L’énorme exploit de Yann Guichard !

  • © Chris Schmid
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Accrocher la deuxième place de La Route du Rhum-Destination Guadeloupe après avoir régaté de Saint-Malo à Pointe-à-Pitre en solitaire à la barre de Spindrift 2, le plus grand trimaran de course jamais construit, Yann Guichard a déjoué tous les pronostics et gravit son Everest ! Rayonnant de bonheur, le skipper exulte et ne cache pas qu’il a dû repousser ses limites pour atteindre ce podium. Arrivé ce lundi 10 novembre à 19h18 (heure française), le marin a effectué cette traversée inédite en 8 jours 5 heures 18 minutes et 46 secondes, à la vitesse moyenne de 21,96 nœuds. Il réalise, ici, le 4e meilleur temps de l’histoire de la course et arrive 14 heures seulement après le vainqueur Loïck Peyron. Soutenu par toute l’équipe de Spindrift racing, Yann a réussi un pari presque inimaginable il y a encore quelques mois. Cet expert du multicoque a non seulement disputé La Route du Rhum en solo sur ce bateau immense conçu pour les records en équipage, mais il s’est montré compétitif, se hissant ce soir à la deuxième marche d’un podium historique.

Sous les acclamations de la foule, Yann Guichard savoure son plaisir, confiant à son arrivée à quai :

J’ai fait une belle course et je n’ai rien lâché du début à la fin. Il y a eu de la souffrance, je ne le cache mais j’ai réussi à tenir le rythme. Aujourd’hui, je suis ravi de terminer deuxième à Pointe-à-Pitre et d’être sur le podium avec Spindrift 2, juste derrière Loïck (Peyron) qui a réalisé une belle performance.

J’ai toujours cru que je pourrais être compétitif avec Spindrift 2, ce qui n’était pas le cas de tout le monde. Avec l’équipe nous l’avons modifié pour qu’il soit maniable en solitaire. Je l’ai prouvé et j’en suis très heureux et fier pour toute l’équipe qui a travaillé d’arrache pied pour concrétiser ce projet.

Au deuxième jour j’ai perdu l’un de mes deux pilotes automatiques et j’ai fait toute la course en me demandant si j’allais pouvoir finir. Sinon, j’ai vraiment eu très peu de problèmes techniques et c’est essentiel pour terminer sur le podium. C’est grâce à l’équipe technique qui a fait un super travail . Mes routeurs à terre, Erwan Israël et Richard Silvani, m’ont aussi soutenu au quotidien, même dans les coups durs, et je suis ravi de notre performance à tous.

Cela a été une course incroyable avec une première nuit difficile et des virements de bord au près où j’ai slalomé entre les cargos et les pêcheurs dans 35 nœuds de vent, il y a eu pas mal de stress. J’ai perdu du terrain mais après j’ai pu allumer dans le Golfe de Gascogne et revenir dans le match. J’ai eu sinon deux moments chauds le long du Portugal où j’ai dû tout choquer en grand mais, mise à part ça, le bateau est resté hyper sain.

 Dans les manœuvres, je n’ai jamais poussé autant, je n’ai jamais été aussi loin. Mais quand après l’effort, le bateau accélère, c’est du pur bonheur. J’ai perdu quelques kilos mais je suis heureux d’être là et j’ai pris beaucoup de plaisir avec le bateau.

Les Guadeloupéens sont nombreux aujourd’hui et je sais qu’ils le sont pour le premier concurrent comme pour le dernier. Bravo à eux ! Si je reviendrai sur la course avec ce bateau ? C’est beaucoup trop tôt pour le dire. Je vais déjà savourer ce qui m’arrive avec mon équipe et récupérer car je n’ai pas dormi plus de 2 heures par jour et seulement par tranches de 10 minutes alors, là, je suis épuisé. J’ai aussi dû faire plus de 1 000 kilomètres sur mon vélo pendant cette Route du Rhum !

Dona Bertarelli, co-fondateur et skipper de Spindrift racing.

Yann a fait une course à la hauteur de son talent. Au départ de Saint-Malo, avec les conditions météo annoncées, peu croyaient qu’il pouvait être compétitif et accrocher un podium. Cette 2ème place vient récompenser non seulement sa détermination mais sa conviction qu’il était possible pour un seul homme de mener Spindrift 2, le plus grand des multicoques de course au monde, conçu pour 14 équipiers. Cette réussite est le fruit du travail de toute une équipe et du soutien de nos partenaires, Mirabaud, Genes-x et Zenith. Je tiens à les remercier de nous avoir fait confiance.

