Deux manches musclées pour les 15 m JI

© Rolex / Carlo Borlenghi

Les 180 voiliers Modernes, IRC, Wally, Class J, accompagnés, une fois n’est pas coutume, des quatre plans Fife des la Classe des 15 m JI ont été quelque peu cueillis à froid pour la première journée des Voiles, quand le golfe si clair sous le chaud soleil encore estival, s’est fait rugueux et cassant sous l’effet d’un vent d’est rentré en force dès la fin de matinée, et qui a brutalement levé des trains de houle courte et profonde. Les trois ronds, celui des 15 m JI sous le Portalet, celui des Wally à Pampelone, et celui des Modernes vers Cavalaire, ont ainsi connu une journée animée, haute en figures sportives dans un clapot souvent estimé à deux mètres, et qui a soumis concurrents comme équipes des comités de course à un régime humide et salé. De l’action, du spectacle, des voiliers au meilleur de leur puissance et de leurs qualités nautiques, lancés dans de grandes gerbes d’écume, et déjà les favoris aux abvant postes, Leopard, Jethou et Robertissima III en Maxis, et les TP 52 Spirit of Malouen et Nanoq.. les Voiles de Saint-Tropez célèbrent avec vitalité leur quinzième anniversaire. Un anniversaire que 120 yachts supplémentaires, tous classiques ceux-là viendront demain partager pour compléter une fête totale programmée pour durer jusqu’à samedi prochain.

Deux manches pour les 15 m JI

Prime à l’audace pour les Britanniques de The Lady Anne (Fife 1912), qui en limite de « range », 22 noeuds et plus, envoyait crânement et dès le coup de canon de départ la voile de flèche, entre le mât et la corne, ainsi que la « bulle », cette petit voile d’avant asymétrique. Le plus « récent » des quatre 15 m JI engagés dans leur Trophée annuel grillait dès lors la politesse à ses adversaires, et s’imposait de bord en bord pour l’emporter largement lors des deux manches du jour. C’est Mariska (Fife 1908), attendu comme un favori, qui parvient à consolider sa seconde place du jour, devant les espagnols d’Hispania, qui profitaient de l’abandon de Tuiga (Fife 1909), handicapé par une avarie de mât. Le navire amiral du Yacht Club de Monaco doit hélas se retirer de la course.
Ranger un cran au-dessus

Les quatre Class J, vétérans ou héritiers des grands voiliers supports de la Coupe de l’America des années 30 et qui régatent à Saint-Tropez, se sont joués avec aisance des creux estimés à plus de deux mètres qui pavaient leur parcours pourtant astucieusement dessiné au plus près des côtes depuis la marque du Rabiou jusqu’à Cavalaire, et retour. Ranger (réplique du Class J de la famille Vanderbilt signé Starling Burgess et Olin Stephens) s’est tout au long des 25 milles du parcours montré à l’aise, aérien même sur la forte houle. Il a nettement dominé Lionheart (Hoek 2010) et Shamrock V, le plan Nicholson de 1930. Spectacle à eux tout seuls, ces quatre géants offrent toute la semaine à Saint-Tropez l’éclatante vision de la philosophie qui animait avant guerre les grands innovateurs de la Coupe de l’America.
28 milles en un peu plus de deux heures !

Les grands Wallys naviguent en force à Saint-Tropez. Douze de ces somptueuses unités ont investi dès la fin de matinée la baie de Pampelonne, invités par le Comité de course à disputer un grand triangle vers Cavalaire. Les 28 milles du parcours ont tout juste satisfait l’appétit des régatiers qui en un peu plus de deux heures en terminaient avec ce circuit venté à souhait, qui offrait de surcroît l’attrait toujours prisé d’allures variées, du près serré vers le large, au portant vers l’ouest et son long bord retour débridé, propice aux grandes vitesses pour ces Maxis d’un genre particulier, capables d’allier avec brio l’élégance et la performance.

