Jour 2 – L’autoroute des alizés

© Chris Schmid

A peine paré hier vers 18 heures l’île de Gran Canaria, marque de passage obligée à laisser à tribord, le Maxi Trimaran Spindrift 2 s’est engagé sans ralentir le moins du monde sur l’autoroute des alizés, tapis déroulant qui lui ouvre généreusement, avec ses puissants vents de secteur nord est, les portes de l’ouest Atlantique. Dona Bertarelli, Yann Guichard et leurs 12 hommes d’équipage s’y engouffrent avec appétit. Aux premières 24 heures délicates à négocier, sur une mer désordonnée, avec ces trois empannages hautement stratégiques à déclencher, et scandées par 642 milles parcourus, succède une seconde journée placée davantage encore sous le signe de la performance. Avec une VMG, velocity made good, soit la vitesse réelle de rapprochement et de gain en milles vers l’arrivée, constamment au dessus de 30 noeuds, Spindrift 2 va en 48 heures avaler plus d’un tiers des 3 880 milles du parcours. Son avance théorique sur l’actuel détenteur du record sur cette Route de la Découverte (Groupama 3 et Franck Cammas en 2007), ne cesse de croître (232 milles ce matin) sous l’effet conjugué d’une plus grande vitesse, mais aussi d’une route pour l’heure plus directe que celle empruntée par son adversaire virtuel. Conformément aux estimations envisagées avant le départ par les hommes (et femme) de Spindrift 2, avec le concours de Richard Silvani, complice météo demeuré à terre, ces deux premières journées en Atlantique pourrait être propices à l’augmentation de leur avance sur le record, avec cet alizé certes encore un peu instable en direction, mais soufflant de manière toujours aussi soutenue à plus de 25 noeuds.

« On est bien lancés pour deux jours en tribord amure à pleine vitesse » confirme Yann Guichard. « Nous aurons peut-être quelques petits empannages « de recadrage » à effectuer, afin de ne pas trop se rapprocher du coeur de l’anticyclone, et demeurer dans la bonne pression de l’alizé. Notre passage aux Canaries s’est déroulé sans encombre, malgré des dévents que nous avons ressentis à plusieurs reprises quand le vent est passé de 27-28 noeuds à 7-8 noeuds. On a pu arrondir notre route au sud de l’archipel sans avoir à empanner. Une économie de travail très appréciée tant cette manœuvre à bord du plus grand trimaran du monde peut s’avérer délicate dans du vent fort, et sur une mer toujours difficile. »
L’état de la mer est encore aujourd’hui le facteur limitant de la vitesse, pourtant déjà élevée du trimaran. « Nous avons, chose rare sur Spindrift 2, choisi hier de ballaster, non pas pour éviter les enfournement, mais pour faciliter le passage dans la mer. » explique Yann. Tout l’équipage est entré de plain pied dans le rythme du record et de la vie océanique. La veille aux hommes et au matériel est permanente. « Nous essayons de solliciter le matériel le moins possible » précise Yann, « particulièrement les voiles et le gréement. Le jeu consiste à demeurer en phase avec les éléments, à appuyer quand l’angle au vent, et l’état de la mer le permettent, et de lever le pied quand cette conjonction est moins favorable. » Reposé, soumis à l’inconfortable régime de la forte chaleur à l’intérieur du bateau, et des embruns permanents sur le pont, l’équipage de Spindrift 2 sait qu’il mange en ce début de record son pain blanc. « Groupama avait en 2007 connu un début de parcours difficile avant de finir très fort, et nous sommes surtout concernés par les zones de transition à venir en milieu de parcours. Il faut donc s’attendre à ce que notre avance du jour stagne, voire, diminue » prévient Guichard.

Message reçu du bord :

Pour ce deuxième matin à bord de Spindrift 2, une petite pluie fine s’est invitée à bord et permet de déssaler les visages des marins du bord. Et ils en ont bien besoin après ces 30 premières heures de course avalées à grande vitesse sous de bonnes doses d’embruns soulevés par les étraves de Spindrift 2. Cette seconde nuit a été assez compliquée avec le contournement de l’ile de Grand Canaria que le règlement de ce parcours nous oblige à laisser à droite avant de mettre le cap sur les Bahamas. En effet les vents sont assez perturbés par les différentes iles des Canaries, ce qui nous a oblige à changer plusieurs fois de configuration de voiles.La nuit fut donc animée à bord, afin de garder une bonne vitesse moyenne. Nous pointons dorénavant les étraves vers les Amériques, sans avoir vu les Canaries pour cause de mauvaise visibilité, dommage ce sont de jolies iles montagneuses…Tout se passe bien à bord pour l’équipage qui est très concentré sur ses tâches, les roulements de quarts s’enchainent toutes les deux heures et la moiteur à l’intérieur de Spindrift 2 vient ajouter un peu de difficulté pour trouver le repos réparateur. Un petit coup d’oeil aux compteurs, ah, on est toujours à 35 noeuds, ça bouge, ça secoue, tout va bien!! Bonne journée et à bientôt. Xavier (Revil)

A 15h30 (heure Paris) cet après midi, Sprindrift 2 dispose d’une avance de 252,79 milles sur le temps de référence.

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Spindrift racing

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