Mauvais temps

© Team Concise 2

Les temps sont durs en cette quatrième journée de course avec l’annonce ce midi de l’avarie de quille du Class40 Initiatives Alex Olivier. Ils seront bientôt mauvais pour toute la flotte avec l’arrivée d’une dépression pluvio-orageuse très creuse au nord des Açores. Les hostilités commencent dès ce soir…

Ce dimanche à 12h18 TU, à environ 450 milles dans l’ouest de La Corogne, le voilier de Tanguy de Lamotte et Eric Péron a perdu soudainement sa quille, Initiatives – Alex Olivier naviguait sous un ris et solent quand l’équipage a entendu un bruit sec et constaté que le bateau devenait subitement ingouvernable. Tanguy et Eric ont alors immédiatement affalé les voiles et gréé le tourmentin. Tout le matériel a été placé au centre du bateau, au point le plus bas, et le ballast au vent (750 litres) a été rempli pour stabiliser l’embarcation. Les deux marins font route actuellement à près de 7 nœuds vers le nord-est, poussés par le vent de sud qui règne sur zone. Tous les deux ont enfilé les gilets de sauvetage et placé les combinaisons de survie à portée de main. Mais Tanguy de Lamotte a bien précisé que l’équipage n’était pas en détresse et n’avait pas besoin d’assistance.

Trois dépressions en quatre jours

Depuis leur départ du Havre le mercredi 2 novembre, les tandems de la Transat Jacques Vabre sautent d’un front à l’autre. Ajoutez-y au milieu la traversée d’une dorsale et vous aurez une idée de l’intensité de cette course qui ne fait pourtant que commencer. Les manœuvres de changement de voile sont incessantes. « On est content d’être deux car en solitaire, ça aurait été inhumain » admet Yann Eliès. « On a les bras gros comme des camionneurs » reconnaît Jérémie Beyou. « Et dans tout ça, quand est-ce qu’on dort ? » se demande Kito de Pavant.
Pour le vrai bon repas chaud et le gros « sieston », il faudra remettre à plus tard. Car dès ce soir, les 26 bateaux en course vont affronter leur troisième dépression en l’espace de …4 jours. Une bien méchante, qui prodiguera ses vents forts, sa mer croisée et ses grains violents jusqu’à mardi prochain. Les marins s’y préparent. Ambiance « casque-visière et combinaison sèche » pour Bernard Stamm, « combi de survie et harnais » pour Jean-Pierre Dick. En quelques mots : il faudra faire le dos rond.
Si les hommes sont fatigués, le matériel souffre lui aussi. A la vacation du jour, tous les navigateurs ont reconnu avoir pas mal de petites bricoles à bord. Or, les marins n’ont accompli qu’un petit quart du parcours. Plus que jamais, il s doivent prendre soin de leur monture.

Du jeu en Imoca

Certains (Macif et Groupe Bel notamment) ont donc choisi de mettre un peu de sud dans leur route pour échapper au plus fort du mauvais temps. Pour cela, il a fallu enchaîner quelques virements de bord et accepter de perdre du terrain face aux leaders qui ont persisté dans l’ouest, tel Hugo Boss. Alex Thomson et Guillermo Altadill ont pris le commandement des hostilités ce matin au pointage de 11 heures devant Jean-Pierre Dick et Jérémie Beyou (Virbac-Paprec 3) qui filent sur la même trajectoire. Mais au nord des Açores, la flotte des Imoca s’étale désormais sur 178 milles. A noter qu’un des protagonistes de la classe a fait demi-tour aujourd’hui pour résoudre un problème technique (panne d’énergie) : DCNS. Marc Thiercelin et Luc Alphand, en liaison avec leur équipe technique, tentent de réparer en mer. Ils n’ont pas encore annoncé leurs intentions…

Actual plonge au sud, Partouche se démarque

Deux équipages ont pris une option radicale pour éviter le gros temps. Yves Le Blévec et Samuel Manuard (Multi50 Actual) ont plongé franchement dans le sud et sont actuellement en train de doubler l’archipel des Açores par l’Est. En Class40, Partouche a également pris la tangente : à 80 milles des côtes portugaises, Christophe Coatnoan et Etienne Laforgue glissent tranquillement sous spi et sous un grand soleil. Ils devront faire le tour de l’anticyclone qui leur barre actuellement la route ! Pendant ce temps, leurs concurrents, sortis ce matin des mailles de la dorsale, s’apprêtent à affronter la dépression. Aquarelle.com et Concise 2 occupent toujours le haut du tableau. Tandi s qu’ERDF Des Pieds et Des Mains qui a très bien joué pour éviter les vents faibles, est remonté en 3e position.