Un début de course maîtrisé

Au coup d’envoi de Saint-Malo dimanche dernier, Yann prend un départ mesuré conscient qu’avec la foule des bateaux sur l’eau, la sécurité prime. Idem pour la sortie de Manche, Spindrift 2 tire au Nord et enroule largement la pointe bretonne, restant même sous toilé durant cette première nuit pendant laquelle le front annoncé balaie la flotte à 35 nœuds moyen raffales a 45 noeuds. La tempête effectue déjà une première sélection. Thomas Coville, l’un des principaux adversaires de Yann dans la Classe Ultime abandonne suite à la collision de Sodebo avec un cargo. Quelques heures plus tard, Loïck Peyron vire en tête à l’Ouest de Ouessant tandis que Yann en sixième position décide d’appuyer sur l’accélérateur. Au près, dans plus de 5 mètres de houle, le skipper remet de la toile et traverse le Golfe de Gascogne avec seulement 2 ris dans la grand voile. Au Cap Finisterre, Spindrift 2 a remonté la flotte et pointe en deuxième position, place qu’il défendra jusqu’à l’arrivée.

Un pilote automatique cassé, Yann s’accroche

Le vent adonne et l’Europe disparaît dans le sillage. Le Portugal, puis Gibraltar, le Maroc, Madère, les milles défilent au portant mais la vitesse a un prix. Dans la nuit de mardi à mercredi, Yann doit remettre toute la toile et hisser surtout le gennaker qui lui demande plus de quatre heures d’efforts. Il termine la manœuvre épuisé en perdant un temps précieux. Loïck Peyron s’échappe, creusant inexorablement l’écart malgré une fissure au niveau du bras de liaison avant de son trimaran, apparemment sans gravité. Le skipper de Spindrift 2 doit lui se passer de l’un de ses pilotes automatiques qui vient de lâcher. A terre, l’équipe effectue un premier diagnostique. Le système a beaucoup souffert dans les conditions dantesques du début de course et n’est pas réparable. Le solitaire doit tout miser sur son second pilote et terminer la traversée avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête car, sans pilote, il serait impossible de mener le bateau en solitaire.

Alizé paresseux et capricieux

Malgré tout, Spindrift 2 allonge la foulée. La fluidité des trajectoires montre à quel point les marins de la Classe Ultime tirent leur épingle du jeu malgré un flux d’Est peu tonique, régulièrement malmené par les grains orageux. Sous une lune plus grosse que le soleil, Yann raisonne son bateau à chaque fois que l’anémomètre s’emballe, y laissant pas mal d’énergie mais le skipper tient bon et attaque. Vendredi soir, l’élastique se resserre. Spindrift 2 revient à 118 milles de Banque Populaire mais, dans la nuit, Yann se retrouve pris au piège sous un immense nuage tueur d’alizé et, au petit matin, Loïck Peyron file vers la victoire. Ce matin, après un bel atterrissage aux aurores sur la Guadeloupe, le skipper a enchaîné les manœuvres pour enrouler Basse-Terre et célébrer enfin son exploit à Pointe-à-Pitre. Effectivement jamais un seul homme avait mené un maxi trimaran de 40 mètres en solitaire terminant de plus est sur la deuxième marche du podium.

La Route du Rhum de Spindrift 2 en bref :

  • Départ de Saint-Malo : dimanche 2 novembre 2014 à 14:00 (HF)
  • Arrivée à Pointe-A-Pitre : lundi 10 novembre 2014 à 19:18:46 (HF), heure de Guadeloupe
  • Temps de course : 8 jours, 5 heures, 18 minutes, 46 seconds
  • Sur la route : 3 542 milles parcourus à 17,95 de moyenne
  • Sur le fond : 4 334 milles parcourus à 21,96 de moyenne
  • Classement : 2e position à 14 heures 10 minutes et 14 seconds du vainqueur Loïck Peyron à bord du Maxi Solo Banque Populaire VII
  • Manœuvres : du départ à l’Ilot de la Tête à l’Anglais, Spindrift 2 a effectué trois virements de bord et cinq empannages

Classement des Ultimes le lundi 10 november à 00:00 (FR) :

  1. Loïck Peyron / Banque Populaire VII, arrivée le lundi 10 novembre à 05h 08mn 32s (FR)
  2. Yann Guichard / Spindrift 2, arrivée le lundi 10 novembre à 19h 18mn 46s
  3. Sébastien Josse / Edmond de Rothschild, distance au but 28,3 nm
  4. Sidney Gavignet / Musandam – Oman Sail, distance au but 69,6 nm
  5. Lionel Lemonchois / Prince de Bretagne, distance au but 78,1 nm
  6. Francis Joyon / Idec Sport, distance au but 291,5 nm
  7. Yann Eliès / Paprec Recyclage, distance au but 313,2 nm
  8. Thomas Coville / Sodebo Ultim’, abandon

Source

Rivacom

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