Interview de Charles Caudrelier

© Yann Riou/Dongfeng Race Team/Volvo Ocean Race

Interview de Charles Caudrelier, en tête de la flotte à bord de Dongfeng Race Team
Charles Caudrelier a pris le temps de nous accorder une longue interview. Ambiance feutrée dans un bateau qui progresse en tête de la flotte. Pas un bruit autour du skipper, tout le monde est très concentré à bord de Dongfeng. Et à écouter le Français, on comprend que le poids qui pèse sur les épaules du leader se fait de plus en plus lourd au vu de la météo compliquée annoncée après le passage de la pointe sud de l’Inde. Décryptage.

Au sujet de l’ambiance qui règne à bord du bateau chinois :

 L’ambiance est bonne. C’est un peu mou donc nous sommes calmes. Nous sommes très concentrés sur la vitesse. C’est un peu une course de vitesse depuis le départ. On regarde nos camarades. Vu de la terre, tout le monde peut paraitre un peu aligné. Mais il y a des petits décalages. Des décalages de 10-15 milles, cela peut faire de grosses différences par la suite. On se pose quand même des questions. Rien n’est encore fait. La route est très compliquée. On en saura plus dans trois ou quatre jours. Mais, on est content de notre position.

Concernant la stratégie pour les jours à venir :

Sur les routages, c’est un bord tout droit jusqu’au dévent de l’Inde, après il pourra y avoir des options. Malheureusement, il y aura de la réussite dans ce choix car tu peux décider d’éviter le dévent en rallongeant la route. Il y a probablement des gens qui vont oser. Ce qui va se passer en réel, c’est difficile de savoir. Dans ces dévents là, soit ça passe très bien, soit tu t’arrêtes et la course est finie. Ce n’est pas ce qu’on préfère. C’est un peu désagréable sur cette étape cette partie car il va y avoir une option à un moment. Et que tu navigues bien ou mal, c’est plutôt tu passes ou tu ne passes pas. C’est mieux d’être devant parce que tu peux prendre plus de sécurité. Mais forcément, derrière ils vont être plus agressifs. Ca va être une partie importante de la course. Où tu passes par rapport au dévent de l’Inde et notamment du Sri Lanka ? Et ça, personne n’a la réponse. Il faut juste bien choisir et prier.

Le match race avec Brunel :

On voit juste Team Brunel. Ils nous suivent, on les suit. Parfois, il faut faire attention de ne pas se focaliser sur lui et de faire sa route. On voit bien que lui est focalisé sur nous. Quand on a empanné, il a empanné. Mais faut se méfier de ça. On a 9 milles d’avance sur lui… Je le vois, je peux dire à quelle vitesse il va chaque minute. C’est intéressant car on est concentré sur la vitesse.

La météo du jour et à venir :

Le vent a beaucoup évolué dans la journée. Je ne serais pas étonné de voir des surprises au prochain pointage, des bateaux qui ont ré-empanné dans la journée. Ca nous inquiète. Si les gens restent là où ils sont ça va car on est bien mais … Derrière, ils voient peut être des choses différentes.
Ils sont en groupe, Il suffit qu’il y en ait un qui empanne et qui fasse du gain, les autres vont suivre. On essaye de jouer de façon intelligente, de ne pas s’enflammer, de faire le bon rapprochement car on sait que ça va évoluer. Un décalage de 10 à 15 milles dans l’ouest, ça peut être intéressant mais on ne sait pas trop.

On préfèrerait être plus loin devant et avoir un vent plus à droite mais on sait que ça va évoluer. La position devant est a priori plus favorable car le vent devrait rentrer par devant. Il y a des vents très faibles, une situation qui se complique de jour en jour après l’Inde. L’étape va être très longue. Et franchement, les écarts qui sont là aujourd’hui sont peu significatifs par rapport à ce qui nous attend. Il va se passer beaucoup de choses et ca va être dur de rester devant pendant 15 à 20 jours. Mais nous sommes dans une dynamique très positive. Tout va bien à bord. La nouvelle équipe s’est bien mise en place. On travaille bien. C’est sûr qu’on n’est pas la configuration idéale car on a changé trois personnes à bord. Mais ils s’adaptent bien. Le noyau solide est là. On a progressé, on va assez vite depuis le début. On rivalise avec Brunel. C’est intéressant mais il est accroché à nous et il ne nous lâche pas ! Ca nous occupe !

Source

Effets Mer

Liens

Informations diverses

Sous le vent

Au vent

Les vidéos associées : 2014-15