Sud qui peut !

© Jacques Vapillon / Sea&Co

L’anticyclone placé au nord-ouest immédiat des Canaries prend ses aises. Du même coup, les alizés se déplacent au gré des hautes pressions et descendent vers le sud. Pour trouver des régimes de vents bien établis, il faut descendre quasiment à la hauteur des îles du Cap Vert. Mais le jeu en vaut-il la chandelle ?

Changement de mode : après l’ambiance dantesque des premiers jours, les vagues à dévaler sans trouver le frein à main, les coureurs ont pu enfin apprécier, sitôt Lanzarote dans le sillage, les belles glissades paisibles où le bateau accélère sans effort, poussé par un fond de houle. Mais depuis vingt-quatre heures, l’ambiance change. L’alizé souffre d’une crise d’anémie et la nouvelle règle du jeu consiste à chasser les risées sur le plan d’eau, à tenter d’établir la meilleure stratégie pour les jours à venir. Pour les hommes de tête, la tension va croissante car une bonne part de leur avance fond comme celle de la tortue sur le lièvre de la fable. Mais les tortues luttent pour préserver leur avantage. Giancarlo Pedote (Prysmian) qui n’a plus qu’une vingtaine de milles d’avance sur Benoît Marie (benoitmarie.com) reste malgré tout dans une position stratégique intéressante, car son plus proche adversaire n’a pas créé de décalage. En revanche Rémi Fermin (Boréal) plus au sud, pourrait présenter une vraie menace pour les deux leaders. En série, Aymeric Belloir (Tout le Monde chante contre le Cancer) possède toujours une avance confortable sur Jean-Baptiste Le Maire (L’œuvre du Marin Breton). Derrière les deux hommes, la bataille entre Simon Koster (Go 4 it) et Justine Mettraux (TeamWork) pourrait tourner à l’avantage de la navigatrice qui a réussi à se positionner plus au sud. Pendant ce temps, d’autres profitent de ce qui reste de vent, à l’instar de Florian Blanchard (MC Technologies) auteur de la meilleure performance du jour en bateau de série. Bord à bord avec Pierre-François Dargnies (We-van.com), les deux solitaires doivent profiter de l’émulation d’une navigation comparée pour s’étalonner au mieux.

Premières gamberges

Cela fait maintenant plus de huit jours que la course est partie. Les anciens de la Mini le savent, c’est souvent un seuil à franchir. Jusque là, la course avait mobilisé les esprits, mais maintenant que l’Atlantique s’est largement ouvert devant les étraves, que les Canaries commencent à n’être qu’un lointain souvenir, c’est souvent l’heure des questions existentielles. « Suis-je vraiment fait pour ça ? Comment vais-je supporter encore dix à douze jours de mer en solitude ? Pourquoi personne ne répond à la VHF ? » Certains ont le bonheur de naviguer groupé, mais d’autres, notamment dans les hommes de tête sont suffisamment éloignés les uns des autres pour être hors de portée VHF. Dans ce cas, il faut savoir se concentrer sur sa course, être capable d’apprécier les petits bonheurs simples… A ce petit jeu, les anciens de la Mini Transat ont un coup d’avance sur les bizuts. Bertrand Delesne (TeamWork Proto) est à l’abri de ce type de mésaventure. Il sait pourquoi il est là et le démontre en restant fidèle à sa ligne de conduite annoncée. Il veut trouver son bonheur au plus proche de l’orthodromie. Sa trajectoire démontre en tous cas la constance de sa stratégie.

S’arracher

C’est peut-être cette perspective de ces presque deux semaines en solitude qui fait que certains rescapés de Puerto Calero ont du mal à larguer les amarres. Pour eux, la course est maintenant mise entre parenthèse. L’objectif est de boucler une histoire, commencée pour certains plus de deux ans plus tôt. Alors forcément, on a envie de prendre toutes les garanties nécessaires : réviser le gréement plutôt deux fois qu’une, vérifier le moindre détail qu’on prendrait pour une broutille en mer et si possible, partir de conserve. Ils devaient être finalement cinq à quitter Lanzarote ce soir, Nolwen de Carlan (Reality), François Guiffant (Scidiam), Eric Jézégou (Déphémérides – AM2I), Marc Dubos (CEPAT) et Louis Mauffret (Solidaires). Sur la côte sud de Gran Canaria, Andrea Iacopini (Umpalumpa) compte bien réparer sa barre de flèche et reprendre la mer au plus vite. Cette nuit Giancarlo Pedote devrait franchir la barre de la mi-course. Il serait trop dommage de ne pas pouvoir être de la fête en Guadeloupe. Mais pour cela, il faut se jeter à l’eau, traverser…

La situation des quatre solitaires encore en course à Lanzarote

  • Richard Hewson (RG650.com), problème de mât
  • Hugues Cholet (Pour le Bel Espoir) avait prévu de faire escale dès le départ
  • Charles Boulanger (Foksamouille), n’a pas précisé ses intentions
  • Federico Cuciuc (Your Sail), n’a pas précisé ses intentions

Source

Solene Rennuit

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