de vent. Ça devrait donner du spectacle.

Laurent Pages (Team Brunel) :

Ce parcours est le même que sur l’édition précédente. Certains le connaissent donc bien. Il devrait y avoir peu de surprises au niveau des grands systèmes météo. On va partir au près vers Les Philippines. A priori, on aura autour d’une vingtaine de nœuds de vent. Mais on a aussi déjà vu beaucoup plus fort. Il y a deux éditions, les bateaux ont eu jusqu’à 60 nœuds de vent et 12 mètres de creux ! Nous aurons donc 5 à 6 jours de près pour débuter. Ensuite, dans le nord des Philippines, il faudra faire du nord est, de l’est ou du sud est en fonction du vent que l’on aura. Ce sera un moment clé de l’étape où il faudra quoi qu’il arrive investir dans l’est pour se positionner pour la suite. On récoltera les fruits de ce positionnement une semaine seulement après. On continuera à progresser avec du vent de face, au reaching serré ou un peu plus ouvert. Ensuite, sur la route, nous aurons à gérer une zone de convergence inter tropicale. Il est plus ou moins étendu entre 5 et 10 sud. Ce sera un passage comme une lettre à la poste … ou pas. Je suis incapable de savoir ce qui nous attend et je ne suis pas le seul j’imagine ! Ce sera la surprise du chef. Si nous avons fait un investissement judicieux au nord des Philippines, on pourra ajuster le tir. Mais il faudra aussi un peu de réussite. Ensuite, on laissera les îles Salomon sur notre droite. C’est différent de la dernière fois puisqu’on pouvait passer au milieu. Mais il y aura de toute façon des passages dans différents archipels, atolls. Beaucoup d’îles au vent, sous le vent. De l’eau, pas d’eau. De l’influence thermique, du dévent, des courants. Il faudra être vigilant. L’histoire récente nous l’a rappelé. Les accidents les plus tragiques et aussi les plus historiques comme s’échouer sur un récif peuvent toujours arriver. Cela va demander beaucoup d’attention au navigateur et aussi de la coordination avec l’équipage sur le pont. Ce n’est pas une étape de tout repos. Elle est plus piégeuse qu’il n’y parait. L’atterrissage sur la Nouvelle Zélande pourra aussi être difficile. Les conditions peuvent être déjà dures, nous sommes à la fin de l’été. Nous savons que nous allons faire du près, on ne sera pas arrêté comme la dernière fois. Disons que l’on renoue avec des étapes plus conventionnelles, moins aléatoires. J’en parle d’autant plus facilement que lors des deux dernières étapes, il y en a une que l’on gagne et l’autre que l’on rate. Nous avons fait un bon debriefing après la dernière étape. Nous avons eu une lecture très objective de ce que l’on a mal fait et de ce que l’on peut faire pour éviter que cela se reproduise. Ils font que l’on se tienne à certaines règles de manière plus rigoureuse. Notre groupe a suffisamment de qualités et de points forts. On n’a pas besoin d’être magiques, il suffit juste d’être sérieux. Nous pouvons raisonnablement faire dans les trois. Ce serait un bon résultat. Mais évidemment, on ne laissera pas passer l’opportunité de remporter cette étape. Lors de la dernière édition, la victoire à Auckland a marqué les esprits de l’ensemble du team Groupama. C’était la première victoire et ce n’était pas une victoire comme les autres. S’imposer en Nouvelle Zélande, c’était écrire une très belle page de l’histoire de cette superbe équipe. J’espère qu’il y aura un Français pour revivre cela cette fois-ci. Pas besoin qu’être plusieurs, juste un, ça suffit (rires). 

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