Christian Le Pape : les figaristes ont cette capacité à se faire mal

© Yann Riou/Dongfeng Race Team/Volvo Ocean Race

La France est la nation la plus représentée sur cette édition de la Volvo Ocean Race. Il n’y a pas de bateau tricolore mais ils sont neuf « frenchies » sur cette troisième étape répartis sur les différents monocoques et Dongfeng Race Team, actuellement en tête en compte cinq à son bord.

Ils sont pour la plupart attachés au pôle France Finistère Course au Large, dirigé par Christian Le Pape. Le Directeur du centre d’entraînement révèle qu’un projet Volvo français, destiné aux jeunes de moins de 30 ans, est à l’étude. Interview.

Comment suivez-vous la Volvo Ocean Race au pôle ?

Nous suivons la course comme tout le monde, c’est-à-dire sur le site internet et nous avons aussi quelques petits mails en provenance des bateaux. Ils donnent des nouvelles du bord mais ils veulent surtout avoir les ragots !

Etes-vous surpris de voir des Français aussi bien placés ?

C’est un peu compliqué car on connait le niveau des Français mais pas celui des autres équipages. On se dit que ce niveau que l’on pensait comme inaccessible ne l’est pas. On pensait que les étrangers étaient des stars, en tous cas payés comme tel, et ils ne sont pas extraordinairement meilleurs que nous. La victoire de Franck (Cammas, ndlr) nous avait déjà enlevé quelques complexes mais on se disait aussi qu’il avait fait les bons choix architecturaux sur son bateau. Avec le passage en monotype, on s’aperçoit que les Français sont au meilleur niveau. Ils tiennent leur rôle, c’est une fierté. Parmi les skippers engagés, on compte tout de même deux membres du pôle, Charles Caudrelier et Sam Davies, ainsi qu’un navigateur, Jean-Luc Nélias. Ce sont des postes clés.
Avec Charles Caudrelier, on découvre un leader. Il a toujours navigué en solo ou alors sur un poste de second. Cette Volvo est une révélation. Le fait que Sam Davies soit devenue skipper est moins surprenant car elle a une stabilité émotionnelle qui garantit un leadership harmonieux.

Les figaristes ont cette capacité à se faire mal, de jour comme de nuit

Envisagez-vous de donner une orientation « équipage » au centre d’entraînement ?

Oui, nous envisageons un projet Volvo pour les moins de 30 ans. Il s’agirait en fait d’inverser la règle actuelle qui veut qu’il y ait deux « moins de 30 ans » à bord et de composer une équipe jeune encadrée par deux « seniors ». Ce serait extraordinaire. La formation de base des solitaires que nous dispensons ici donne des atouts. On se rend compte que sur la Volvo, il faut pouvoir tout faire à bord et les marins du pôle savent aussi bien barrer que régler ou même donner un avis sur le cap à suivre. Cette polyvalence est recherchée et c’est d’ailleurs pour cette raison que les bateaux chinois et espagnols comptent autant de Français à leur bord. Si les Français sont aussi demandés, ils le doivent à leur travail, à ce qui se fait ici mais aussi en France d’une manière générale.
La monotypie a 20 ans en France et les figaristes ont cette capacité à se faire mal, de jour comme de nuit. Ils savent qu’il ne faut pas mollir quand il fait noir ou froid car c’est à ces moments-là qu’il est possible de faire une différence.

Ce « bateau jeune » aurait un rôle de formation ?

L’ORMA (multicoques océaniques) ainsi que le Tour de France à la Voile au large en équipage ont disparu (…). Il est capital de conserver le savoir faire acquis et un tour du monde est un bel objectif plutôt que d’orienter les jeunes vers des épreuves régionales moins intéressantes. Il faut prôner cette sortie par le haut. C’est à notre portée et ça a tout son sens. Tous les feux sont au vert, il n’y a que le volet financier qui ne l’est pas. On a l’humain, la structure fédérale et il ne manque que les moyens financiers. Avoir un bateau jeune sur la prochaine édition est un projet ambitieux mais pas présomptueux.

Si les Français sont aussi demandés, ils le doivent à leur travail, à ce qui se fait ici mais aussi en France d’une manière générale.

Les réussites françaises sur la Volvo vont-elles contribuer à internationaliser encore plus le pôle ?

Le pôle est déjà international. On s’enrichit de la culture des skippers étrangers mais ce n’est pas notre vocation. On est un pôle France et nous devons avant tout développer et enrichir le potentiel des marins français et c’est d’ailleurs comme ça que nous avons pénétré le monde anglo-saxon.

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