Un duel énorme

@ Alexis Courcoux

Plus que 500 milles avant Saint Barth. Deux jours et demi de mer. Et la bagarre est énorme entre les deux bateaux de tête. Skipper Macif est toujours aux avant-postes ce matin, mais Safran – Guy Cotten a profité du black out de la nuit (pas de position) pour revenir dans son tableau arrière. Moins de 2 milles d’écart entre les deux rivaux après 20 jours (3390 milles) de course ! Lundi après-midi, devant Gustavia, la victoire se jouera à l’arraché…
Avec le ralliement des ex-Nordistes hier, les 13 tandems de cette 12e Transat AG2R LA MONDIALE font enfin tous cap à l’Ouest en direction des Antilles. Si les retardataires ont encore plusieurs empannages à envisager pour rallier Saint Barth, le gros du peloton est pratiquement calé sur un bord (tribord). Les conditions de navigation sont idylliques. « C’est une nuit étoilée, le bateau marche à 10 nœuds, à 150 degrés du vent, entouré de dauphins. Je suis en short et T-shirt sur le pont. C’est le rêve » raconte Martin Le Pape.
Mais ce dont les marins rêvent vraiment, c’est de fouler pour de bon l’une des marches du podium.

La Cornouaille (3e à 17 milles au classement du matin) surveille attentivement les progressions de Generali (au Nord) et de 30 Corsaires (au Sud), et caresse l’espoir d’une troisième, voire d’une deuxième place.

En tête, ils sont deux équipages qui, après 3 semaines de course exemplaire et d’efforts incessants n’ont pas l’intention de laisser échapper les lauriers. Pour Skipper Macif et de Safran-Guy Cotten, chaque dixième de nœud compte.

Les hauts et les bas du matin

Skipper Macif est encore aux commandes, mais Yoann Richomme, pris au saut de la bannette ce matin pour répondre au téléphone, était frappé d’une brutale chute de moral à la lecture du classement : « Nous allons nous faire passer dessus. Nous venons de prendre 4 milles dans la vue, là… » Une conversation écourtée par un « Hé, t’as pas envie d’empanner là Fabien ? ». Le co-skipper de Fabien Delahaye, redoutait aussi de se faire dépasser par La Cornouaille, particulièrement rapide ces dernières heures. Ce découragement passager est-il l’effet de la fatigue ?

Humeur inverse à bord de Safran-Guy Cotten où Gwénolé Gahinet se montrait ravi d’avoir grappillé quelques longueurs grâce à de nouveaux réglages dont il ne souhaite légitimement ne pas parler.
« En théorie, d’après les routages, nous devrions être devant. Le moral est au beau fixe, ça va super ! » . Désormais, chaque mille gagné ou perdu risque d’affecter directement le moral des troupes. Mais pas leur combattivité. On peut compter sur ces deux équipages représentant la jeune génération pour lutter jusqu’au bout.

LES MOTS DES MARINS

Yoann Richomme, Skipper Macif

« C’est une petite nuit tranquille, avec 20 nœuds de vent assez oscillant. C’est d’ailleurs assez difficile à la barre. Concernant notre trajectoire, c’est du tout droit, à la limite d’être sur un bord pour nous. J’ai l’impression que nous sommes en train de prendre cher par les bateaux en dessous. Ce n’est pas toujours facile, nous savons à peu près que nous allons nous faire défoncer. Au classement ce matin, Safran – Guy Cotten nous prend environ 0,4 milles par heure. C’est ce que je viens de voir, je dormais là. Nous ne sommes pas dans une position très agréable. Je pense que cela va être compliqué de renverser la tendance. »

Gwénolé Gahinet, Safran – Guy Cotten

« Les conditions de navigation sont plutôt agréables, ça glisse bien. Nous sommes supers contents car au classement nous avons quasiment gagné 3 milles sur Skipper Macif. En théorie nous devrions être devant d’après les routages. Le moral est au beau fixe, ça va super du coup ! Depuis hier après midi, c’est un long bord un peu toujours pareil. Nous avons changé quelques réglages, mais c’est plus grâce à la conduite dans le bateau que nous marchons mieux. Après je ne peux pas décrire précisément le changement de ces réglages. Depuis 10 jours nous avions l’avantage dans la bagarre avec Skipper Macif. Mais depuis 2-3 jours ils avaient repris du terrain. Du coup, là nous sommes contents d’avoir repris l’avantage. Nous n’avons rien lâché, nous ne dormons pas, nous ne faisons que des choses pour optimiser la marche du bateau.»

Martin Le Pape, La Cornouaille

« Nous allons bien, à la vitesse que nous souhaitions. Nous sommes passés devant Generali, c’est une super nouvelle ! Les classements du matin sont vraiment importants. Pour nous, tout est encore possible, il reste encore 600 milles. Nous allons déjà nous battre pour la 3ème place, car si les conditions météo ne changent pas, pour aller récupérer la deuxième et même la première place, cela sera assez compliqué. (…) Nous n’avons pas prévu de faire de manœuvres d’ici l’arrivée à St Barth. Cela fait déjà quelques semaines que nous faisons tout pour faire avancer la machine. Ceux qui nous intéressent depuis quelques jours ce sont 30 Corsaires et Generali. Nous surveillons leur vitesse, nous faisons gaffe. Generali va un peu moins vite et 30 Coraires avancent à la même vitesse que nous au classement ce matin. Nous avons 18 nœuds de vent, nous avançons à 10 nœuds sous spi, pas un nuage dans le ciel étoilé, je suis en teeshirt et en short et en crocs… et avec les dauphins autour du bateau ! C’est le rêve. Cela fait 2 nuits que nous n’avons plus du tout de grains. »

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