Nuit acrobatique sous spi

© Alexis Courcoux

Ce matin à la longitude de Porto, la flotte, toujours menée par Safran-Guy Cotten (Gahinet/Meilhat), progresse à la vitesse de 10 nœuds par un vent moins vigoureux. Les tandems soufflent un peu, car cette nuit fut pour le moins sportive : 37 nœuds dans les rafales, une mer encore agitée, des manœuvres d’empannage. Les 14 équipages font actuellement route vers l’ouest pour éviter une zone de dévent le long des côtes portugaises. Tous se grattent la tête, car la descente vers les Canaries ne semble pas encore très claire.

Après le choix tactique du passage du DST, les deux groupes de l’ouest et de l’est commencent à se rapprocher. La flotte ce matin est clairement divisée en deux : 58 milles séparent le groupe de tête des trois derniers (Lorientreprendre, Guadeloupe Grand Large 1 et Guadeloupe Grand Large 2). Aujourd’hui sera une course de vitesse sous spi sans choix tactique. C’est à la longitude de Gibraltar en approche de Madère que tout va se compliquer.

Nuit de folie

Le groupe de l’ouest est au taquet. Quatre bateaux (Gedimat, Generali, Interface Concept et Bretagne – Crédit Mutuel Performance) naviguent à vue. Une régate façon baie de Quiberon en plein Atlantique. « Ca a été une nuit à l’attaque ! Nous nous regardions dans le blanc des yeux avec les autres concurrents. Personne n’osait faire de changement de voile. Il y avait pourtant des rafales à 37-38 nœuds et nous étions sous grand spi. » racontait ce matin à la vacation de 5 h Gildas Mahé (Interface Concept). A deux sur le pont, les marins se sont donnés à fond pour éviter les départs au tas, pour aller vite tout en préservant le matériel. Ereintés, après cette nuit de folie, ils vont maintenant profiter du vent mollissant pour recharger les batteries et attaquer la suite du parcours qui sera moins physique mais très sollicitante pour les nerfs.

Safran Guy-Cotten mène toujours les débats

Anticipation, trajectoire parfaite, voilà de quoi se satisfait le tandem Gahinet/Meilhat. En tête depuis lundi, l’équipage a pour le moment réalisé les bons choix et se trouve désormais à 7 milles de ses adversaires les plus proches. « C’est super, tout se passe pour le mieux à bord, nous arrivons à bien anticiper les choix et techniquement tout se passe bien. Pourvu que ça dure. » expliquait Paul Meilhat ce matin. La route est longue et semée d’embûches et les Figaristes sont des durs au mal. La régate ne fait que commencer. Il reste encore 3 300 milles devant leurs étraves et un océan à traverser…

LES MOTS DES MARINS

Paul Meilhat Safran – Guy Cotten :

Le vent vient de mollir un petit peu, le rythme à bord est un petit peu plus cool. Nous avons passé près de 12 heures dans du vent fort avec des vitesses de vent à 30 nœuds. Nous avons bien anticipé les manœuvres et nous les avons limitées au maximum. Du coup nous n’avons pas fait de vrac. Nous n’avons fait que deux empannages, nous sommes passés près du DST. Stratégiquement, cela va être un peu plus simple, il n’y a pas beaucoup de choix à faire dans les prochaines heures. Nous avons contourné une petite dépression par l’ouest. Nous attendons que cela se précise pour faire route vers les Canaries. Nous allons faire du portant pendant les prochaines 24 heures. Nous en profiterons pour nous reposer.

Alexia Barrier, 30 Corsaires :

En ce moment nous sommes sous spi, pleine voile. Nous déboulons sous spi depuis le cap Finisterre. Nous sommes passés par l’intérieur du DST car nous sentions qu’il y avait du vent au cap Finisterre et pour nous c’était logiquement le chemin le plus court pour descendre ensuite vers le sud. Nous étions sous petit spi une bonne partie de la nuit car il y avait quand même des vagues déferlantes. C’est Laurent le champion du monde du changement de spi. Nous allons rester sur cette trajectoire, et nous allons nous positionner pour la suite. Nous devrions rencontrer moins de vent par la suite. Tout va bien à bord, nous avons cassé le hâle bas que Laurent a réparé super vite. On s’entend bien tous les deux. Nous sommes dans le rythme.

Gildas Mahé, Interface Concept :

Ça va nickel. Ça mollit, c’est agréable. La mer commence à se lisser. C’était bien de faire de la vitesse sous spi mais c’était quand même à l’attaque cette affaire… En fait, ça a été une nuit à l’attaque ! Nous nous regardions dans le blanc des yeux avec les autres concurrents. Il y avait Bretagne Crédit Mutuel Performance, Safran – Guy Cotten, Gedimat et Generali à vue. Personne n’osait faire de changement de voile. Il y avait pourtant bien des rafales à 37-38 nœuds et nous étions sous grand spi. Le vent a molli donc nous sommes tous les deux sur le pont, nous n’arrivons pas à dormir. Actuellement, nous devons être à trois mètres de Bretagne Crédit Mutuel Performance. Nous voyons à peu près tous nos concurrents directs. Nous nous éloignerons donc de la ligne sans vent située au niveau du Portugal. C’est compliqué, je ne sais pas comment cela va se passer aux Canaries. La dépression met un peu le bazar. Certains routages nous font arriver au près aux Canaries.

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