La transat des gens heureux

Les arrivées commencent à se succéder à bon rythme à Itajaí : après les premiers des trois classes (MOD70, Multi 50, IMOCA), les poursuivants en terminent dans des conditions beaucoup plus instables, sous des grains et parfois des pluies diluviennes ou des calmes prolongés. Mais à l’issue de cette Transat Jacques Vabre, tous les coureurs font part de leur enthousiasme sur ce parcours, avec des conditions météorologiques qui ont permis d’aligner des vitesses supersoniques et d’engager une bataille incessante pour tous.

Ya d’la joie ! De la satisfaction. De l’émotion. De la décompression. Comme une bouffée de bonheur. Un moment intense et partagé… A chaque arrivée à Itajaí, il n’y a pas seulement le résultat qui compte, il y a la manière, il y a l’engagement de tous les instants, il y a la fatigue qui s’évanouie, il y a des regards complices, il y a des gestes spontanés, il y a des échanges instantanés… Il y a aussi beaucoup d’eau qui a coulé sous les carènes (plus de 5 450 milles !) et beaucoup d’eau qui a rendu les conditions de vie à bord des MOD70, des Multi 50 ou des IMOCA extrêmement moites, humides, épuisantes.

Deux Multi 50 et deux IMOCA 60’

En ce vingtième jour de Transat Jacques Vabre, un nouveau train de concurrents est arrivé en gare de Itajaí : d’abord les deux Multi 50 Rennes Métropole-Saint Malo Agglomération à 5h 03’ 46’’ heure française, puis Vers un monde sans Sida à 14h 11’ 18’’. Le final a en effet été très laborieux dans une brise quasiment inexistante sur les vingt derniers milles… Gilles Lamiré épaulé par l’Italien Andrea Mura termine donc troisième derrière FenêtréA Cardinal (Le Roux-Eliès) et Actual (Le Blévec-de Pavant) : une place sur le podium qui fait du bien en vue de la saison prochaine car le résultat est très satisfaisant pour le duo franco-italien qui découvrait autant le bateau que le parcours. Quant à Erik Nigon et Samy Villeneuve, leur performance est remarquable aussi puisqu’ils avaient dû s’arrêter à Brest pendant 36 heures pour réparer leur électronique.

Ce mercredi était aussi le jour d’arrivée de deux autres monocoques IMOCA qui bataillaient dur pour le gain de la cinquième place : en effet, si Bureau Vallée a bien fini à 15h 18’ 45’’ (heure française), bien avant Votre Nom Autour du Monde, il fallait qu’il conserve un écart minimum de deux heures pour garder cette position puisque Bertrand de Broc et Arnaud Boissières bénéficiaient d’une bonification du Jury International pour s’être détourné vers Arkema-Région Aquitaine chaviré au large de Lisbonne. A peine la ligne franchie, le duo Louis Burton et Guillaume Le Brec comptait donc les minutes avant de laisser exploser leur joie !

En milieu d’après-midi, Votre Nom Autour du Monde était encore à un mille dans une brise évanescente, trop loin de la ligne pour espérer devancer les deux benjamins de la classe IMOCA : le tandem en terminait à 17h 34’ 05’’, soit 15 minutes et 20 secondes de trop… Quant à Zbigniew Gutkowski et Maciej Marczewski (Energa), ils concédaient plus de 80 milles à leurs prédécesseurs lorsque ceux-ci passaient la ligne d’arrivée ! C’est donc en milieu de nuit que les Polonais pourront faire sauter le bouchon pour l’octroi de la septième place…

Premiers Class40’ dès samedi !

Les deux prochains duos attendus sont à touche-touche ! A quelques encablures près, Team Plastique (Di Benedetto-Monaco) et Initiatives Cœur (de Lamotte-Damiens) se tirent la bourre à une demi-journée de leur arrivée. Dans un flux de Nord-Est d’une vingtaine de nœuds, les milles vont défiler, mais c’est en butant sur la zone tampon au large d’Itajaí que l’incertitude sur l’heure finale règne. Tout comme sur les places à attribuer à l’un et l’autre !

