Symphonie en lutte majeure

© Alexis Courcoux

Après la fête de la musique, place au concert d’empannages ! Les 38 solitaires vont s’élancer dimanche à 15h00 au large du plateau des Duons pour la troisième étape de La Solitaire du Figaro – Eric Bompard cachemire. Un parcours mélangeant côtier et large dans une brise portante qui pourrait bien changer la donne dans le classement provisoire…

Ça va débuter rock & roll ! Avec une vingtaine de nœuds de secteur Nord-Est, le parcours préliminaire devant Roscoff s’annonce entrainant avec une rythmique importante puisque les premiers à se sortir du pack auront l’avantage de s’échapper rapidement avec le courant de marée descendante. Car une fois parée la bouée mouillée devant le port du Bloscon environ une heure après le coup de canon de 15h00, la flotte va progresser sous spinnaker à près de dix nœuds de moyenne… Il n’y aura certainement pas de décalages latéraux car l’objectif prioritaire est d’arriver avant la renverse du courant, soit avant 20h30 dans le chenal du Four.

Le Four à 180°

Ça va donc chauffer devant le Four car il y aura des écarts entre ceux qui arriveront tout juste à passer le phare avant la renverse et ceux qui vont commencer à buter contre le courant de marée montante. Certes les coefficients de marée ne sont pas très forts (59) mais sur une route plein Sud à 180°, le flot devient de plus en plus fort au fil des heures… Et le raz de Sein à 30 milles de là va aussi jouer le rôle de compresseur de flotte : il y aura toujours des solitaires qui n’hésiteront pas à flirter avec la Plate de Sein pour se glisser dans un contre-courant. A quelques centaines de mètres près, le différentiel va se creuser car il y a très peu de marée ensuite en baie d’Audierne.

Et au passage de la pointe de Penmarc’h puis devant les Glénan, le courant sera de nouveau contraire jusqu’au matin (basse mer au Guilvinec et à Belle-Île à huit heures et demie) ! Il faudra encore jouer au plus flûté avec des renverses de courant alternatif mais aussi avec les brises qui passeront du tempo forte au registre mezzo voir pianissimo. En effet, une bulle devrait couvrir l’arrière de la flotte et les premiers à déborder la bouée des Galères de Belle-Île vont prendre la poudre d’escampette !

Une promesse de Gascon

La suite de la partition est plus nuancée : la brise decrescendo à l’approche du Morbihan de secteur Nord-Est va s’étioler encore en passant au Nord-Ouest avant de reprendre du souffle au large. Comme le soleil sera de la partie, il faut s’attendre à des effets de brise thermique complexes autour de Belle-Île ! De quoi créer encore des deltas conséquents entre les chefs d’orchestre et les solistes en fond de salle…

De fait comme l’anticyclone au large de l’Europe va se faire compresser par une dépression atlantique, la cadence devrait repartir fortissimo par devant lundi soir pour la traversée du golfe de Gascogne. Mais la prudence s’impose quand à l’enchaînement harmonique car des masses orageuses remontent d’Espagne : il faudra probablement danser le flamenco pour ce pas de deux entre minima dépressionnaires et courbure anticyclonique…

Diachronie et synchronie

En tous cas, il y aura des croches dans la tablature ! Beaucoup de passages à vide (chenal du Four, raz de Sein, pointes de Penmarc’h et des Poulains, bouée Galères) pour cause de courant de marée et de vent à intensité volumétrique variable, beaucoup de différents tempos (presto jusqu’à Ouessant, moderato jusqu’au raz de Sein, adagio à Belle-Île) et rien ne semble acquis avant le passage de la bouée ODAS, en plein milieu du golfe de Gascogne… Les instrumentistes les plus polyphoniques dérouleront une mélodie qui s’annonce longue et fatigante puisque le compositeur ne semble pas espérer une arrivée aux Sables d’Olonne avant mercredi au coucher du soleil, voire jeudi à l’orée du jour…

Les 38 solistes ont donc de quoi dérouler leur arrangement préféré : classique pour les « conservateurs » aux avant-postes qui joueront plutôt façon musique de chambre en petit comité, conceptuelle pour les déçus des deux premières étapes qui voudront frapper fort, big band pour le peloton qui cherchera d’abord à rester synchro, voire a capella pour celle ou celui qui imaginerait se désolidariser du groupe… Tous ont un instrument à vent, mais personne ne sort le même son de cloche !

