Stabilité hiérarchique

© Benoit Stichelbaut / PRB

En ce septième jour de la Transat Jacques Vabre, peu de changements en tête des quatre classes : les deux MOD70 vont sortir du Pot au Noir ce midi, les Multi 50 vont déborder le Cap-Vert la nuit prochaine, les monocoques Imoca risquent fort de traverser l’archipel vendredi matin et les Class40’ filent vers Madère…

Si les alizés ne sont pas très stables en force et en direction, les hiérarchies le sont : GDF SUEZ (Rogues-Delahaye) est toujours nettement en tête devant son sistership Mare (Riechers-Brasseur) et le duo a même réussi à augmenter un peu son avance la nuit dernière. Probablement un choix de voile lui permettant de mieux glisser vent arrière… Et derrière ces deux leaders, il y a du monde qui se disperse en latéral : si ERDF-Des pieds et des mains (Seguin-Richomme) est dans le sillage de tête, Phoenix Europe (Duc-Alran) ouvre une autre voie plus à l’Est qui peut s’avérer payante quand il faudra déborder Madère la nuit prochaine.

Glissades alternatives

Mais le vent de Nord-Est puissant qui souffle encore le long des côtes portugaises parfois à plus de trente nœuds, commence à donner des signes de faiblesse : pour les monocoques Imoca qui naviguent entre les Canaries et le Cap-Vert, les alizés sont parfois très orientés à l’Est avec moins de douze nœuds… Ce n’est donc pas le grand boulevard qui était programmé de Lisbonne à l’équateur, mais bien plutôt une brise irrégulière, alternative et perturbée par des lignes de grains… D’ailleurs certains en ont pâti comme Maître CoQ (Beyou-Pratt) et Safran (Guillemot-Bidégorry) alors qu’ils passaient à plus de 400 milles des îles !

Et si PRB (Riou-Le Cam) se pose la question de traverser l’archipel capverdien la nuit prochaine, ce ne sera peut-être pas le cas pour le trio de queue : Energa (Gutkoxski-Marczewski), Team Plastique (Di Benedetto-Monaco) et Initiatives Cœur (de Lamotte-Damiens) jouent groupés et peuvent mieux glisser vers le Sud-Ouest. Ils pourraient ainsi éviter le danger d’un passage au travers des îles qui est toujours un moment de stress pour les navigateurs qui risquent de rester bloqués derrière un relief…

Décalage latéral

Pour les Multi 50, le problème ne semble pas se poser car FenêtréA Cardinal (Le Roux-Eliès) et Actual (Le Blévec-de Pavant) ont réussi à mieux glisser ces dernières heures : leur trajectoire les fait passer à plus de 200 milles dans l’Ouest de l’archipel. Mais ce ne sera probablement pas le cas pour Rennes Métropole-Saint Malo Agglomération (Lamiré-Mura) qui est déjà passé très près de Madère, puis des Canaries et qui devrait effectuer un double empannage à 90° de la route s’il voulait aussi éviter le Cap-Vert…

Enfin du côté du Pot au Noir, Edmond de Rothschild (Josse-Caudrelier) et Oman Air-Musandam (Gavignet-Foxall) semblent ne pas avoir trop souffert des calmes : les deux trimarans monotypes sont déjà sur le 5° Nord, soit théoriquement à la sortie de la Zone de Convergence Inter Tropicale (ZCIT) avec en ligne de mire un équateur à 300 milles, soit un passage ce mercredi soir ! A peine sept jours et demi depuis le départ du Havre… Mais ce qui est intéressant, c’est le décalage latéral entre les deux MOD70 : près de 100 milles qui peuvent relancer le match à la sortie quand les alizés de Sud-Est vont obliger les équipages à faire du près pendant plusieurs heures… C’est toujours mieux d’être plus à l’Est dans cette configuration.

Ils ont dit

Yann Eliès (Multi-50 FenétréA Cardinal)

C’est surprenant : depuis 24 h on pensait aller directement vers l’équateur puis on a rencontré beaucoup de zones perturbées avec des grains, des zones de calmes. Depuis mercredi soir c’est plus tranquille : on n’a pas beaucoup de vent, une dizaine de nœuds. Ça fait du bien un peu de répit après ce début de course mouvementé… Il y a eu de grandes lignes de grains, des gros trous de vent, on a même fait du près pour s’en sortir. On n’a pas eu beaucoup de chance hier, on a perdu un peu mais on s’est rattrapé depuis, ça met du baume au cœur. C’est tout plat, il n’y a pas beaucoup de vent, donc les poissons volants ont du mal à voler : ils n’arrivent pas à décoller. C’est dommage parce que j’aime bien ça, quand tu les fais revenir à la poile avec un peu d’huile ! On vise un point dans l’Ouest du Cap-Vert, c’est étonnant parce que l’alizé est très Est, quasiment au 100°, même Sud-Est parfois. Même en étant à 110 degrés du vent, on arrive à bien glisser, on a même pensé à affaler le gennaker à un moment. On est pas mal concentré sur notre trajectoire et sur celle d’Actual : on fait totale confiance à Jean-Yves Bernot, notre routeur.
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Pierre Brasseur (Class40’ Mare)

On essaye de suivre le rythme de GDF, on s’accroche : tout va bien. Ça mollit un peu et la mer s’aplatit mais on s’apprête à renvoyer un peu plus de toile. On pense que GDF était les voiles en ciseau car ils arrivaient à mieux glisser que nous. On va passer au large donc on ne devrait pas avoir trop de problème avec le dévent de Madère, mais c’est parti pour un long bâbord ! Hormis le Pot au Noir, c’est presque comme ça jusqu’à l’arrivée… On est en pleine forme, le bateau aussi. On a été assez conservateur ces derniers jours pour ne pas casser le matériel, pour être à 100% jusqu’au bout. Avec les conditions plus maniables qui s’annoncent, on va ré-exploiter le bateau à 100% : c’est le point positif. Mais il n’y a rien de fait ! ERDF va bien : il est bien revenu. On va rentrer dans la course de vitesse en exploitant bien le bateau. On verra si l’alizé est stable ou pas. Mais il ne devrait pas y avoir de grande manœuvre.
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Vincent Riou (Imoca PRB)

Il fait beau mais c’est irrégulier et instable, donc il y a du boulot, on ne s’ennuie pas. L’alizé n’est pas très fort, en dessous de 15-20 nœuds donc instable. Ça adonne, ça refuse, il faut adapter les réglages du bateau pour éviter de s’arrêter. On va voir si on passe au milieu du Cap-Vert, ça fait partie des possibilités. On est à 120 degrés du vent, il y a moyen de se décaler dessous l’archipel mais jusque-là il y a des vents mollissants donc ce n’est pas facile. D’ici 4-5h on sera dans des vents plus stables…
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Source

Soazig Guého

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