Dernière journée pour Peyron

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  • © Jérémie Beyou

La dernière ligne droite est entamée et Loïck Peyron peut redevenir serein avec un bon coussin d’avance sur Yann Guichard : près de 200 milles soit 40% de la distance à parcourir pour atteindre la ligne d’arrivée. Il y a toutefois quelques pièges à éviter comme les filets de pêche et les calmes sous Basse-Terre et deux empannages à enchaîner avant la Guadeloupe…

Loïck Peyron n’était plus ce dimanche matin à 5h00 qu’à 500 milles de l’arrivée à Pointe-à-Pitre, une distance qui correspond à celle qu’il a parcouru ces dernières 24 heures dans des alizés d’Est irréguliers. Or il progresse toujours à la même moyenne avec en sus, deux empannages à réaliser pour piquer sur la Tête à l’Anglais, premier amer à contourner. Il faut donc s’attendre à un atterrissage de nuit et à un passage à la bouée de Basse-Terre au milieu des ténèbres tropicales…

Avec 190 milles de marge sur Yann Guichard (Spindrift 2) et 340 milles sur Lionel Lemonchois (Prince de Bretagne), le skipper du Maxi Solo Banque Populaire VII semble désormais assuré de la victoire en Guadeloupe. En revanche, le temps de référence établi par Lionel Lemonchois en 2006 (7j 17h) risque fort de ne pas être battu puisqu’il faudrait que Loïck Peyron arrive avant 7h19’ lundi (heure française).

Des grains au programme

En arrivant par le Nord-Est, Loïck Peyron doit encore réaliser deux empannages : il a choisi de les enchaîner dans l’Est de l’île caraïbe afin de parer les filets de pêche qui essaiment au large de l’arc antillais et probablement avant que la nuit ne tombe (vers 22h00, heure française) même si la lune lui sera encore favorable la nuit prochaine. De plus, le solitaire préfère se glisser sous le vent des reliefs de Basse-Terre de nuit où de petites brises thermiques faciliteront son passage de la dernière marque de parcours avant de terminer contre le vent, dans le canal des Saintes.

Pour les IMOCA et les Multi50 qui naviguent de conserve à mi parcours de cette Route du Rhum de 3 542 milles, les conditions sont certes alizéennes, mais encore très instables avec des grains et des variations de vent de 10 à 22 nœuds ! Les skippers sont donc sur le pont quasiment en permanence pour adapter la voilure et force est de constater que le match s’est transformer en duel avec, chez les monocoques, François Gabart (Macif) et Jérémie Beyou (Maître Coq), chez les multicoques de 50 pieds Erwan Le Roux (FenêtréA-Cardinal) et Lalou Roucayrol (Arkema Région Aquitaine) à portée de lance-pierre.

Les Class40 piquent au Sud au large de Madère et les alizés commencent à poindre leur nez : sous spinnaker et grand-voile haute, il faudra bien gérer le timing des empannages car les écarts sont faibles entre les cinq premiers emmenés par Kito de Pavant (Otio-Bastide Médical) et l’Espagnol Alex Pella (Tales 2 Santander). Enfin si l’Italien Andrea Mura (Vento di Sardegna) est toujours pointé en tête de la Classe Rhum, sa position septentrionale n’est pas favorable, surtout qu’il borde de trop près l’anticyclone des Açores…

Ils ont dit

Loïck Peyron – Maxi Solo Banque Populaire VII (Ultime) – 1er au classement de 4h00

Demain à la même heure (5h00 heure française), cela sentira le cocotier, la terre et l’humidité. Cette nuit, c’était irrégulier avec des grains. Je vais devoir slalomer avec tous les filets de pêche, il faudra manœuvrer de nuit. Sinon ça va à peu près, notre ami Yann (Guichard) derrière est un peu ralenti. C’est de la gestion tranquille du coup. J’ai failli empanner tout à l’heure à la faveur de petits refus mais finalement non. Mais il restera deux empannages à faire avant la Guadeloupe. Il y aura des changement de voiles, là je suis sous gennaker. Il y a aussi le tour de la Guadeloupe, on ne sait jamais comment ça marche mais je trouve que la nuit c’est mieux : c’est donc pas plus mal d’atterrir à ce moment-là. Il y aura moins de monde, ce sera plus agréable et plus efficace. Il n’y a pas de raison de se faire mal dans le canal des Saintes, mais c’est vrai que refaire du près après quelques jours de portant c’est assez étonnant !

Jérémie Beyou – Maître Coq (Imoca) – 2ème au classement de 4h00

Ce sont les grands refus ! C’est instable avec des grains. Cela va aller vite pour finir. Nous avons entre 14 et 18 nœuds. Là, il ne faut pas faire d’erreur. C’est la bagarre avec François (Gabart) pour la première place, il faut faire les bons choix. Je ne regarde pas beaucoup autour, je suis sur les réglages de la machine. Là j’ai 20 noeuds de vent, c’est un vent très irrégulier car il y a des grains, la mer est très plate, on est assez serré sous gennaker. Il y aura peut-être des empannages, on va faire du Sud. Je pense en effet que c’est un duel avec François, à la régulière. Le problème, c’est qu’il y a quand même le tour de la Guadeloupe à faire et l’on ne sait jamais ce qu’il peut se passer. J’ai bien dormi la nuit dernière et j’ai bien mangé depuis le début donc le moral est bon. On va continuer ainsi et ce sera bon jusqu’à la fin.

Lalou Roucayrol – Arkema Région Aquitaine (Multi50) – 2ème au classement de 4h00

Il commence à faire beau et chaud, c’est agréable. On a entre 10 et 12 nœuds de vent de Sud-Ouest. Je pense que nous allons être ainsi jusqu’à la Guadeloupe avec Erwan (Le Roux). Pour l’instant c’est quand même vachement sympa. C’est plutôt satisfaisant que l’on se retrouve là ensemble !

Alex Pella – Tales 2 Santander (Class40) – 2ème au classement de 4h00

C’est un petit peu instable encore en direction. C’est un peu mou, on a 13 nœuds ! Le niveau est haut, les bateaux et les gars aussi. Je suis très content d’être là et c’est une très belle course. Je suis très fier de ce bateau qui est espagnol de conception et de construction. J’ai eu quelques soucis techniques au début mais c’est un bateau polyvalent qui va bien dans toutes les conditions. Cela va être du portant jusqu’à l’arrivée avec des empannages : ça va être très intéressant. Je suis à fond ! Je suis venu pour cela et je suis très content car je me bagarre avec des gens que j’aime bien comme Kito (de Pavant) ou Yannick (Bestaven) : c’est super !

Andrea Mura – Vento di Sardegna (Catégorie Rhum) – 1er au classement de 4h00

Tout va bien, mais je suis près de l’anticyclone : je ne vais pas très vite, je n’ai pas beaucoup de vent. Pour le reste tout roule, le bateau va bien. J’essaie de descendre vers le Sud, même si j’ai gagné beaucoup à rester au Nord jusqu’à présent. Je navigue avec le spinnaker. Je n’ai pas de problème technique, juste quelques petites choses. J’ai beaucoup eu le mal de mer les quatre premiers jours et maintenant, j’attends patiemment qu’il y ait plus de vent.

Source

Rivacom

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