Pour les Class40’ qui se suivent depuis l’équateur, les jours ne se ressemblent pas… En effet, le leader GDF SUEZ (Rogues-Delahaye) a été contraint d’empanner en abordant le cap Frio dans un flux de Nord-Est bien établi. Et il y aura au moins trois manœuvres à faire avant d’entrer réellement dans la baie de Rio de Janeiro. La conséquence directe est en la réduction significative de son avance sur les Espagnols de Tales Santander 2014 (Pella-Santurde) à 45 milles et sur Mare (Riechers-Brasseur) vingt milles plus loin… Ce qui est là encore marquant sur cette onzième édition de la Transat Jacques Vabre : le premier de la Class40’ ne va finalement rendre qu’une journée et quelques heures au dernier des monocoque IMOCA !

Ils ont dit

Gilles Lamiré, skipper du Multi 50 Rennes Métropole/Saint-Malo Agglomération :

Nous sommes très contents d’arriver au Brésil : 5 400 milles, c’est long. A la fin, il y avait beaucoup d’effets d’élastique et de passages à niveau. Erik Nigon (Vers un monde sans sida) n’était pas loin car il bénéficiait d’une bonne brise derrière alors que nous commencions à être vent arrière dans du petit temps. La troisième place était un objectif. Pas de problèmes majeurs sur le bateau, et pourtant ça cognait dur dans le golfe de Gascogne. Nous avons fait le dos rond. Notre bateau est sûr, je n’ai jamais eu peur. Avec Andrea, on se complète bien. C’est un très bon marin qui marche beaucoup au feeling et aussi un fin régleur de voiles.

Andrea Mura, co-skipper du Multi 50 Rennes Métropole/Saint-Malo Agglomération :

C’est un honneur d’avoir participé à la Transat Jacques Vabre en Multi 50. J’étais là pour apprendre car je n’avais jamais navigué en Multi 50. Mais je connaissais le multicoque car j’ai fait une campagne olympique en Tornado. Nous nous sommes très peu entraînés avant le départ : seulement 30 heures pour la qualification. Cette transatlantique en double a été une très bonne expérience.

Louis Burton, skipper de Bureau Vallée (IMOCA) :

C’était une belle bagarre, nous nous sommes régalés ces trois derniers jours : du grand sport ! On a dû changer de voiles une quinzaine de fois pour s’adapter à la route et aux conditions. Pendant ce temps, Votre Nom Autour du Monde poussait derrière. C’était une transat magnifique, vraiment. J’ai un message à faire passer : Guillaume veut faire le prochain Vendée Globe. Si un sponsor cherche un skipper à appuyer, je le recommande fortement. C’est un super navigateur, un bon stratège : je suis ravi d’avoir fait la course avec lui. Le bateau est physique, il faut envoyer ! Mais on n’a pas eu d’avarie à bord de Bureau Vallée.
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Guillaume Le Brec, co-skipper de Bureau Vallée (IMOCA) :

Nous sommes très contents de cette 5e place en ayant navigué un temps avec les cinq bateaux de devant, qui sont un cran au-dessus. Bravo à eux. C’était une superbe transat et un beau voyage. A refaire ! La course a été sportive. Il fallait attaquer. Le premier qui envoyait de la toile partait par devant. Nous n’avions pas beaucoup navigué ensemble avant de partir. La mise en route a été sportive, dans du vent fort au reaching.

Bertrand de Broc, skipper de Votre Nom Autour du Monde :

Nous espérions revenir sur Bureau Vallée. La cinquième place ne s’est pas jouée à grand-chose, c’était intéressant de se bagarrer jusqu’au bout, d’avoir un concurrent proche. Ces deux heures de bonification était rigolotes finalement, ça rajoutait de l’enjeu. Ils ont été très bons. Nous avons bien régaté nous aussi. La course a été pleine d’enseignements. Nous avons bien progressé, nous étions complémentaires avec Arnaud. Nous avons été un peu maltraités par la météo, j’ai rarement de telles conditions. C’était compliqué pour les nerfs et le bateau : de quoi péter les plombs. Heureusement j’avais mon Arnaud Boissières pour me calmer.

Arnaud Boissières, co- skipper de Votre Nom Autour du Monde :

Bon bateau, bon équipier, bonne transat : c’était très plaisant. Avec Bertrand, nous avons pu confronter nos expériences. Les 20 jours sont passés vite, nous avons passé du bon temps en mer malgré ces conditions difficiles. On aurait juste aimé arriver 20 minutes.
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Source

Soazig Guého

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