Intouchable Eliès ?

© Gilles Morelle / www.gillesmorelle.com

A l’issue de cette deuxième étape de La Solitaire du Figaro-Eric Bompard cachemire, le vainqueur à Roscoff, Yann Eliès (Groupe Quéguiner – Leucémie Espoir) ne peut certainement pas viser le podium final, mais sa suprématie impressionne toute la flotte : va-t-il encore s’imposer sur les deux prochaines manches ? Quant au classement général cumulé provisoire, il confirme l’âpreté de la lutte puisque les cinq premiers se tiennent en un quart d’heure !

Déjà à Plymouth, Yann Eliès revenu au moteur après son démâtage à Wolf Rock alors qu’il était en tête, était le centre des discussions de pontons, car même ceux qui ont la vitesse (une douzaine de coureurs sont vraiment très rapides), se demandaient comment il arrivait à tenir ce rythme 24h/24h… Alors quand, à l’arrivée à Roscoff, le même se permet d’accumuler près d’une heure d’avance sur ses dauphins Corentin Horeau (Bretagne-Crédit Mutuel Performance à 58’22) et Jérémie Beyou (Maître Coq à 59’46), on se demande qui pourrait l’empêcher de battre le record de victoires d’étape détenu par Jean Le Cam avec dix manches gagnantes. Le skipper de Groupe Quéguiner-Leucémie Espoir est déjà à égalité avec Alain Gautier (9 victoires) grâce à cette superbe étape…

Mi-temps finistérienne

De fait le vainqueur de cette manche de 535 milles, la plus longue de cette 45ème édition de La Solitaire du Figaro-Eric Bompard cachemire, a déjà grappillé quelques places malgré son handicap de la première étape où il concédait près de douze heures au premier, Alexis Loison (Groupe Fiva) ! Au classement cumulé, Yann Eliès est déjà remonté à la 35ème place devant Jean-Paul Mouren (SNEF), Joan Ahrweiller (Région Basse Normandie) et Edmund Hill (MacMillan Cancer Support)… A ce rythme, un retour dans le club fermé des vingt-cinq premiers à l’issue de quatre étapes est même envisageable !

Car à mi-parcours, la décantation hiérarchique se poursuit : ils ne sont plus que onze en moins d’une heure, plus deux à moins de deux heures du leader, quatre autres avec moins de trois heures de retard, deux à moins de quatre heures, encore cinq à moins de cinq heures, huit à moins de six heures, un à moins de sept heures et cinq à plus de douze heures ! On peut d’ores et déjà imaginer qu’au-delà du treizième Anthony Marchand (Ovimpex-Secours Populaire), les chances de podium final se sont quasiment envolées. En revanche, il va y avoir une sacrée lutte interne pour le gain des places au sein de ce groupe qui peut encore viser un créneau dans le « top ten » final…

Onze forts prétendants…

Et en haut de tableau, tout est encore possible avec un léger remaniement : Fabien Delahaye (Skipper Macif 2012) profite de sa 4ème place à Roscoff pour prendre le commandement au cumulé, avec seulement 1’43 d’avance sur Jérémie Beyou, troisième en baie de Morlaix et avec 3’18 sur le vainqueur de la première étape, Alexis Loison qui termine 7ème en Bretagne. Et derrière ce podium provisoire, le pack est dense ! Corentin Horeau avec sa belle deuxième étape gagne quatre places au général, et Adrien Hardy (Agir Recouvrement) grimpe de trois crans à la 7ème position tout comme Gildas Mahé (Interface Concept) qui est désormais 8ème.

Et si Gildas Morvan (Cercle Vert) reste stable à la 6ème place, Charlie Dalin (Normandy Elite Team) en perd une à la 5ème position tout comme Thierry Chabagny (Gédimat) à la 9ème place, quand Paul Meilhat (SMA) en perd trois à la 10ème ainsi que Erwan Tabarly (Armor Lux-Comptoir de la mer) qui glisse à la 11ème… Il n’y a pas danger en la demeure dans le sens où derrière l’intouchable Yann Eliès, les arrivées des quinze suivants étaient serrées à Roscoff : ce léger rééquilibrage n’entame en rien le jeu à cette mi-temps.

