Effets de houle

© BPCE

Depuis plusieurs jours maintenant, le Maxi Banque Populaire V est livré à des conditions assez typiques d’une navigation dans le Grand Sud. Poussés par un vent d’Ouest de 30 nœuds et une mer formée, les hommes et la machine endurent la rudesse du moment. Si l’établissement d’une longue houle promet de belles sensations, elle ne fait pourtant que précéder des heures prochaines placées sous le signe de la violence de l’océan. Pacifique vous avez dit ?

Au vingtième jour de course, le trimaran géant aux couleurs de la Banque de la Voile poursuit donc sa navigation sur un bord Sud Est au grand large de la Tasmanie. Toujours sous l’influence d’un flux d’Ouest, la navigation renoue difficilement avec un peu de confort, la mer tendant à s’organiser en une longue houle caractéristique des mers du Sud. Si le passage au large du cap Leeuwin samedi dernier avait sonné pour Loïck Peyron et ses équipiers l’arrivée dans un autre monde, c’est pourtant aujourd’hui que s’est faite l’entrée officielle des quatorze hommes du bord dans l’océan Pacifique. Toutes les occasions étant bonnes à saisir en matière de record, ils engrangent ainsi un nouveau temps de référence intermédiaire pour le tronçon Cap des Aiguilles-Sud de la Tasmanie *. Contacté à la vacation de la mi-journée, Loïck Peyron revenait sur les conditions de cette arrivée dans le Pacifique :  » L’état de la mer s’est amélioré. La houle devient très longue. On a passé un début de nuit très difficile avec une mer très courte. Il fallait ralentir pas mal, mais maintenant ça va. On n’a malgré tout pas pu éviter une chute dans une vague assez impressionnante ce matin, en battant certainement le record de vitesse instantanée du bateau en dépassant les 48 nœuds… et en chute libre. C’était plutôt Newton qui nous aidait qu’Eole . Il y a des creux d’une dizaine de mètres parfois, mais avec une très longue période, pas loin de 200 mètres, entre chaque crête. Ca rend les choses parfaitement maniables. Il n’y a que dans le Sud qu’on voit des périodes aussi longues. Les vagues avancent à une trentaine de nœuds, un petit peu comme nous, ce qui fait qu’on arrive vraiment à glisser dessus et c’est vraiment très joli « .

* En attente d’homologation par le WSSRC

40 noeuds sous mât seul…

Mais ces glissades sudistes ne doivent pas pour autant éclipser un avenir météorologique semé d’embûches. Ainsi, avec la température qui ne cesse de chuter revient planer la menace des glaces. Alors que l’équipage de Banque Populaire V projette de descendre à la latitude du Cap Horn, soit 56°, les jours à venir vont une fois encore nécessiter une veille de tous les instants. En cause, une nouvelle zone parsemée d’icebergs plus ou moins imposants qui prend des aises sur la route :  » D’après les informations dont nous disposons, il n’y a pas de glaces dans les 48 heures qui viennent. En revanche, au milieu du Pacifique, on a déjà la position d’un certain nombre de « glaçons » dont un gros bébé de 7 kilomètres de long dont on sait pertinemment qu’il est en plein milieu mais beaucoup plus Nord, par 53°/54°. On va remonter tout doucement pour éviter cette zone de glaces qu’on a d’ores et déjà délimitée « . Conjointement à ces écueils à esquiver, le Pacifique va également se charger de plonger les marins et leur monture dans une marmite aux allures inquiétantes :  » On sait qu’on va rencontrer des conditions difficiles dans 48 heures, juste après la Nouvelle-Zélande, en bordure d’un anticyclone. On va avoir des vents de Nord très très forts. On va être plein vent de travers avec 40 nœuds vraisemblablement. Il va nous être impossible de les éviter et ça ne va pas être très confortable parce que c’est l’allure où on ne peut pas ralentir, ou très difficilement. J’ai l’impression que ça va peut-être se terminer sous mât seul ou peut-être la grand-voile à trois ris, au minimum. Et puis tout de suite après, il n’y aura pas beaucoup de vent parce qu’il y a cet anticyclone. Pour l’instant, il y a une prévision d’une grosse dépression juste avant le cap Horn. A priori elle est une peu stationnaire dans cette zone. Mais on s’attend de toutes façons à tout à ces latitudes un peu complexes. Ca ne peut pas être une promenade de santé « .

Dans ce contexte, le « petit coup de mou » prévu pour la journée de demain au Sud de la Nouvelle-Zélande est finalement de nature à réjouir l’équipage. Certes, la progression devrait légèrement en faire les frais, mais au moins l’accalmie permettra-t-elle, si l’état de la mer l’accorde, de faire une revue complète du mât avant la suite qui, on l’a compris, n’offrirait aucune trêve.

*Sous réserve d’homologation et de ratification par le WSSRC (World Sailing Speed Record Council).

Le record en chiffres

Record à battre :

Pour devenir nouveau détenteur du record, le Maxi Banque Populaire V devra être de retour au plus tard lundi 9 janvier 2012 à 17h 15min et 34s (heure de Paris).

Le Maxi Banque Populaire V a passé le sud de la Tasmanie (146°, 49′ ligne imaginaire retenue par le WSSRC* entre l’Indien et le Pacifique) ce lundi à 15 heures 43 minutes 15 secondes
Temps de parcours entre le Cap des Aiguilles et le Sud de la Tasmanie : 8 jours 7 heures 22 minutes 15 secondes
Soit 10 heures 17 minutes et 45 secondes de mieux Groupama 3 en 2010.

Le Maxi Banque Populaire V a franchi le sud de la Tasmanie après 20 jours 7 heures 11 minutes et 33 secondes de course. Il possède une avance de 3 jours 2 heures 14 minutes et 34 secondes sur le record du Jules Verne.

* World Speed Sailing Record Council

Temps de référence :

Groupama 3 (Franck Cammas) – 48 jours 7 heures 44 minutes 52 secondes

Avance/Retard à 17h00 :

2094,7 milles d’avance par rapport au temps de référence

Source

Mille & une vagues

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