Divorce à la bigoudène

© Th.Martinez/Sea&Co

Pour entamer leur traversée vers les Açores, les skippeurs de la Lorient Horta Solo ont eu droit à une première nuit comme on en rêve. Mer plate, demie lune pour éclairer les voiles, eau phosphorescente et ballets de dauphins composaient le menu de cette entrée en matière. Si le vent n’était pas franchement établi, les conditions de navigations ont toutefois permis aux solitaires de progresser sur la route… ou loin d’elle, c’est selon.

Il n’aura pas fallu longtemps pour que la flotte se scinde en deux groupes, puisque c’est à la hauteur de Penmarc’h que les premières options tranchées sont apparues. Au nord, les partisans d’un contournement anticipé de la dépression orageuse calée sur la route, ont bénéficié dans un premier temps d’un renforcement du vent qui compensait largement leur écart de route. Au sud, plus proche de l’orthodromie, un petit groupe semble tabler sur un éventuel décalage de la dépression orageuse dans son sud, voire au pire à la possibilité de décider d’un changement de stratégie un peu plus tard.

Bouteille à l’encre

Le fait est que pour l’heure, rien n’est vraiment figé. Les tenants de l’option nord pouvaient se friser les moustaches d’étrave ce matin : sous spinnaker, ils filaient à presque sept nœuds quand leurs adversaires du sud peinaient à s’extirper des petits airs. Ce soir, la donne est inversée et le trio le plus méridional composé de Gildas Morvan (Cercle Vert), Nicolas Jossier (In Extenso Experts Comptables) et Alexis Loison (Groupe Fiva) compte près de six milles d’avance sur Adrien Hardy (Agir Recouvrement), tête de pont des hommes du nord. Vincent Biarnes (Guyot Environnement), en position intermédiaire, pointe quant à lui en troisième position de la flotte.
Pour autant, la messe est loin d’être dite. Les petits mots des marins comme les vacations laissent entendre que rien n’est encore fermement établi et qu’il va falloir redoubler de vigilance pour le contournement de cette dépression qui devrait s’entamer d’ici quarante-huit heures.

Dormir, disent-ils

En prévisions des heures délicates qui risquent de les attendre, les solitaires veillent à leur état de forme. Joints à la vacations, Paul Meilhat (SMA) comme Thierry Chabagny (Gedimat) ou Adrien Hardy (Agir Recouvrement) confiaient avoir dormi et s’être bien alimentés. Ces vérités sont bien évidemment à relativiser pour des terriens : en solitaire, bien dormir, c’est voler quelques dizaines de minutes à la veille des voiles et de la route, s’alimenter correctement, c’est avoir eu le temps d’agrémenter son plat lyophilisé de quelques douceurs et de quelques vivres frais embarqués de Lorient. L’ascèse est comme une seconde nature pour des Figaristes en mer. Malgré tout, cette nuit était visiblement bénie des dieux : on a beau être compétiteur, obsédé par la performance… quand le bateau glisse tout seul sur des eaux phosphorescentes, que le souffle des dauphins jouant avec l’étrave vous accompagne, on a parfois tendance à reculer l’instant obligatoire du repos réparateur. Ces instants-là sont suffisamment précieux dans une carrière de compétiteurs pour qu’on ait envie d’en goûter pleinement l’harmonie.

Ils ont dit :

Xavier Macaire (Skipper Hérault)

C’est un début de course un peu surprenant. Le départ de Lorient était assez intéressant avec cette confrontation au près. Ensuite, on s’attendait à de la pétole et on a quand même fini par glisser tout doucement. C’est plus facile que prévu…

Adrien Hardy (Agir Recouvrement)

Tout s’est bien passé. On a eu une nuit plutôt sympa, on avait une mer d’huile avec des dauphins, des bancs de sardine, une nuit de rêve… je suis là où je voulais être. On est sous spi depuis ce matin et ça glisse bien. Les deux jours à venir s’annoncent relativement faciles, mon objectif c’est de rester avec le groupe avec lequel je suis. Après il faudra trouver le bon compromis entre contourner cette dépression et ne pas faire trop de route.

Paul Meilhat (SMA)

Tout va bien, on a plus de vent que c’était prévu. On a eu une superbe nuit avec une mer très plate, une belle lune et une eau transparente. Les dauphins sont venus jouer avec les bateaux. Au final, ce n’était pas si compliqué. On va avoir les deux prochaines journées qui devraient être agréables. Il faudra bien s’économiser pour les deux dernières journées qui devraient être compliquées et dures physiquement.

Source

Lorient Grand Large

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