Dernière ligne droite

© Douane Française

Difficile quand l’aiguillon de la compétition n’est plus là de continuer de garder l’énergie de se battre comme si on luttait pour les premières places. D’autant que la remontée sur Lorient s’apparente beaucoup à ce que les régatiers appellent une course de chevaux de bois, où tout le monde file plus ou moins à la queue leu leu. Il devrait y avoir juste un petit contre-bord à négocier en fin d’après-midi : pas de quoi révolutionner les classements respectifs des uns et des autres. Sauf surprise de dernière minute, la victoire finale devrait se jouer entre Xavier Macaire (Skipper Hérault), Adrien Hardy (Agir Recouvrement) et Charlie Dalin (Normandy Elite Team). La flotte progresse gentiment au près et devrait couper la ligne d’arrivée dans la soirée de samedi.

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Jour de lassitude

Pour tous ceux qui ne jouent plus la gagne, c’est plus compliqué. On trouve des expédients comme l’envoi de selfies à ses contacts : ce que j’ai mangé, le cargo que j’ai croisé. Parfois la monotonie de ce long bord de près est rompue par une visite impromptue comme celle du Cessna des Douanes qui est venu survoler la flotte, notamment Milan Kolacek (Bohemia Praha), Yoann Richomme (Skipper Macif 2014) et Damien Guillou (La Solidarité Mutualiste), tout content de faire signe à ceux qui sont devenus ses potes depuis son sauvetage de l’hiver dernier en compagnie de Bernard Stamm. Certains se motivent dans le duel qui les oppose au concurrent le plus proche, d’autres encore, cherchent à faire fonctionner le remue-méninges concernant le bon timing pour déclencher les deux derniers virements qui doivent les mener jusqu’à l’île de Groix. Mais beaucoup avouent, maintenant qu’ils sont la dernière ligne droite, qu’ils sont d’autant plus impatients de couper la ligne qu’il n’y a plus vraiment d’enjeu. C’est une page qui est en train de se tourner à l’issue d’une saison longue et il faut être diablement philosophe pour arriver juste à se dire qu’il faut profiter à plein de ces dernières heures de mer et des conditions exceptionnelles qui règnent sur le golfe de Gascogne. Mais c’est aussi le lot de la compétition : quand l’adrénaline disparaît, le plaisir d’être en mer ne suffit pas toujours. Et ce, même si l’on sait que d’ici quelques semaines, tous seront à faire des plans sur la comète pour préparer leurs prochaines navigations, car on n’est vraiment bien qu’en mer…

Les Nordistes jettent l’éponge

Au nord, le petit fil d’espoir qui restait s’est brisé pour faire place à une grande désillusion. Le petit groupe de quatre coureurs savait qu’il y aurait un passage délicat à négocier dans cette journée de vendredi. Mais le piège s’est totalement refermé sur eux depuis la nuit dernière et les navigateurs n’avançaient plus qu’à moins de deux nœuds. L’absence de perspective de retrouver un peu de vent et la fermeture de la ligne fixée à 48 heures après le passage du premier concurrent a conduit les navigateurs à décider d’abandonner. Gildas Mahé (Interface Concept), Alexis Loison (Groupe Fiva) puis Vincent Biarnes (Guyot Environnement) ont déjà annoncé officiellement leur décision. S’ils rentrent sur Lorient pour faire honneur aux organisateurs, on imagine leur déception de n’avoir pas pu mener à bien leur pari… Ils auraient sûrement espéré une fin plus glorieuse, mais en définitive, c’est toujours la mer qui corrige les devoirs.

Ils ont dit :

Thierry Chabagny (Gedimat)

On a hâte de terminer. C’est la dernière course de la saison. De plus on a été bien secoué à aller et aussi au retour. On sent la fatigue qui est là et c’est difficile quand on ne joue pas les premières places de passer par dessus. On a eu des bons moments, comme hier quand on est arrivé pour virer à raser les côtes espagnoles après plusieurs centaines de milles. C’était étonnant.

Gildas Mahé (Interface Concept)

Bonjour à tous, vu les prévisions météo et les conditions rencontrées sur zone (beaucoup plus faibles que ces prévisions déjà peu enthousiasmantes), il apparait que nous ne serions pas à Lorient avant la fermeture de ligne prévue 48 h après l’arrivée du premier. C’est pourquoi après discussion avec mes 3 collègues nordistes on a décidé d’abandonner et de faire route sur Lorient au moteur. C’est une décision qui nous remue les tripes mais hélas mon option nord s’est révélée une impasse et il me faut bien l’admettre
Cette régate chargée d’émotion en ce qui me concerne après la 1ere étape rocambolesque s’achève sur une note bien triste. J’avais réussi à repartir d’Horta avec mes 2 safrans et à faire un début d’étape remarquable pour être dans le trio de tête au passage du 1er front. A ce moment il a fallu choisir son camp. J’ai tranché en connaissant les risques stratégiques que cette option comportait. La prise de risque était maximale et je crois qu’après l’escale difficile, meuleuse en main, j’avais à coeur de remporter cette course, alors j’ai tranché !
C’était le mauvais choix, mais comme on dit, seul celui qui ne fait rien ne fait pas d’erreurs. J’ai quelques heures devant moi pour comprendre tout ça et remonter le fil de cette option.
RDV à Lorient pour vous raconter tout ça.

Source

Lorient Grand Large

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