Du match à tous les étages…

  • © Jean-Marie Liot
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Cinq nouvelles arrivées de Class40 la nuit dernière et au petit matin brésilien : d’ailleurs trois équipages en ont bavé pour conclure ce parcours de 5 450 milles dans de tout petits airs nocturnes et sous une bruine tropicale. Le dernier arrivé à Itajaí est le britannique de Caterham Challenge (Mike Gascoyne et Brian Thompson) qui finissait juste avant 19h française.

Après le final tonique des premiers, les arrivées se succèdent avec des conditions météorologiques beaucoup plus variables depuis ce week-end ! Le petit temps est au rendez-vous, en particulier pour les derniers cinquante milles qui ont souvent été laborieux voire pénibles pour les duos ces trois derniers jours. La faute à un anticyclone de Sainte Hélène très Sud et très étendu sur l’Atlantique Sud ce qui laisse une zone de marasme météorologique dans la baie de Rio de Janeiro…

Des places à prendre !

De fait de petites bulles dépressionnaires s’installent au large d’Itajaí avec beaucoup de nuages dus à des bouffées de chaleur tropicale qui s’échappent du Brésil et de l’Argentine. Une perturbation se crée ainsi au large du Rio de La Plata et une autre se forme sous le cap Frio avec un front orageux actif. Le vent portant qui régnait en maître depuis l’arrivée des leaders va s’inverser pour passer à l’Ouest dans le Sud de Sao Paolo dès demain mardi voire même dans la nuit prochaine !

Cette bascule de 180° n’a pas gêné le Class40 britannique de Mike Gascoyne et Brian Thompson (Caterham Challenge) qui déboulait au contraire sous spinnaker à fond les ballons ce lundi soir. Mais pour les suivants, ce nouveau paramètre oblige à anticiper la route : Mr Bricolage (Rousseau-alluin), Proximedia – Sauvez mon enfant (van Weynbergh-Criquioche), Matouba (Guillonneau-Audigane) et Eärwen (Pourre-Royer) ont ainsi déjà obliqué vers le Sud pour se positionner sur ce louvoyage. Il faut s’attendre à un changement hiérarchique sur ces derniers milles car Matouba est bien placé pour s’extirper le premier de ce dernier piège… Réponse demain mardi après-midi.

Quant à April-Deltacalor (Regnier-Darni), il pourrait en finir une petite huitaine d’heures plus tard, c’est à dire dans la nuit de mardi à mercredi. Ne restera plus alors en mer que Obportus3 (Roussey-Burger) et Croix du Sud (Zwagerman-Conway) qui débordaient le cap Frio ce lundi après-midi et devraient donc atteindre Itajai à moins de 500 milles d’ici jeudi. EcoElec (Darni-Bernard) naviguait au large de Vitoria tandis que 11Th Hour Racing allait passer devant Salvador de Bahia la nuit prochaine…

Classement de la Transat Jacques Vabre (Class40’)

  1. GDF SUEZ (Sébastien Rogues-Fabien Delahaye) : 20j 21h 41’ 25’’
  2. Tales Santander 2014 (Alex Pella-Pablo Santurde) : 21j 01h 22’ 15’’
  3. Mare (Jörg Riechers-Pierre Brasseur) : 21j 03h 21’ 55’’
  4. Watt and Sea-Région Poitou Charentes (Yannick Bestaven-Aurélien Ducroz) : 22j 08h 14’ 46’’
  5. Groupe Picoty (Jean-Christophe Caso-Aymeric Chappellier) : 22j 10h 26’ 47’’
  6. SNCF Géodis (Fabrice Amédéo-Armel Tripon) : 22j 10h 54’ 39’’
  7. ERDF-Des pieds et des mains (Damien Seguin-Yoann Richomme) : 22j 12h 14’ 14’’
  8. Vaquita (Christof Petter-Andreas Hanakamp) : 22j 13h 39’ 33’’
  9. Campagne de France (Halvard Mabire-Miranda Merron) : 22j 23h 47’ 47’’
  10. Phoenix Europe (Louis Duc-Stéphanie Alran) : 23j 02h 40’ 07’’
  11. Solidaires en peloton (Victorien Erussard-Thibaut Vauchel-Camus) : 23j 10h 02’ 05’’
  12. BET1128 (Gaetano Mura-Samuel Manuard) : 23j 10h 29’ 48’’
  13. Fantastica (Stefano Raspadori-Pietro D’Ali) : 23j 11h 43’ 40’’
  14.  Caterham Challenge (Mike Gascoyne – Brian Thompson) : 23j 16h 36’ 10’’

Ils ont dit

Halvard Mabire, skipper du Class40 Campagne de France :