Quant aux « bleus », le match semble désormais se jouer à trois avec la remontée de Sébastien Simon qui finissait à une belle douzième place : le Britannique Sam Matson (Artemis 21) conserve la tête au général mais avec seulement 18’14 de marge sur Gwénolé Gahinet (Safran-Guy Cotten) et 27’26 sur le skipper de Bretagne-Crédit Mutuel Espoir. Il reste trois jours de break à Roscoff pour les 38 solitaires afin de récupérer des forces car la fatigue se fait déjà sentir sur les visages de la plupart des skippers et certains ont de petits « bobos » à réparer (dos, mains, articulations…). Or le départ de dimanche à 15h devrait se dérouler dans une brise portante et modérée de secteur Est : du spinnaker en vue après cette deuxième étape courue essentiellement au vent de travers sous génois.

Ils ont dit…

Fabien Delahaye (Skipper Macif 2012), 1er au général :

C’est une bonne nouvelle ma place au classement de cette deuxième étape (4e), ça montre que je suis régulier. Ca écrème petit à petit et c’est rassurant. Le moment fort de cette deuxième étape, c’était la molle avant le Fastnet. C’est là où il fallait s’en sortir pour passer dans le bon paquet au Fastnet, parce qu’après c’était dur de remonter en ligne droite. J’ai passé le rocher avec Adrien Hardy, c’était un peu le rush, nous étions au contact. Yann (Eliès) est imbattable, il va vite il est là au bon moment, c’est ce qui fait sa force, rien ne lui échappe.

Isabelle Joschke (Generali – Horizon Mixité), 24e au général à 4h36 :

Toute la course a été difficile pour moi. J’ai raté ma première nuit, et je pense que beaucoup de choses se sont jouées dès le début : trois milles de retard se sont transformés en plus quinze milles. C’était dur, j’ai trouvé que c’était ingrat, je n’ai pas l’impression d’avoir fait de grosses erreurs, et mes petites erreurs, je les ai payées très cher. Parfois, on est désespéré, mais j’ai une règle d’or, c’est de limiter la perte. Comme c’est une course au temps, ça impose de rester cohérent où que l’on soit pour ne pas perdre encore plus. Avant, j’aurais peut être tenté des choses, maintenant j’accepte. C’est une leçon de patience.

Adrien Hardy (Agir Recouvrement) 7e au général à 28 minutes :

Je suis satisfait, l’objectif, c’était de finir placé sans prendre trop de risques. Il y a peu d’écart avec les premiers et ceux de derrière : j’aurais pu mieux finir, mais ce n’est pas une mauvaise étape, c’est la première année où je suis idéalement placé au bout de deux étapes. Je sais que les 3e et 4e étape me réussissent plutôt bien. J’ai plein d‘espoir pour la suite parce que dans l’ensemble je ne navigue pas trop mal, je sens bien les choses.

Charlie Dalin (Normandy Elite Team), 5e au général à 16 minutes :

Une deuxième étape longue, intense, avec presque une quatrième nuit. Pour moi, elle a été difficile. Je prends beaucoup de retard au cap Lizard. J’ai traîné ce truc un paquet de temps, après il y a des moments où je reviens. Je n’étais pas super percutant. Si on enlève l’extra-terrestre Yann Eliès, il y au final peu d’écart. Je ne dois pas être très loin des premiers.

Thierry Chabagny (Gedimat), 9e au général à 39 minutes :

Je finis pas trop loin des leaders, donc en terme de classement au temps, ce n’est pas le drame. Le passage du Fastnet, c’était sympa, mais on était assez concentré, au largue serré sous spi, une allure qui demande beaucoup d’attention, donc pas trop le temps de regarder mais tout la partie en Irlande était sympa. Nous sommes passés deux fois aux Scilly, c’était vraiment super. Je fais 8ème et 11ème : c’est gentil mais pas satisfaisant. Il faut que j’aille chercher les bons résultats sur les deux prochaines, pour espérer une belle place au général.

Alain Gautier (Generali), 18e au général à 3h12 :

Mon option au Sud des DST des Scilly ne porte pas du tout ses fruits ! Quand je prends la décision de glisser dessous, je pointe à la 18ème place et à l’arrivée à Roscoff, je finis 19ème… Bilan stable ! Mais ce n’était pas gagné non plus la dernière après-midi quand je me suis retrouvé 23ème avec la possibilité de terminer 35ème… Cela aurait tout de même pu être plus rentable, car le choix n’était pas si mauvais que ça : je touche du vent fort sous les Scilly quand il y a moins de brise dans l’archipel. Mais après, le vent n’a pas voulu tourner suffisamment pour que je regagne des places par dessous la flotte. Finalement pas trop déçu parce que j’ai vu que j’avais la vitesse…

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RivaCom

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