Corentin Douguet : La Solitaire en prélude du Vendée Globe ?

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Le navigateur Corentin Douguet est de retour sur La Solitaire du Figaro, épreuve dont il a déjà conquis deux fois le podium. Après trois saisons à manager l’équipage du M34 Nantes Saint-Nazaire, le vainqueur de la Mini Transat 2005 estime qu’il s’agit d’une étape nécessaire vers un autre projet d’envergure : être au départ du Vendée Globe !

Corentin, tu annonces aujourd’hui que tu seras au départ de la prochaine Solitaire du Figaro. Quel sens donner à ce retour à la navigation en solo?

J’ai l’intention de m’aligner sur le Vendée Globe 2016 et pour préparer ce tour du monde, naviguer en solitaire est une étape nécessaire. Or, il ne fallait pas attendre d’avoir un soixante pieds à disposition pour revenir. Cela correspond à un moment de ma vie et de ma carrière, à une envie, des objectifs. Et puis, même si j’ai terminé deux fois sur le podium, je n’ai toujours pas gagné La Solitaire ! (rires).

Sous quelles couleurs vas-tu courir ?

Le bateau s’appelle ‘Un maillot pour la vie’, du nom d’une association qui améliore le quotidien des enfants hospitalisés. J’en suis un des parrains depuis plusieurs années avec d’autre sportifs de haut niveau, comme Jérôme Fernandez, le capitaine de l’équipe de France de handball et Fabien Pelous, l’ex-capitaine du Stade Toulousain et du XV de France, deux grands bonhommes. Je suis père de famille aussi et c’était important pour moi de donner du sens à ce que je fais. Côté financier, j’ai monté un clubs d’entrepreneurs qui souhaitent soutenir un projet solidaire et à la fois bénéficier d’un outil de communication performant à moindre coût. C’est ce même schéma que je veux appliquer d’ailleurs pour le projet Vendée Globe.

Quelles ambitions sportives as-tu pour ce retour sur la prestigieuse Solitaire ?

J’ai participé cinq fois à cette course. J’ai terminé deux fois troisième du classement général, en 2007 et 2010, et j’ai gagné une étape dans le gros temps, entre Brest et La Corogne, en 2007. J’ai vécu évidemment beaucoup d’autres choses, certaines très positives et d’autres moins, mais je suis un compétiteur… et disons que même si ça peut paraitre très ambitieux, l’objectif cette année est de faire au moins aussi bien que la dernière fois ! Donc finir sur le podium et plus si affinités. Après, on sait bien que La Solitaire est une course très dure et que tous les ans on y trouve quinze marins qui peuvent prétendre au podium. Cela veut donc dire qu’il y a une douzaine de déçus à chaque fois… et qu’il faut essayer d’être dans la première catégorie!

Quelle préparation vas-tu suivre?

Je vais m’entrainer à Lorient avec Tanguy Leglatin . Par le passé, j’avais déjà collaboré avec lui et c’était très constructif. Tanguy a d’excellents résultats, que ce soit en Figaro ou dans d’autres séries. Et je vais participer aux courses préparatoires du circuit, la Solo Maitre Coq et la Solo Concarneau, ainsi que le Spi Ouest et peut-être la Solo Basse Normandie au mois de mai. Je serai prêt pour le départ de la Solitaire à Deauville en juin.

Le parcours est très anglo-saxon. Et les traversées de Manche en solo, cela te rappelle au moins un excellent souvenir, non ?

Ah c’est sûr qu’on ne va pas aller vraiment chercher la chaleur… Pas d’Espagne au programme cette année, mais en revanche des traversées de Manche à répétition, dont trois sur la seule première étape ! C’est vrai que j’ai quelques bons souvenirs dans ce coin-là : sur ma toute première Solitaire du Figaro en 2006, je sors de la rade de Cherbourg en tête… et de l’autre côté, en Angleterre, je le suis toujours. C’était une sensation incroyable pour un bizuth. Et puis cette année la course finit aussi à Cherbourg, où j’avais décroché ma troisième place au général en 2010… mais bon.. c’est anecdotique, je sais aussi faire de belles choses ailleurs qu’en Manche ! (rires).