Nous n’avons pas eu une journée tranquille ! On a presque jamais pu aérer le bateau, faire sécher les affaires. Et la mer a tout le temps été agitée. Mais cela reste un beau parcours, sans se prendre la tête avec les options : c’était tout droit et rapide ! Dommage que ça parte par devant à chaque fois. Dommage aussi qu’on ne soit pas tous partis ensemble de Roscoff : les conditions météo ont été tellement défavorables aux poursuivants, dès le cap Finisterre. On a eu du monde à côté et ça, c’est vraiment une caractéristique des Class40’. On a hâte de recommencer. Même si on n’a jamais eu de répit, qu’on a tout le temps été mouillé, qu’on a toujours eu une mer très dure. Au Cap-Vert je n’avais jamais vu ça : des alizés très forts et une mer chaotique…
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Miranda Merron, co-skipper du Class40 Campagne de France :

Nous avons été frustrés par la perte de notre spinnaker : cela nous a fait décrocher du groupe de tête. Ce fut une transat dure parce que les bateaux sont violents : on arrête pas de se cogner, de se faire secouer et mouiller… Je crois que tous les Class40’ ou presque vont arriver bien avant les meilleures prévisions d’avant départ : c’est dire s’ils sont véloces dans ces conditions de vent travers et portant. D’ailleurs il nous reste de quoi manger : quelqu’un veut un lyophilisé ?

Louis Duc, skipper du Class40 Phoenix Europe :

Vingt-cinq jours après être partis du Havre, c’est toujours sympa de mettre pied à terre ! Et on est super contents de finir dans les dix premiers parce que ce n’était pas évident au départ. Mais on a su gérer nos petits problèmes, et se battre pour garder à distance les trois-quatre bateaux qui nous suivent… C’était une longue transat en termes de distance parcourue, mais en temps ce n’est pas si long puisqu’on a très vite touché des vents puissants et portants. Nos choix de route ont été faits en grande partie en fonction des voiles qui nous restaient : sans petit spinnaker, nous n’aurions pas pu suivre la trajectoire des leaders. En plus on a vu qu’il y aurait peut-être une petite panne d’alizés au large…
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Stéphanie Alran, co-skipper du Class40 Phoenix Europe :

J’ai l’impression qu’on s’est quitté hier : le parcours était hyper varié et notre option dans l’Est nous a fait passer entre les îles. Cela a pimenté notre périple ! Même si aux Canaries et au Cap-Vert, on est passé de nuit… Côté avarie depuis Ouessant, nous n’avons plus d’axe de vit de mulet : la bôme est ainsi plantée sur le pont avec des bouts. On ne voulait pas s’arrêter. C’était une belle transat !

Victorien Erussard, skipper du Class40 Solidaires en peloton :

Contents de notre transat mais déçus du résultat. C’était super important de conclure comme cela parce qu’on est repartis complétement déprimés du Portugal après avoir réparé tout ce que nous avions cassé sans pour autant avoir fait des erreurs. On avait un peu le sentiment que le sort s’acharnait contre nous parce qu’on avait une moyenne de deux-trois problèmes par jour entre l’électronique, l’informatique, l’électricité, les voiles… Mais le bateau est excellent ! En repassant de la 23ème à la 11ème place, on démontre que le potentiel du plan Farr est là : on a dû avoir les meilleures moyennes de la flotte sur quatre heures plusieurs fois.
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Thibaut Vauchel-Camus, co-skipper du Class40 Solidaires en peloton :

Cela fait deux ans que nous naviguons ensemble : on a même vécu ensemble alors trois semaines en double, ça ne pose pas de problèmes. Surtout qu’on est reparti de Lisbonne pour se faire plaisir et on a été servi ! Et puis il y a tellement de gens qui nous soutiennent : Solidaires en peloton, ce n’est pas seulement un bateau, un skipper, un co-skipper, c’est aussi et avant tout des entreprises qui financent un projet sportif, ainsi que la fondation pour la lutte contre la sclérose en plaques qui représente 80 000 personnes en France. On a reçu des messages de soutien de plein de gens qui subissent ce handicap tous les jours : ça nous a boosté !

Gaetano Mura, skipper du Class40’ BET1128 :

On n’avait pas le Code5 et on allait moins vite… On n’a jamais baissé les bras, mais on ne pouvait pas aller aussi rapidement que les leaders. Mais on a toujours gardé le moral, malgré le mât qui a bougé sur le pont avant le cap Finisterre et qui nous a obligé à une escale technique, malgré le bout dehors cassé, malgré la perte d’une voile. Mais au final, on est au Brésil ! Et je suis le premier Italien Class40’ arrivé… On a fait 20 jours bâbord amures et je penche encore un peu ! C’était une longue course, mais très intéressante.

Samuel Manuard, co-skipper du Class40’ BET1128

C’est bien d’arriver ! On a eu pas mal de soucis techniques et nous avons fait une partie de la course sans les voiles adaptées. Et en plus, pas de bout dehors entre le Cap-Vert et Recife… On a été contraints de naviguer sur un faux rythme : ce n’est pas usant physiquement, mais nerveusement c’est pénible… Et c’était quand même très humide pendant toute la course…

Source

Soazig Guého

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