Réactions à chaud

© Mark Llyod

La nouvelle du démâtage d’Hugo Boss a suscité beaucoup d’émotions dans les rangs de la flotte de la Barcelona World Race. Tandis qu’Alex Thomson raconte, sur les ondes de la BBC, ce qui s’est passé sur le pont de son bateau, les autres skippers mesurent que personne n’est à l’abri d’un problème technique qui viendrait enrayer la belle mécanique d’une giration à travers tous les océans du globe.

Alex Thomson (Hugo Boss) :

On était à 350 milles dans l’est du Brésil, en plein Atlantique Sud. Tout allait magnifiquement. On avait battu les records Barcelone – Gibraltar et Barcelone – équateur. On menait la flotte d’environ 60 à 70 milles. On était juste en train de terminer un changement de voile, dans des conditions de vent médium. J’étais à l’étrave, près de l’étai en train de surveiller l’enrouleur de génois quand la pièce s’est rompue. J’ai vu la voile s’envoler dans les airs et le mât hésiter quelques secondes. Je savais malheureusement ce qui allait arriver : il est tombé dans l’eau.
Cela fait partie des choses qui arrivent, même si on espère toujours y échapper. On ne pouvait rien y faire. C’est une pièce métallique dans le tambour d’enrouleur qui n’aurait jamais dû céder.
On a mis le moteur et on navigue à 6 nœuds. Quel contraste quand on pense qu’on marchait encore à 20 nœuds quelques temps auparavant. On fait route sur Salvador de Bahia qu’on devrait atteindre d’ici trois jours. Quand on sera arrivé, je suppose qu’on mettra le bateau sur un cargo, pour le ramener à la maison et construire un nouveau mât.
C’est terrible pour Pepe, on est dégoûté pour lui. Le bon côté des choses, c’est que nous sommes en train de construire un nouveau bateau à Southampton qui devrait être mis à l’eau d’ici quatre ou cinq mois. Mais c’est la vie, c’est comme çà qu’on apprend. On va mobiliser toute l’équipe et continuer d’avancer afin de gagner le prochain Vendée Globe.

Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) :

Je viens de l’apprendre. Jean (Le Cam) ne le sait toujours pas puisqu’il dort en ce moment. On est d’abord désolé pour eux. Pour la course aussi, c’est dommage, elle perd son favori. Nous, on perd un solide concurrent, c’est toujours regrettable. De notre côté, on essaye déjà de naviguer prudemment sans ce genre de nouvelles là, mais cela confirme qu’il ne faut pas faire les fous.Sinon, on surveille forcément la progression de Neutrogena parce qu’on n’est pas très loin. On a aussi une bulle à contourner. Actuellement, les conditions sont assez similaires à celles que nous avons depuis deux jours. Le ciel est un peu plus nuageux avec quelques grains. Il fait toujours chaud, mais le vent est très, très instable. C’est d’ailleurs peut-être une explication au problème d’Hugo Boss. Cette nuit, on a eu de 6 à 24 nœuds de vent. Cela nous oblige à régler en permanence. Il y en a toujours un de nous deux dehors. Dans les prochaines 24-48 heures, il faut éviter la pétole, il faut éviter de se faire piéger par Sainte-Hélène. Il faut tourner autour. C’est comme dans un stade, il s’agit de se placer sur la piste intérieure.
Depuis le début de l’Atlantique Sud, on a notre petit train-train. On se relaie beaucoup la nuit, le jour on essaye d’être un peu plus ensemble, on discute. On n’a quasiment pas vu d’animaux, et quasiment pas de bateaux non plus. Notre quotidien, c’est la course !

Alex Gelabert (One Planet, One Ocean & Pharmaton) :

Cette nuit, on a reçu un message de la direction de course au sujet de cet incident à bord d’Hugo Boss. C’est très décevant parce qui on sait tous que cela peut arriver, personne ne veut que ça arrive, et bien sûr on souhaite que cela n’arrive à aucun bateau. C’est vraiment pas de chance, c’est dommage pour la course. Alex et Pepe naviguaient très bien, ils étaient en tête. C’est vraiment dommage de devoir abandonner sur un démâtage.

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Barcelona World Race

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