Manœuvres à tous les étages

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Le passage du front la nuit dernière n’a pas provoqué de dégâts malgré la brutalité de la mer et du vent : les derniers solitaires ont passé le cap Finisterre ou font route vers un port ibérique. En tête des trimarans Ultime, Loïck Peyron doit commencer à enchaîner les empannages dans un alizé modéré quand les monocoques IMOCA et les Multi50 ont multiplié les virements de bords et que les Class40 et les Rhum sont à la recherche des vents portants.

Le match semble relancer en tête de la flotte de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe car la nuit a été marqué par des alizés instables avec des grains et des calmes : Loïck Peyron (Maxi Solo Banque Populaire VII) a dû pas mal manœuvrer pour tenter de gagner dans le Sud et éviter de s’enferrer trop près des hautes pressions. Cette instabilité a permis à ses poursuivants de grappiller des milles puisque Yann Guichard (Spindrift 2) n’était plus qu’à 125 milles ce jeudi matin et Lionel Lemonchois (Maxi80 Prince de Bretagne) à moins de 250 milles. Alors qu’il reste encore 1 500 milles jusqu’à Pointe-à-Pitre, la bataille est loin d’être finie car les trimarans Ultime doivent encore descendre vers le 20° parallèle Nord pour s’assurer d’un vent plus régulier.

Derrière le front

Glissant désormais sous les Açores, les monocoques IMOCA ont traversé le front la nuit dernière et naviguent dans un flux de secteur Nord pas encore très bien établi : il va leur falloir pointer vers le Sud-Ouest pour éviter le centre anticyclonique qui s’installe de nouveau à proximité de l’archipel atlantique. Et au programme de la journée, l’envoi du spinnaker, une voile qui pourrait rester à poste jusqu’à l’arrivée ! Les trimarans Multi50 vont quant à eux devoir glisser sous gennaker pour atteindre au plus vite la latitude de Madère sans se faire phagocyter par les hautes pressions… Mais ce matin, ils étaient encore à se battre en plein milieu du front avec des vents erratiques !

300 milles plus à l’Est, les Class40 n’ont pas été très affectés par ce passage de front : le vent a progressivement tourné au Nord, permettant aux solitaires d’envoyer le petit spinnaker, d’abord au largue serré avec une vingtaine de nœuds, puis progressivement plus abattu avec une brise mollissante. De quoi se remettre à plat tant pour le bateau que pour le skipper. Mais il faut maintenant trouver les alizés au large de Madère en évitant les bulles sans vent…

Enfin les Classe Rhum se sont bien sortis du coup de vent qui a balayé le cap Finisterre et quatre solitaires se réfugient dans un port : Ricardo Diniz (Parisasia.fr) à La Corogne, Christophe Souchaud (Rhum Solitaire-Rhum Solidaire) à Bayona, Daniel Ecalard (Défi Martinique) et Eric Jail (Défi Cat) à Porto.

Ils ont dit :

Loïck Peyron – Maxi Solo Banque Populaire VII (Ultime) – 1er au classement de 4h00

J’essayais de dormir à l’instant ! Il y a eu des empannages, des adonnantes et des refusantes : le vent variait beaucoup. Il y avait des nuages d’un côté et de l’autre. Là, c’est un petit peu mieux. Nous sommes un peu trop près de l’anticyclone là ou l’on est. L’idéal est de se mettre sur le bon rayon. C’est plus simple d’empanner dans les grains. Il y a pas mal de pluie avec du vent, mais aussi des calmes. Ce sera plus facile de jour.

Louis Burton – Bureau Vallée (IMOCA) – 5ème au classement de 4h00

C’est enfin en train de s’établir. Le vent vient du Nord à Nord-Ouest. Nous avons une mer plate, une mer belle, ça s’est calmé en fin d’après-midi. Il y a 12 à 15 nœuds. En début de course, c’était beaucoup de près et là, si cela se confirme dans deux ou trois heures, ce sera l’envoi du grand spi : ça va être une jolie semaine de glisse.

Erwan Le Roux – FenêtréA-Cardinal (Multi50) – 1er au classement de 4h00

C’est le bazar ! On ne sait pas d’où vient le vent ni d’où viennent les nuages. Nous sommes dans le front et ce n’était pas prévu ainsi sur le papier ! On envoie un virement de bord, puis un empannage puis on envoie une voile puis on la ramasse… C’est fatigant ! Ce ne sont pas les pires conditions mais c’est venu tellement brutalement que l’on essaie d’anticiper. Il y a un contournement de l’anticyclone prévu aujourd’hui, on ne va pas tarder à sortir le gennaker : l’idée est de descendre vers le Sud.

Yannick Bestaven – Le Conservateur (Class40) -4ème au classement de 4h00

Il fait toujours bien nuit là où l’on est. Le vent a adonné, on peut enfin faire du spinnaker depuis une heure ou deux et ça commence gentiment à glisser vers les alizés ! On a fait une grande cuillère pour essayer d’éviter les conditions molles dans le Sud et puis on va voir la suite que cela va nous donner. Il y a encore des pièges sur la route. Il reste l’anticyclone à négocier, ce sera un peu mou : il va falloir faire attention à ne pas se faire piéger par le vent. Mon bateau quand je peux tirer dessus, ça avance plutôt bien. J’ai eu pas mal de soucis techniques à réparer, genre fin de chantier ! Depuis deux jours j’ai rangé la caisse à outils. Là il n’y a plus que 16 nœuds alors qu’il y en avait une vingtaine il y a une heure : plus on va aller dans la journée, plus cela devrait mollir.

Charlie Capelle – Acapella (Catégorie Rhum) – 9ème au classement de 4h00

Je suis assez content d’avoir passé les deux fronts qui étaient plutôt actifs. Il n’y a rien de casser à bord, le bateau est entier, le marin aussi. Nous avons encore 25 nœuds de vent avec une mer formée mais nous devrions progressivement, en faisant du Sud, trouver l’alizé portugais. La mer était vraiment dangereuse pour un bateau comme le mien. Pour l’avoir déjà vécu, il fallait être prudent. On a eu des rafales à 40 nœuds… Normalement on fait route vers les alizés. C’était une entrée en matière un peu douloureuse mais ce n’est pas la première fois que je fais la Route du Rhum ! J’ai pris cela avec sérénité…

Source

Rivacom

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