Des marins philosophes

© Alexis Courcoux

Ils ont beau étudier les fichiers météo, surveiller les classements et contrôler leurs adversaires, les équipages naviguent dans le flou. « Il faut prendre la course avec philosophie » expliquait à la vacation de 5 h ce matin Paul Meilhat (Safran-Guy Cotten). Le système dépressionnaire installé sur les Canaries barre la route avec des vents mous et très variables. On peut déjà parier sur un regroupement dès le passage de Madère.

Les 14 équipages ont ce matin dépassé la latitude de Gibraltar et la plupart d’entre eux a empanné cette nuit pour faire cap vers le point de passage obligatoire de La Palma. De 70 milles d’écart en latéral hier soir, la flotte se resserre : entre Bretagne – Crédit Mutuel Performance le plus à l’Ouest et 30 Corsaires, le plus à l’Est, il y a désormais 50 milles. Nicolas Lunven et Eric Péron (Generali) mènent la danse au premier classement du jour. Le résultat d’un joli travail d’empannages pour contourner au mieux la bulle sans vent : « On essaye de contourner une dépression stationnaire située entre nous et le sud de Gibraltar. Nous faisons le tour par l’Ouest, on a empanné plusieurs fois pour essayer de faire la route la plus courte. »

La course au mode ralenti

D’une folle chevauchée à plus de 200 milles avalés quotidiennement, la course passe aujourd’hui au mode ralenti. Alors qu’elle se situe à 140 milles de Madère, la flotte navigue dans moins de 15 nœuds de vent. Un vent qui va continuer à mollir, voire s’essouffler à Madère. Gare aux dévents de l’île montagneuse (3000 m d’altitude !). Il va falloir la contourner très au large. Les choix tactiques vont alors être déterminants pour ensuite approcher les Canaries tout en gardant en tête la suite du parcours et la meilleure façon d’accrocher les alizés. Un week-end studieux et éprouvant pour les nerfs en perspective !

Le rythme est pris

C’est la deuxième nuit à peu près tranquille pour les navigateurs et navigatrices. Les trois skippers joints ce matin (Yoann Richomme sur Skipper Macif, Eric Péron sur Generali et Paul Meilhat sur Safran-Guy Cotten) semblaient avoir la pêche, la voix claire et reposée. Le rythme de « croisière » est pris. « On commence à bien prendre notre rythme, on mange bien. On rigole, on ne s’est pas tapé dessus. Sauté de dinde aux pruneaux, risotto de la mer et hier soir du poulet, c’est très bon, on mange bien ! » racontait Eric Péron.

LES MOTS DES MARINS

Eric Peron, Generali :

Il y a actuellement 15 nœuds de vent avec une mer résiduelle du vent d’hier. On a 1,5 mètre de houle avec du clapot dans tous les sens. On essaye de contourner une dépression stationnaire située entre nous et le sud de Gibraltar. Nous faisons le tour par l’ouest, on a empanné plusieurs fois pour essayer de faire la route la plus courte. Le vent va mollir au fur et à mesure. A Madère, on aura un peu d’Est-Nord-Est très très mou, 5 nœuds sur les fichiers. Ca ne va pas être très fun. Quand on ne sait pas, on fait comme on peut. On commence à bien prendre notre rythme, on mange bien. On rigole, on ne s’est pas tapé dessus…

Yoann Richomme, Skipper Macif :

Tout va bien à bord. On commence à croiser bientôt avec les petits copains. C’est très paisible, il n’y a plus qu’une quinzaine de nœuds de vent donc c’est beaucoup plus cool. Je pense qu’il reste encore quelques heures pour nous avant d’empanner, le choix est délicat. On va surtout faire un positionnement par rapport aux autres. Ceux qui sont à l’extérieur vont devoir aller chercher plus vers l’ouest pour protéger leur position. C’est de la tactique par rapport aux autres plutôt que de la stratégie. Ce n’est pas simple pour les jours à venir, pour aller jusqu’aux Canaries. On discute beaucoup même si on fait une stratégie sans trop de prise de risques.

Paul Meilhat , Safran – Guy Cotten:

Nous sommes dans un vent très instable, qui change beaucoup en force et en direction. On a empanné depuis quelques heures pour faire route vers La Palma, maintenant c’est un grand bord de vitesse. On est assez content de notre placement pour l’instant. A Madère, souvent il y a beaucoup de dévent et de perturbations. C’est plutôt le petit système dépressionnaire étendu quand on arrive sur Les Canaries, ça va faire mollir le vent. Les deux prochains jours vont être compliqués. On prend les choses avec philosophie car il y a beaucoup de choix à faire pour les trois prochains jours et ce sera assez déterminant pour la suite. Nous avons eu des conditions clémentes depuis le départ mais cette dépression au niveau des Canaries va nous obliger à faire du près. Il va y avoir beaucoup de transitions à gérer.

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