« La décision la plus difficile de ma vie », Chris Nicholson

On Saturday, November 29, Team Vestas Wind´s boat grounded on the Cargados Carajos Shoals, Mauritius, in the Indian Ocean.

© NCG Operations Room – MRCC Mauritius

Comment va l’équipage ?

Etonnamment bien. On vient juste de prendre un bon repas, ici sur l’île. Je viens juste de dire aux gars : combien de fois dans ta vie, dans ta carrière de sportif, peut-il t’arriver un accident pareil ? Nous sommes des naufragés.

Nous avons dîné et tout le monde s’est exprimé de manière très ouverte et très honnête sur ce qui vient de se passer et comment nous devions gérer cette situation. C’était comme un debrief complet. Un debrief comme nous n’en avons probablement jamais fait.

Peux-tu nous dire dans quel état est le bateau ?

Le bateau est très abîmé. Il a été tellement cogné que je n’en reviens pas qu’il soit encore en un seul morceau ! Je suis totalement stupéfait de ce qui vient de se passer.

Quelle est ta principale préoccupation maintenant ?

Le point essentiel est que mon équipage aille bien ainsi que tous ceux qui se sont inquiétés pour nous. Mes premiers appels après la collision avec le récif ont été pour m’assurer que nos familles soient bien informées de ce qui venait de se passer et prévenir que tout le monde allait bien.

Pendant l’accident, nous avons perdu tout le matériel électronique et la couverture satellite pour le téléphone. Donc je peux imaginer ce qui se passait dans la tête des familles. Ma première préoccupation a été de les tenir informés et puis bien sûr, maintenant, c’est de récupérer le bateau.

Avez-vous pu déjà récupérer des choses du bord ?

Oui absolument. L’équipage a passé du temps aujourd’hui pour récupérer certaines choses comme le diesel, l’huile, l’hydraulique du bateau. Et nous prévoyons de faire pareil demain. Les dégâts dans le bateau sont très importants.
Cela peut paraitre incroyable mais je ne peux pas, je n’ai pas les moyens d’envoyer les photos que nous avons. Ce n’est pas possible de là où nous sommes. C’est ce que je disais aux gars, nous sommes vraiment des naufragés.

Décris-nous l’île sur laquelle vous êtes.

Je regarde autour de moi et je vois la lagune. On peut voir les vagues se casser sur le récif. Des vagues et un récif que nous avons vu de bien trop près la nuit dernière. C’est une vision tellement différente de la nuit dernière. C’est un paysage absolument stupéfiant avec des colonies d’oiseaux partout. C’est inouï. Nous allons faire de notre mieux pour tout nettoyer.

Peux-tu revenir sur la nuit dernière et nous expliquer comment s’est prise la décision d’évacuer le bateau ?

Quand on parle de décision difficile que l’on doit prendre dans la vie, je pense que celle-ci était la plus dure pour moi. On a tapé le récif et on constaté immédiatement les énormes dégâts. La première préoccupation était de s’assurer que tout le monde pouvait bien s’accrocher à bord du bateau et gagner du temps jusqu’à ce que la situation s’améliore.

Mais en fait, la situation ne s‘est pas améliorée. Le bateau tapait contre les rochers et était battu par les vagues. Il continuait à s’abîmer. Je ne peux pas vous expliquer la simple difficulté de réussir à s’accrocher à bord à ce moment-là.
On n’avait pas vraiment le temps de penser à la manière d’évacuer si jamais nous devions en arriver là. Mais en tout cas, ce qui était clair, c’est que je ne voulais pas quitter le bateau dans le noir. Malheureusement, quand nous nous sommes échoués, il faisait nuit. Nous avons dû attendre 7 à 8 heures jusqu’au lever du jour. On a dû préparer, je ne sais pas, 15 ou 20 fois l’exercice pour évacuer. On l’a répété toute la nuit, toujours dans l’intention de ne pas avoir à le mettre en application. Et puis finalement, on a prévenu une heure et demi ou deux heures avant le lever du jour qu’on allait évacuer.

Qu’est ce qui s’est passé à ce moment-là pour toi ?

Eh bien, nous savions qu’il y avait de l’eau peu profonde de l’autre côté du récif, du côté lagon. Le problème est qu’une bonne partie de la nuit, nous étions du côté des eaux profondes car la quille était bloquée dans les rochers. Le bateau était alors malmené par les vagues qui venaient s’éclater contre nous. Nous devions nous accrocher fortement. C’était impossible de descendre du bateau, nous n’étions pas en sécurité.

Après, environ deux heures avant le lever du jour, le bulbe s’est cassé et le bateau a tourné lourdement. A ce moment là, une partie du bateau s’est arraché à l’arrière. Le pont a commencé à se plier et le bateau était totalement gîté. J’ai donc pris la décision d’évacuer, de quitter le bateau.

Nous avions déjà mis à l’eau un radeau de survie qui était au milieu du récif. Nous nous étions entrainés toute la nuit. Donc j’ai passé le coup de fil pour avertir qu’on quittait du bateau.
Tu penses toujours que tu es bien entrainé pour gérer ce genre de situation mais, dans le moment, tout est différent. Il faut notamment s’assurer que tu informes bien tous les gens qui doivent être informés de la situation à laquelle tu fais face et expliquer à l’équipage que nous ne sommes pas les seuls à gérer cette galère. Que beaucoup d’autres à terre sont avec nous.

Beaucoup beaucoup de fans vous ont apporté leur soutien. As-tu quelques choses à dire à ces personnes qui vous soutiennent ?

Je suis évidemment… bouleversé par ce qui vient de se passer… et … J’ai dit à l’équipage aujourd’hui…
(Longue pause)
Je leur ai dit que nous avions toujours pensé que nous étions une équipe forte. Nous avons fait des erreurs qui nous ont conduits à la situation de la nuit dernière. Mais j’ai été tout simplement impressionné par la façon dont l’équipe a géré la situation et par l’attitude que tout le monde a eu pour faire les choses de la meilleure façon possible

On a vu que vous aviez fait de gros efforts pour limiter l’impact sur l’environnement. Quels sont les plans pour la suite ?

On va travailler demain pour enlever tout ce qui est possible du bateau (les bouts, les cablages, ..). Cela va nous aider à prendre la décision finale concernant le bateau. On va faire tout ça demain (aujourd’hui, ndlr).

Et puis je pense que mardi, on partira en bateau vers l’île Maurice. Nous en avons pour 20 heures environ. Nous travaillons avec l’équipe à terre et Neil Cox pour prendre les décisions concernant ce qui peut être fait ou pas pour le bateau.
Je ne peux pas croire que l’histoire s’arrête ici.

Je suis tellement reconnaissant envers toutes les personnes qui nous apporté leur aide et leur soutien.

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