Les trois années passées à manager un équipage de M34 étaient-elles instructives?

J’avais besoin de faire du management humain avant de me lancer dans un gros projet et cet aspect a été une partie super enrichissante et instructive du projet. Cela oblige à aller au bout de chaque chose. Pendant trois ans j’ai eu à bord de mon bateau des marins de très haut niveau, comme Matthieu Richard, Pierre Leboucher et plein d’autres…Quand tu dois naviguer au top avec une quinzaine de personnes par saison, tu apprends forcément beaucoup. Une coupure de trois ans comme celle-ci permet de retrouver de la fraicheur mentale. J’ai quelques mois pour retrouver mes automatismes. Certains ont d’ailleurs prouvé dans les années précédentes qu’on pouvait revenir plus fort au Figaro après avoir coupé. Je pense notamment à Yann Eliès et Armel Le Cléac’h. Je ne dis pas que je suis aussi fort qu’eux, je dis qu’ils étaient encore plus forts qu’avan! t quand ils sont revenus sur la Solitaire. Je ne suis pas du tout inquiet sur ma capacité à au moins retrouver le niveau de Figaro que j’avais voilà trois ans.

Et ce retour est donc une étape vers le Vendée Globe 2016…

Oui. Idéalement, j’aimerais reproduire le schéma de ce club de partenaires pour y participer dès 2016. Pour les enfants hospitalisés, ce sera déjà super de suivre « Un maillot pour la vie » sur La Solitaire… et suivre un Vendée Globe serait forcément fabuleux ! Un Maillot pour la vie est une petite association qui se démène vraiment, j’en suis un des parrains depuis quatre ans… et je suis vraiment heureux de mettre mes compétences et mon énergie au service de cette jolie cause… en plus ça me donne de l’énergie ! Ensuite, quand on est marin, faire le tour du monde est forcément un aboutissement…

C’est aller au bout d’un rêve ?

Je suis venu à la voile par la croisière, par le plaisir d’être en mer. Quand tu as cette passion, faire le tour du monde évoque plein de choses. Le Vendée Globe répond à ce premier rêve qui est tout simplement de se dire : « quand je serai grand, je ferai le Tour du monde ». Cette envie est ancrée forcément, profondément. Mais il y faut un engagement total, à tous niveaux. Pour s’engager dans un projet pareil, il faut que tout soit calé dans ton environnement. C’est le cas aujourd’hui pour moi. Je suis marié, père de deux enfants et je me sens prêt pour vivre cette grande aventure et la partager. Tout simplement.

Jusqu’ici tu as fonctionné en t’imposant des ambitions sportives élevées, que ce soit en Mini ou en Figaro. Et pour le Vendée Globe?

Ce qui me parait cohérent est de fonctionner en deux temps. L’idée est d’y aller une première fois dès 2016 sur un bateau d’occasion, avec un budget raisonnable et l’objectif de découvrir et boucler la boucle. De toutes façons sur le Vendée, quand tu réussis à terminer, le classement suit. Le deuxième temps serait d’y retourner en 2020 avec un projet potentiellement gagnant, fort de cette première expérience.

Une dernière question plus terre à terre pour revenir à ton actualité immédiate : ton budget Figaro est-il totalement bouclé?

Le bateau est à l’eau et des partenaires sont déjà présents, mais il est encore possible d’embarquer dans l’aventure dès cette année. Et puis… la porte est ouverte pour mettre la machine en route en prévision du Vendée Globe !

 

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Agence Mer et Media

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Informations diverses

Mis à l'eau le: 19 février 2014

Matossé sous: 2016-17, Course au Large, Figaro 2, IMOCA, La Solitaire du Figaro, Monotypie, Vendée Globe

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