Scène de méninges

© Alexis Courcoux

80 milles dans le nord-ouest de Madère, Nicolas Lunven et Eric Peron (Generali) mènent les débats, mais la tendance est au regroupement de la flotte dans un vent de nord mollissant. Les marins, perplexes face à une situation météo inhabituelle (vents faibles, de face) au niveau des Canaries, se creusent les méninges. Pour l’équipage de La Cornouaille, l’urgence est de réparer le safran bâbord, endommagé suite à une collision la nuit dernière avec un objet flottant.

Sept changements de leaders
Ces cinq premiers jours de course ont connu sept changements de leaders. Depuis le départ de Concarneau le 6 avril dernier, Cercle Vert, Interface Concept, Gedimat, Safran-Guy Cotten, Generali, Made in Midi, Skipper Macif et à nouveau Generali se sont succédé en tête de la transat, sans qu’aucun d’entre eux ne parvienne à marquer réellement l’avantage (record décerné à Safran qui a tenu plus de 24 heures aux avant-postes). Ces turn-over incessants sont la preuve que : 1/ Le niveau des équipages est très homogène 2/ Les prises de leadership sont le résultat de petits coups, de petits placements et qu’aucune stratégie n’a jusqu’à présent été décisive.
La nuit dernière, Nicolas Lunven et Eric Peron ont été très forts à ce jeu là. En empannant aux bons moments, ils ont réussi à se placer dans une position intermédiaire et à glisser en pointe, devant leurs adversaires. Dans leur sillage, une course poursuite à vue s’est organisée entre Interface Concept, Skipper Macif et Gedimat. Tandis que Corentin Horeau et Michel Desjoyeaux, toujours décalés au large, attendent leur heure, Generali parviendra t-il à conserver sa pole position longtemps ? Pas sûr. Depuis hier, la flotte s’est regroupée, en réduisant de moitié son écart en longitude (plus que 35 milles au lieu de 70 entre Bretagne-Crédit Mutuel Performance, le plus à l’ouest et 30 Corsaires à l’est). Elle est aussi en train de se « compresser ». Les hommes de tête sont en effet les premiers à ralentir un vent faiblissant, permettant aux poursuivants de combler un peu leur retard. « On commence à voir à l’horizon nos concurrents de derrière revenir sur nous » s’inquiétait Nicolas Lunven à la vacation du jour…

On se creuse les méninges
Tout ce petit monde fait cap au sud, vent arrière, dans un flux de nord de 10/12 nœuds qui va bientôt passer à l’est, obligeant les tandems à ranger les spis pour la première fois depuis 96 heures… La tête de flotte devrait donc doubler l’archipel de Madère sous génois, demain au petit matin. En attendant, les marins profitent de cette météo plus tranquille pour s’accorder de grosses siestes réparatrices. Car ils auront besoin de toute leur lucidité pour aborder une longue période de trouble météorologique. Une dépression au niveau des Canaries va les contraindre à aborder la marque de La Palma au près (ETA d’ici 48 heures). Cette même dépression sème la zizanie dans une zone habituellement balayée par les alizés. Pendant 48 heures, il n’y aura pas beaucoup de vent. « C’est assez étrange tout ca » nous écrivait Fabien Delahaye. Ce « marasme » météo va certainement créer des surprises dans les classements et la hiérarchie.

Trois bateaux pénalisés
Contrôlés par le jaugeur trois heures avant le départ de Concarneau, trois bateaux ont fait l’objet d’un rapport et d’une réclamation du comité de course, leur réservoir de gasoil n’étant pas plein de façon règlementaire. Résultat : 35 mn de pénalité pour Guadeloupe Grand Large 2 et Entreprendre en Cornouaille, et 25 mn pour Guadeloupe Grand Large 1. Ces trois concurrents doivent effectuer leur pénalité en mer cet après midi, dans le nord-ouest de Madère en réalisant une boucle de part et d’autre d’un segment virtuel (perpendiculaire à leur route).
Dernière minute : Safran endommagé pour La Cornouaille
Roland Jourdain et Martin Le Pape (La Cornouaille) on contacté la Direction de Course de la Transat AG2R il y a quelques minutes pour leur signaler qu’ils avaient percuté un OFNI la nuit dernière, vraisemblablement un container, qui a abîmé leur safran bâbord. La structure du bateau n’est pas touchée. Les deux hommes poursuivent leur route en attendant de pouvoir inspecter les dégâts. Voici le message qu’ils ont envoyé cet après-midi à l’organisation :
« Un petit mot pour vous dire qu’on a percuté hier un OFNI avec le safran bâbord. Le safran est endommagé mais plutôt côté bord de fuite, on a eu un coup de bol monstre, le choc s’est produit tout en bas du safran et a arraché l’arrière… On devrait pouvoir continuer, on attend la pétole pour y voir plus clair sous l’eau, pour l’instant on régate vers les Canaries. »

LES MOTS DES MARINS

Message reçu de Skipper Macif:

Bonjour à tous,

Ambiance grise mais avec un peu plus de chaleur ce jour, nous n’avons pas beaucoup vu le soleil depuis le départ. Il fait froid depuis Concarneau et c’est la première journée où il fait « presque sec » et où on peut enfin enlever le ciré humide. Nous avons empanné ce matin, on est dans un petit groupe avec Gedimat à 100m et Interface Concept à peine plus loin. Generali est en tête, à vue pas loin devant donc les nouvelles sont plutôt bonnes. C’est encourageant pour la suite qui s’annonce molle, avec du près pour passer La Palma. C’est assez étrange tout ça.

Affaire à suivre ! Bonne fin de semaine à tous et bon week end.

A bientôt

Fabien à la table à carte, Yoann à la barre, à bord de Skipper Macif où tout roule

Nicolas Lunven, Generali, joint ce midi à la vacation :

Ce sont aujourd’hui des conditions plutôt clémentes. Nous avons 10 nœuds de vent sous spi, le bateau est à plat, la mer s’est calmée. Mais nous ne sommes pas très contents parce que le vent mollit. Et comme nous sommes en tête, on voit les concurrents se rapprocher petit à petit. On est exactement dans le Nord-Ouest de l’île Madère à 120 milles, soit 200 km. Depuis hier, la météo est très sympa avec nous Bretons : ciel gris pour ne pas nous dépayser. Les températures sont agréables, il fait doux et sec la nuit, on n’a pas besoin de cirés, et pas encore de crème de solaire. C’est vrai que le début de course au niveau de sommeil fut difficile. Les conditions nécessitaient d’être sur le pont tout le temps. Depuis 48 heures, on est dans un schéma ou ça bouge moins. On trouve plus facilement le repos et c’est moins sollicitant pour le corps…

LE TROPHEE DE LA PERFORMANCE

Remporté par Guadeloupe Grand Large 2 avec 204 milles parcourus entre le 10 avril 12h et le 11 avril 12h.

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