Belles cadences, grandes espérances

Gilles Martin-Raget

Chose promise, choses due. Après avoir plongé au sud pour contourner Sainte-Hélène, les leaders de la Barcelona Word Race ont touché des vents de nord-ouest sur une mer relativement plate, à l’avant d’un front froid. Des conditions idéales pour illico presto passer la vitesse supérieure. En tête, Cheminées Poujoulat, qui a pris un petit avantage sur Neutrogena, ouvre la route vers le cap Bonne Espérance, où il est attendu d’ici les six-sept prochains jours.

A l’attaque dans les Trentièmes… fumants ! Ce dimanche matin, Bernard Stamm et Jean Le Cam font parler l’écume ; et ça fume à l’étrave de leur monocoque IMOCA. Les vitesses du bateau jaune et noir, de l’ordre du 18-19 nœuds au petit jour, le confirment. Le couple franco-suisse ne boude pas son plaisir de titiller à nouveau son speedo. Si cet après-midi, il a un peu freiné l’allure, il a la garantie de continuer à progresser à belle s enjambées jusqu’à demain soir. Et de poursuivre, sur un tempo soutenu, en direction des Quarantièmes tout au long de la semaine prochaine.

La belle à deux

Ce dimanche, on devine que le Sud et l’appel des latitudes plus lointaines commencent à se faire sentir. En tête, une nouvelle course débute en approche des mers australes dans des conditions qui permettent de créer de premiers écarts. Toujours bien installé en 3è position, GAES Centros Auditivos, le premier, voit les duettistes d’hier s’échapper. Anna Corbella et Gerard Marin, décalés au nord, n’ont pas touché la primeur du flux de vents propice à la glisse. Ce soir, bien qu’ils progressent dans le même système météo, ils concèdent plus de 135 milles.

Plus en arrière, les autres équipages ne peuvent que constater que le leaders ont bel et bien accroché une brise musclée (NO 20-25 noeuds sur les fichiers) qui leur permet de se faire la belle. A bord de R enault Captur, Jörg Riechers souligne que les duos de l’avant risquent à présent d’être bien difficiles à rattraper. Mais chaque jour suffit sa peine. S’il se prépare à ronger son frein au passage de la zone anticyclonique qui jalonne sa trajectoire non loin de la route directe, le skipper allemand se réjouit, aujourd’hui, d’avoir résolu sa sérieuse avarie au niveau du rail de grand-voile. Ce dimanche, avec son complice Sébastien Audigane, il se félicite de mener un bateau de nouveau paré à affronter des vents et une mer plus extrêmes.

Au rythme des alizés

Plus en arrière, alors qu’ils progressent toujours dans des conditions de rêve au large des côtes brésiliennes, les duos de We are Water et One Planet, One Ocean & Pharmaton se préparent également à faire leur entrée dans des contrées plus hostiles. L’heure de faire le grand saut dans l’inconnu à la découverte du Pays de l’Ombre se rapproch e à grands pas en périphérie de Sainte-Hélène. La nuit, les températures commencent déjà à fraîchir. Pour Spirit of Hungary, qui progresse à l’entame de l’Atlantique Sud, la route est encore longue. Aux premières loges pour mesurer les écarts qui les séparent des leaders, le doyen et le benjamin de la flotte n’en apprécient pas moins de commencer à dévaler les latitudes dans un alizé bien établi. C’est parti pour la conquête du Sud ! Un défi océanique, qui s’est malheureusement trop vite dérobé sous l’étrave d’Hugo Boss, qui a rejoint Salvador de Bahia. Ce matin, Alex Thomson et Pepe Ribes sont arrivés à bon port, le mât et le cœur toujours en berne.

Classement à 14h00 TU

  1. Cheminées Poujoulat (B Stamm – J Le Cam) à 2053 milles
  2. Neutrogena (G Altadill – J Muñoz) à 28 milles
  3. GAES Centros Auditivos (A Corbella – G Marin à 137 milles
  4. Renault Captur (J Riechers – S Audigane) à 261 milles
  5. We Are Water (B Garcia – W Garcia) à 534 milles
  6. One Planet One Ocean & Pharmaton (A Gelabert – D Costa) à 650 milles
  7. Spirit of Hungary (N Fa – C Colman) à 980 milles
  8. Hugo Boss (A Thomson – P Ribes) abandon

Ils ont dit

Jörg Riechers (Renault Captur) :

Nous progressons au près débridé dans des alizés de sud-est de 15 nœuds. C’est plutôt bien, mais la bonne nouvelle et le plus important pour nous, c’est que nous avons réparé notre rail de grand-voile. Nous sommes de nouveau en mesure de pousser le bateau à 100% et de continuer la course dans de bonnes conditions. Demain, nous allons rencontrer des vents plus légers au passage d’une zone de transition. On aurait préféré être plus à l’ouest pour bénéficier des conditions au large du cap Frio. Mais notre position actuelle est due à notre passage à l’est dans le Pot au noir et l’équateur, et il n’y a rien qu’on puisse faire pour le moment. Tout ce qu’on peut faire, c’est d’aller le plus vite possible, et de prier pour que la dorsale anticyclonique ne soit pas très étendue. Après ce passage délicat, on sera sorti d’affaires et on pourra rejoindre le même système météo que les leaders.

Aleix Gelabert (One Planet One Ocean & Pharmaton) :

Nous avons environ 15 nœuds au reaching. Les conditions sont vraiment bonnes. La nuit dernière, nous avons eu des températures un peu plus fraîches, elles vont commencer à baisser, et cela va devenir un peu moins confortable. Nous sommes dans des endroits où nous n’avons encore jamais navigué et c’est un peu l’inconnu. Mais nous nous avons fait beaucoup d’heures d’entraînement avant de descendre jusqu’ici, nous savons ce qui nous attend et nous sommes préparés à naviguer dans ces conditions.

Source

Barcelona World Race

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