Ils ont dit :

Jérémie Beyou (Virbac-Paprec 3) : on a des bras de camionneurs

« C’était la guerre hier et toutes les nuits depuis le départ. La nuit prochaine s’annonce encore coriace. On a quelques bricoles à bord qui nous prennent un peu de temps. On essaye de dormir, on est sur un bon rythme, on s’est bien alimenté et on a commencé à manger chaud. Cette dépression est assez creuse et violente. Le gros de la mer passera un petit peu derrière nous. On a les bras gros comme des camionneurs, on est mince parce qu’on n’a pas mangé beaucoup. Ça tire beaucoup physiquement et on n’arrête pas de manœuvrer. On fait la gamme complète de la garde robe depuis 2 jours. Les grains sont violents, il faut man&oeli g;uvrer vite, il faut éviter d’être fainéant ».

Loïc Fequet (Maître Jacques) : « Les prochaines 24 heures vont être dures »

« On va dans l’ouest, on va chercher la troisième dépression, les deux premières se sont bien passées. On a déjà eu beaucoup de vent cette nuit. J’ai eu du mal à m’alimenter au début de la course, mais Loïc (Escoffier) a géré, donc ça s’est bien passé. On s’est fait beaucoup secouer depuis le départ, on a eu huit heures de répit hier. Ce matin, c’était un peu moins fort, mais les prochaines vingt-quatre heures vont être dures. On espère être un peu plus tranquille après ».

Christophe Coatnoan (Partouche) : « l’essentiel était de se mettre à l’abri »

« On est sous spi au soleil. A l’origine, l’est était une route de sécurité car il y a des coups de vent forts dans l’ouest et je ne voulais pas emmener le bateau dans ces conditions là. C’est possible que ce ne soit pas profitable pour la course mais l’essentiel était de se mettre à l’abri. On va essayer de se sortir de là dans de bonnes conditions. On espère que le vent va rentrer un peu pour pouvoir repartir sur une trajectoire plus conforme ».

Yann Elies (Safran) : « En solo, ça aurait été inhumain »

« Le vent a molli depuis le début de la nuit et on a relancé un peu de toile. On en profite pour faire du rangement, du nettoyage et ça fait du bien aussi de se laver. La course va se jouer sur la stratégie et moins sur la vitesse, sauf si au final, on a des conditions plus identiques. Là, au milieu de l’Atlantique le jeu est très ouvert et il y a beaucoup d’options. En revanche, on s’interdit d’aller dans plus de 40 nœuds de vent car on ne veut pas faire souffrir le bateau. Dans notre position actuelle, on est content que le jeu reste ouvert. En trois jours de course on a pass&eac ute; en revue toute la garde robe sauf les spis. C’est beaucoup de travail et la même course en solo aurait été inhumaine ».

Armel Le Cleac’h (Banque Populaire) : « trouver la bonne route ne sera pas simple »

« Tout va bien à bord, on fait route vers un nouveau front, on est en train de préparer tout ça. On bricole un petit peu, on fait un peu de rangement, on en profite pour prendre un peu de repos et s’alimenter avant la bataille et travailler sur la stratégie. Trouver la bonne route vers le Costa Rica ne sera pas simple. On va faire le dos rond cette nuit ! On est revenu dans le match après un départ difficile. On a eu un problème avec notre gennaker qui a glissé le long de son câble. On a réparé, on va pouvoir le réutiliser maintenant. »

Les positions des bateaux ce dimanche 6 novembre à 17h00:

IMOCA :

1 – Hugo Boss (Alex Thomson – Guillermo Altadill) : 3505,6 milles de l’arrivée
2 – Virbac Paprec 3 (Dick – Beyou) : 12,2 milles du leader
3 – Cheminées Poujoulat (Stamm – Cuzon) : 23,3 milles du leader

Multi50

1 – Actual ( Yves Le Blevec – Samuel Manuard) : 4112,4 milles de l’arrivée
2 – Maitre Jacques (Loïc Fequet – Loïc Escoffier) : 17,1 milles du leader

Class40

1 – Aquarelle.com (Yannick Bestaven-Eric Drouglazet) : 3813 milles de l’arrivée
2 – Concise2 (Ned Collier-Sam Goodchild) : 8,1 milles du leader
3 – ERDF Des Pieds et des Mains (Seguin – Richomme) : 84,1 milles du leader

Source

www.transat-jacques-vabre.com

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Informations diverses

Mis à l'eau le: 6 novembre 2011

Matossé sous: 2011, Course au Large, Transat Jacques Vabre

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