Surprises et découvertes…

Class J (Lionheart, Ranger, Shamrock et Velsheda), mythiques 15mJI (Hispania, Mariska, The Lady Ann et Tuiga), les Voiles 2014 s’annoncent comme une édition de grands moments, de rencontres et de découvertes. On découvrira ainsi dès demain mardi le trois mâts espagnol Xarifa (plan JP Soper 1927), appelée à créer la sensations aux côtés des deux somptueuses goélettes auriques de 50 mètres dessinées par Nathanael Herreshoff en 1910, Elena (réplique de la goélette vainqueur de la course Transatlantique de 1928), et Eleonora (construite sur les plans de Westward). Sortie très attendue de deux voiliers classiques membres de la Société Nautique, le très beau yawl aurique Rosalind (32m, Plans Stowe 1904) ou encore le yawl bermudien Hermitage (22m25, Plans Primerose-Illingworth 1965) fraîchement restaurée.Construit à Chicago en 1913, Olympian fait à Saint-Tropez sa toute première apparition. Ce cotre aurique de 16m50 a été dessiné par William Gardner, également l’architecte du trois-mâts goélette Atlantic, recordman de la traversés de l’Atlantique pendant près de 80ans sous le commandement d’un certain Charlie Barr. Olympian est un bateau de la  »P Class », cette jauge contemporaine de  »J Class » ou de la  »Q Class » dont l’élaboration a donné naissance à de superbes coques très élancées, très basses sur l’eau, et surtout, très rapides. Construit à Chicago en 1913, ce centenaire n’a jamais quitté les grands lacs jusqu’à aujourd’hui. Son arrivée à Saint-Tropez est donc remarquable et remarquée.

Leopard en temps réel

Le Super Maxi Leopard, roi de l’Atlantique, s’est joué d’une Méditerranée remuante à souhait pour ne laisser à personne le loisir de couper la ligne d’arrivée unique, mouillée sous le Portalet pour l’ensemble des cinq groupes IRC engagés ce jour. Il a dû cependant s’employer pour tenir à distance les deux Maxi 72, anciennement dénommés Mini Maxis Jethou et Robertissima III (l’ex Ran) et à la redoutable vélocité. Ce sont deux TP 52, qui régatent dans le groupe IRC C, qui sont venus talonner les géants : Spirit of Malouen a pris le meilleur sur l’autre TP 52, Nanoq, à bord duquel officie un certain James Spithill.

Un Pitbull à Saint-Tropez

L’Australien James Pithill, le tombeur de l’America’s Cup 2013 est à Saint-Tropez ; il navigue sur le TP 52 italien Nanoq. En 2000, et à seulement 20 ans (né à Sydney le 28 juin 1979), il était le plus jeune barreur de la Coupe de l’America à bord de Young Australia. Il atteignait les demi-finales de la prestigieuse Coupe Louis Vuitton en 2003 à bord du voilier américain Oneworld. Il récidivait en 2007, aux commandes cette fois de Luna Rossa Challenge. Ce sont ses supporters italiens qui lui ont trouvé le surnom de Pitbull, en reconnaissance de son agressivité lors des phases de départ. En 2010, il devenait le plus jeune vainqueur de la Coupe de l’America avec cette victoire de BMW Oracle Racing. Il est depuis 2012 le skipper et barreur des AC 72 Oracle Team USA.

Le mot de Jacques Taglang…

« Il y a bien longtemps : les Voiles de Saint-Tropez Naviguer pour son seul plaisir… Il y a 327 ans, déjà ! Au départ de Saint-Tropez, une felouque quitte son mouillage. A bord, l’équipage au complet et quatre passagers : un conseiller au Parlement d’Aix en Provence, M. de Thomasssin-Mauzagues et son épouse accompagnés d’un couple d’amis. Direction Gênes pour un voyage d’agrément. Le récit de ce périple au départ de Saint-Tropez – avril 1687 – est l’un de plus anciens récits de pure croisière qui nous soit parvenu à ce jour.Plus proche de nous… Le registre de l’Inscription Maritime du quartier de Saint-Tropez ouvert le 26 juillet 1834. Y figurent les noms des seuls bateaux circulant dans le Golfe tropézien dans un but de délassement. Est-il possible de rêver plus belle définition de la navigation de plaisance ? »
Toutes ces anecdotes à retrouver dans le livre sur La Société Nautique de Saint-Tropez depuis 1862… Disponible au bureau des Inscriptions, Village des Voiles. Prix : 35€.

La Coupe d’Automne du Yacht Club de France

La course de ralliement entre Cannes et Saint-Tropez a vu pas moins de 62 yachts classiques prendre le départ devant Cannes dimanche matin. Si Mariska fut le premier voilier à se présenter au Portalet, c’est Chinook qui l’a emporté en catégorie voilier Aurique. Les autres vainqueurs sont : Encounter (Groupe Classique), Manitou (Groupe Epoque marconi de moins de 16,5 m), Wings chez les 12 m, Leonore chez les Epoques Marconi de moins de 16,5m et Speedbird chez les Spirit of Tradition.

Source

Maguelonne Turcat

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