Jour 3 – Histoire de recalages…

© Chris Schmid

Spindrift 2 franchira à la mi-journée, après moins de trois jours d’une folle cavalcade, la mi-parcours théorique de la Route de la Découverte. Son avance sur le temps record établi en 2007 par le maxi trimaran Groupama 3 est monté cette nuit à plus de 280 milles. Ces chiffres prennent aujourd’hui un profil plus modeste, moins de 230 milles, sous l’effet modérateur des petits bords de recalage réalisés par Dona Bertarelli, Yann Guichard et leurs 12 hommes d’équipage. « Le jeu consiste à naviguer au plus fort du vent, et à éviter de trop se rapprocher du centre des hautes pressions moins ventées. » précise Yann Guichard.

Spindrift 2 accepte ainsi, durant une heure ou deux, de naviguer à 90 ° de la route, afin de plonger dans ce flux d’est nord est qui souffle généreusement en direction de l’arc antillais. « C’est toujours un peu frustrant de ne pas faire la route directe mais cela fait partie du jeu. Nous disposons d’une petite avance qui nous permet de nous offrir ce luxe. Ces recalages sont indispensables pour bien négocier l’alizé. Après quelques heures à naviguer plein sud, nous allons repartir de plus belle cap à l’ouest. Notre trajectoire depuis les Canaries est satisfaisante, proche de l’ortho, et nous allons certainement renouveler l’exercice au moins une fois encore, après notre redémarrage en tribord d’ici peu de temps. »

La vitesse instantanée du maxi trimaran demeure élevée, mais le gain sur la route tombe à quelques 5 à 6 noeuds. Un investissement nécessaire, et dont les dividendes ne tarderont pas à se manifester dès que Spindrift 2 orientera de nouveau ses trois étraves vers San Salvador. D’autant que son adversaire virtuel, Groupama 3 avait lui aussi, en un moment similaire de son record de 2007, dû mettre en oeuvre la même stratégie. Si la manoeuvre de changement d’amure aux allures portatives demeure à bord du plus grand trimaran du monde une opération longue et délicate, tant il importe d’anticiper chaque opération. « Nous ajustons en permanence notre toile en fonction de l’orientation du vent et de l’état de la mer. » explique Yann. Maintenir en permanence des vitesses supérieures à 30 noeuds suppose en effet une adaptation constante du jeu de voile aux conditions changeantes de l’alizé. « Nous sommes ainsi passés sous les Canaries avec 3 ris dans la grand voile et trinquette quand le vent flirtait avec les 30 nœuds » poursuit Yann. « Nous alternons en permanence les combinaisons 2 ris, puis un ris, avec à l’avant le solent ou le gennaker. Les ballasts hier nous ont aussi bien aidé à faciliter le passage des étraves dans une mer décidément bien désordonnée. Nous avons connu quelques grains cette nuit, et il y’a eu pas mal d’ajustements à effectuer pour éviter de se faire surprendre avec la grand voile haute et gennaker. »

C’est ainsi un Spindrift 2 au mieux de sa forme, bichonné par ses 14 hommes et femme d’équipage qui s’apprête à reprendre à longues enjambées sa course vers l’ouest. « L’ambiance à bord est excellente, mélange de bonne humeur et de concentration. Nous sommes à peine à la mi-course » tempère pourtant Guichard. « Il nous reste deux difficultés majeures à affronter, d’abord avec ce thalweg, petit col barométrique peu venté qu’il nous faudra négocier en bâbord amure après un « gybe » que nous espérons le plus judicieux possible. Erwan Israël veille au grain. Puis viendra ce passage de front en milieu de journée demain à bien gérer. » La veille au matériel est une préoccupation constante des hommes du bord, qui multiplient les vérifications et surveillent l’usure du matériel. « Le bateau va vite, sur une mer qui s’est un peu assagie, avec seulement 1,50 m de creux environ, et le matériel souffre logiquement. Pas de casse importante à déplorer, mais du petit matériel qu’il faut savoir changer avant qu’il ne rompt. ». Spindrift 2 poursuit ainsi sa première aventure océanique, seul désormais au coeur de l’Atlantique. « Pas un cargo en vue depuis les Canaries » souligne Yann.

Message de la nuit reçu du bord :

Dona

Bonjour à tous, La nuit s’est poursuivi par une intense chasse aux grains. L’équipage à joué toute la nuit au chat et à la sourie, toujours dans une nuit noir. A tour de rôle, Yann et Erwan sont restés fixés sur l’écran du radar et des images satellites pour anticiper la prise ou le renvoie de ris. Le vent passant de 10 à 30 noeuds, n’a donné que peu de répit à l’équipe. Seul luxe, la mer est moins formée et donne un confort indéniable à la vie à bord. Reste que, par surprise, quelques vagues viennent tout de même s’écraser sur la casquette en éclaboussant jusqu’à l’intérieur du cockpit. Cirés et bottes restent donc de mise!
A demain.

A 15h14 (heure Paris) cet après midi, Sprindrift 2 dispose d’une avance de 246,95 milles sur le temps de référence.

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Spindrift racing

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