Le monstre de Gascogne

© Alexis Courcoux

Les derniers milles de cette Transat B to B seront peut-être les plus difficiles de la traversée. En arrivant sur le golfe de Gascogne, dans des conditions météorologiques particulièrement dures, les solitaires savent qu’ils vont devoir avant tout se comporter en bon marin. Savoir ramener son bateau en état reste le plus sûr moyen de faire un résultat.

Les derniers jours n’auront rien d’une partie de plaisir. C’est après avoir passé la porte de sécurité que la flotte risque de subir le pire de cette transat retour entre Saint-Barth et Lorient. En abordant le golfe de Gascogne, les solitaires vont devoir affronter des vents de sud-ouest de 40 à 45 nœuds, avec rafales à 70 nœuds. Puis, dans la journée de jeudi, les vents devraient basculer violemment au nord-ouest de 35 à 40 nœuds, avec toujours des grains très violents pouvant monter jusqu’à 70 nœuds. Ces conditions exceptionnelles, les solitaires du Vendée Globe, les rencontrent deux à trois fois pendant leur tour du monde, mais avec, la plupart du temps, de l’eau à courir devant leur étrave. Toute la difficulté va être pour les navigateurs de trouver le bon curseur pour continuer d’avancer vers l’arrivée sans aller trop vite et risquer de porter atteinte à la structure du voilier. La direction de course reste, bien évidemment, très attentive à l’évolution de la situation et continue d’analyser les derniers modèles, en liaison avec la cellule météo.

Ménager les bateaux comme les hommes

Les coureurs qui disposent d’informations météo précises savent bien à quoi s’attendre. Aussi tout le monde essaye de se préparer au mieux : dormir avant d’avoir sommeil, manger avant d’avoir faim, s’hydrater régulièrement, telle est la recette de Mike Golding (Gamesa) en vieux routier des courses hauturières. Pour d’autres, il s’agit avant tout de vérifier que le bateau est apte à affronter du mauvais temps. Pour Louis Burton (Bureau Vallée), cette transat retour a failli s’arrêter prématurément : son étai de trinquette s’est rompu au niveau de l’emmagasineur. Une avarie d’autant plus sérieuse que c’est principalement ce câble qui participe à la tenue du mât. Louis a pu réagir à temps, se positionner vent arrière, puis mettre en place un nouvel enrouleur. Néanmoins, le benjamin de la course préfère jouer la prudence et navigue donc sous ORC (une voile d’avant plus petite) et un ris dans la grand-voile. L’objectif premier reste de terminer et se qualifier pour le Vendée Globe. Pour Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3), les choses sont rentrées dans l’ordre suite à son ascension dans le mât pour débloquer le hook de son gennaker. Avec le recul, le tout récent marin de l’année 2011 se déclarait très satisfait : dans un exercice qu’il n’apprécie pas outre mesure, Jean-Pierre a su se montrer efficace et précis ; un bon moyen d’engranger de la confiance avant le prochain Vendée Globe.

Les tourments d’Alex

Après réflexion, Alex Thomson (Hugo Boss) a finalement décidé de faire une demande de réparation auprès du jury de la Transat B to B, concernant la porte de sécurité. S’il comprend parfaitement les impératifs de sécurité qui ont dicté la décision de la direction de course, le navigateur britannique estime que, compte tenu de sa position la plus nord de la flotte, le nouveau parcours lui impose des milles supplémentaires par rapport à ses concurrents situés plus au sud. Il a donc décidé d’entamer une procédure de réclamation qui a été reçue par le jury de la course, ce matin. Lequel jury va devoir attendre de disposer de tous les éléments qu’il juge nécessaire pour statuer le plus sereinement possible. Patience et longueur de temps sont parfois les meilleures garanties de l’équité.

Ils ont dit :

Vincent Riou (PRB)

« Les conditions actuelles sont ventées, mais ça va. Mais devant nous, c’est du très lourd. On réfléchit à une solution pour passer là-dedans, mais ça reste quand même quelque chose de pas simple à envisager. J’étais très favorable à cette porte, même si pour moi, en terme de classement ce n’était pas spécialement avantageux. C’était la meilleure décision à prendre : traverser l’Atlantique nord en plein hiver, ce n’est pas forcément facile. Nous faire redescendre plus au sud était une décision courageuse et c’était la meilleure, je tiens à le souligner. Quand on arrive sur l’Europe, on de fortes remontées de fond qui augmentent la puissance de la mer. C’est ce qui rend le golfe de Gascogne si dangereux…»

Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3)

«C’est une bonne préparation pour le Vendée Globe de voir qu’on est capable de résoudre ce genre de problème, par nature compliqué. Monter dans le mât, ça reste une aventure. Il faut bien préparer son affaire, ne jamais lâcher le mât. J’ai d’ailleurs appelé un copain montagnard qui monte des expéditions pour lui demander quelques conseils. Ce qui est le plus dur, c’est quand tu es aux deux tiers du mât, tu te demandes comment tu vas faire pour grimper les derniers mètres. C’est la force mentale qui te permet d’aller au bout.»

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Rivacom

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