Heures des marées aux points névralgiques de la Bretagne

  • Marée à Roscoff : 15h04 PM (coefficient 58) Dimanche
  • Marée à Molène : 20h31 BM (coefficient 58) Dimanche
  • Marée à Sein : 2h26 PM (coefficient 59) Lundi
  • Marée au Guilvinec : 8h34 BM (coefficient 59) Lundi
  • Marée à Belle-Île : 8h31 BM (coefficient 59) Lundi

Ils ont dit…

Thierry Chabagny (Gedimat) 9ème au classement cumulé sur deux étapes

Jusqu’à Belle-Île où nous serons lundi midi, il n’y a pas de grandes options à tenter, juste à bien choisir ses trajectoires et nous ferons peut-être un peu le petit train. Mais ensuite le vent va mollir à 6 – 8 nœuds et le choix du moment où on prend le virage pour aller vers le milieu du golfe de Gascogne sera important. Nous serons logiquement sous spi, mais en tirant des bords de vent arrière. La flotte peut très bien s’éclater complètement. Donc là il y aura du jeu et aussi des petites bascules de vent à bien négocier. Il y a en effet des petites dépressions dans le sud du golfe qui vont entraîner des variations du vent. Il faudra être très attentif. Puis, ce sera le bord de près pour aller vers la bouée BXA dans l’estuaire de la Gironde. Et là, pour le moment les fichiers ne sont pas d’accord : certains routages disent d’aller à fond à gauche… et d’autre à fond à droite !

Nicolas Jossier (In Extenso-Experts Comptables) 21ème au classement cumulé sur deux étapes

Nous allons avoir beaucoup de portant. La première partie de la course sera stratégique, avec du courant à gérer à la pointe de la Bretagne. Il faudra rester vigilant par rapport au placement. Puis, nous dépasserons Belle-Île avant d’entamer une grande descente dans le golfe de Gascogne. Ensuite, nous remonterons vers une bouée qui s’appelle BXA. Nous devrions avoir quelques surprises sur ce dernier bord. Les routages prévoient une arrivée en journée mercredi, le vent thermique, les effets de réchauffement de la côte vendéenne pourraient nous jouer des tours…

Gildas Morvan (Cercle Vert) 6ème au classement cumulé sur deux étapes

Cette troisième étape sera constituée des petites portions assez rapides et non pas de longs bords comme nous avons eu jusqu’ici. Cela promet des régates plus serrées. Il va falloir sortir le couteau, se le mettre entre les dents puis se cracher dans les mains. Ce sera important d’être au taquet du début à la fin. Nous allons naviguer dans des coins que nous connaissons tous bien : le raz de Sein, le Four, Portsall, Penmarch, Belle-Île…

Gwénolé Gahinet (Safran-Guy Cotten) 16ème au classement cumulé sur deux étapes

Il y aura beaucoup de points de passage importants sur cette troisième étape. Déjà l’île de Batz posera des problèmes stratégiques. Ensuite, nous longerons les côtes avec pas mal de cailloux, et puis dans le chenal du Four, suivant le timing où l’on arrive, il faudra s’abriter soit côté terre, soit côté îles. Il y aura beaucoup de jeu avec du petit placement par rapport au courant. On aura du vent établi jusqu’au raz de Sein, ensuite il y aura pas mal d’incertitudes jusqu’à Belle-Île où le vent va tomber, mais il y aura des brises thermiques…

Claire Pruvot (Port de Caen-Ouistreham) 33ème au classement cumulé sur deux étapes

Le début de course devrait être rapide, nous allons tous être à fond pour accrocher le paquet de tête ! Le passage du raz de Sein devrait se dérouler à contre-courant. Le vent devrait par la suite mollir progressivement jusqu’à Belle-Île. Il faudra être attentif à tous les signes du ciel et sur l’eau. Après, c’est encore incertain mais il pourrait bien y avoir des conditions ventées et de la grosse mer. Ce qui est sûr, c’est que la première nuit nous n’allons pas dormir du tout, car il faudra garder un œil sur la cartographie et l’autre sur le positionnement des concurrents.

Paul Meilhat (SMA) 10ème au classement cumulé sur deux étapes

Les points clés de cette prochaine étape seront dans la première partie du parcours où il y a de la marée. Ce sera du courant portant jusqu’au Four et ensuite il sera contraire jusqu’au raz de Sein. Le deuxième point clé, ce sera l’atterrissage sur Belle-Île lundi midi. Le vent devrait mollir, ce sera un moment stratégique de cette troisième étape. Pour la partie large, nous avons encore des incertitudes, mais le vent de Nord-Est mollit avec une dépression orageuse qui remonte. On devrait tirer un grand bord de vent arrière, donc soit bâbord amures soit tribord amures, avec des écarts de trajectoire, ça risque d’être intéressant. La fin sera conditionnée par cette dépression orageuse. Les options seront divergentes.

Source

RivaCom

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