Indien, les voilà !

© Ian Roman/Volvo Ocean Race

Après treize jours à terre au Cap, les équipages de la Volvo Ocean Race s’apprêtent à repartir à la conquête, cette fois, de l’océan Indien. Cette deuxième étape va rallier Le Cap à Abu Dhabi. Si les menaces de piraterie sont écartées pour cette étape, ces 6 125 milles séparant l’Afrique du Sud des Emirats Arabes Unis s’annoncent pourtant complexes.

Effets de site, 40èmes rugissants, pot au noir, cyclone, mousson, grains, zones sans vent… ne sont qu’un extrait de la panoplie attendue par les marins. Le tout dans une partie du globe que peu des équipages connaissent. L’art de la stratégie ou l’art d’accepter des situations non maitrisables… Difficile aujourd’hui de savoir où il faudra placer le curseur !

« Pour cette étape, il y a plusieurs sections. D’abord, nous allons sortir des mers du Sud au départ de Cape Town, quitter les 40èmes. Puis on aura une zone de transition avant les alizés de l’hémisphère sud avec des dépressions tropicales où les alizés peuvent dégénérer. Ensuite, on aura deux pots au noir à traverser juste avant les Maldives. Puis on sera dans la mousson de nord-est jusqu’au détroit d’Ormuz. C’est un peu l’aventure ! » raconte Jean-Luc Nélias qui embarque à bord de MAPFRE comme navigateur.

Un peu l’aventure donc car il faut dire que peu de marins connaissent le terrain de jeu de cette deuxième étape. « Je n’ai jamais navigué dans cette zone » reconnaît Nélias. Même son de cloche du côté de Pascal Bidégorry, navigateur de Dongfeng Race Team.

Sur le bateau chinois, l’expérience de la première étape, avec cette belle deuxième place, a renforcé le capital confiance. Mais pour Pascal Bidégorry, l’important va être de bien rentrer dans la course.

Contrairement à l’étape précédente où la Méditerranée a constitué comme une zone de transition avant l’arrivée en Atlantique, ici les marins seront dans le grand bain dès demain 17h (HF), heure du coup d’envoi. Le départ devrait se faire dans 25-30 nœuds de vent et les équipages vont devoir dès le début faire avec les dévents de Table Mountain. Ils attaqueront l’étape au près avec des manœuvres à gérer très rapidement.

“Bidé” résume les clés des premières heures de course : « Bien partir, bien gérer les effets de sites locaux, bien appréhender le premier virement de bord dans la nuit, puis avoir une bonne trajectoire par rapport au déplacement de la basse pression tout en suivant ce qu’il y a à venir. Savoir pourquoi on fait de l’est ou du sud-est… A un moment donné, il faudra tourner même si ce n’est pas d’actualité tout de suite. Bref, il y a pas mal de choses à faire en début d’étape. Les cinq ou six premiers jours seront quand même hyper importants ».

Laurent Pagès, à bord de Team Brunel, sait que la première partie de course sera intéressante sur le plan stratégique mais la suite s’annonce trop aléatoire pour en faire son étape favorite.
« Ce n’est pas l’étape la plus excitante à mon goût. Toute la deuxième partie, après l’équateur, dans le nord de l’Indien est assez aléatoire avec des zones de grains difficiles à anticiper. J’ai le sentiment que pour l’arrivée à Abu Dhabi, la première partie jusqu’à la zone de convergence intertropicale, soit la partie la plus intéressante sur le plan stratégique, ne comptera pas ! On peut très bien envisager de se retrouver tous à l’entrée du détroit d’Ormuz dans une zone sans vent ».

Avec Brunel, le Rochelais est arrivé troisième de la première étape derrière Abu Dhabi Ocean Racing et Dongfeng Race Team. Même s’il n’a, a priori, pas d’atome crochu avec cette deuxième étape, il affiche clairement l’ambition de l’équipe hollandaise.
« Attention, mon analyse de l’étape ne veut pas dire que l’on n’est pas motivé ! Nous sommes sereins, sans aucun sentiment de supériorité. L’état d’esprit du groupe est excellent. Nous sommes concentrés. Nous avons confiance dans notre potentiel. Nous savons que nous sommes performants pour jouer la victoire à chaque étape ».

MAPFRE, dernier bateau à franchir la ligne d’arrivée au Cap, a tout à gagner sur cette prochaine étape. Avec une équipe remodelée incluant Rob Greenhalgh et Jean-Luc Nélias en remplacement de Michel Desjoyeaux et Nicolas Lunven, les Espagnols vont concentrer une partie des regards.

“Je déciderai, avec l’équipe, une fois à Abu Dhabi si je poursuis ou pas dans ce rôle, s’il y a un avenir à cette collaboration. La Volvo, c’est un engagement important. J’en parle en connaissance de cause. Je mesure ce que cela représente. On verra si je suis capable de faire une nouvelle Volvo Ocean Race. Le collectif, c’est un peu le paroxysme de la Volvo Ocean Race.
Ce sont des étapes de 25 jours où tu dois arriver à vivre ensemble tout en gérant l’aspect compétition et classement. Le tout, en huit clos ! Ce n’est pas comme une équipe de foot qui joue un match et qui rejoue le mercredi après avoir débriefé avec le coach, le président du club, le staff, … Là, il n’y a pas de médiateur” explique Jean-Luc Nélias prudent.

De leur côté, les adversaires de MAPFRE savent qu’Iker Martinez a choisi des hommes d’expérience pour l’épauler dans cette deuxième étape.
Une expérience saluée par Pagès, ancien co-équipier de Nélias sur Groupama. “Jean-Luc a joué un rôle prépondérant dans notre victoire avec Groupama sur la dernière édition. Je ne suis pas inquiet dans sa capacité à occuper pleinement sa nouvelle fonction à bord de MAPFRE”.

De son côté, Ian Walker fera tout pour emporter une deuxième victoire d’étape. Arriver en vainqueur à Abu Dhabi aurait évidemment une saveur particulière pour l’équipage.
“Le coucher du soleil est une heure et demi après le départ. Ca va être un challenge supplémentaire de virer dans la nuit dans du vent soutenu sans être capable de voir ce que font les autres. Je pense que la flotte va d’abord faire du sud pour essayer d’attraper des vents d’ouest. Ca va être une étape longue et difficile. Il y a une bonne partie du parcours que nous ne connaissons pas du tout. Bien sûr, c’est important de faire une belle étape et d’arriver en bonne position à Abu Dhabi. Je suis sûr qu’Adil Khalid sera très excité quelques jours avant d’arriver. C’est une sorte de héros dans son pays !” explique Simon Fisher, navigateur d’Abu Dhabi Ocean Racing.

Les bateaux devraient mettre 22 à 28 jours pour rejoindre les Emirats Arabes Unis.

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