Jolie brise et grand ciel bleu pour l’ouverture des classiques !

© Rolex / Carlo Borlenghi

Journée très attendue que ce premier mardi des Voiles, avec l’entrée toute en poésie, charme et élégance des voiliers de tradition. Ils sont 115 engagés aux Voiles, dûment répartis en pas moins de 9 groupes respectueux de leurs tailles, jauges et type de gréements. Modernes de conception, mais emplis de l’esprit de la tradition, les Tofinou et Code 0 mêlent leurs voiles carbone à cette grande farandole de toiles et de coques lancés de 5 minutes en 5 minutes dans un grand triangle de régate de 13,6 milles bien ventilés en dehors de la baie. Sous un soleil resplendissant, et dans un vent toujours aussi tortueux en direction, mais bien stabilisé en force pour une dizaine de noeuds, les « petits » voiliers auriques ont ouvert le bal dès 11 heures, laissant au groupe des « grand tradition », avec ses stars vénérées Elena (Herreshoff 2009), Cambria (Fife 1928), Mariquita (Fife 1911), Moonbean of Fife (1903) …. le privilège de s’élancer en dernier en direction de la Rabiou. Passée la tension parfois vive du départ, et d’un franchissement de ligne au plus près du bateau comité, voiles auriques ou marconis, cotres, goélettes, yawls et ketchs se déhalaient en souplesse sur une mer hachée par tant de coques. Plus loin vers Pampelonne et la Nioulargue, Wally, Class J et voiliers Modernes poursuivaient eux aussi dans un vent modérés les empoignades d’hier.

Cambria à toutes jambes

Le grand 23 mJ Cambria s’est montré fort à son avantage sur le parcours du jour au demeurant facile à lire dans le flux de sud ouest établi au large de Saint-Tropez. Son arrivée tonitruante, bien gîtée aux allures débridées, sous le chaud soleil tropézien, reste une des images forte de la journée. Parti en deuxième rideau derrière les très alertes Mariska (Fife1908), Mariquita et Elena, le grand marconi tirait d’emblée un long bord à terre très efficace pour rallier avec une belle économie de virements la marque de La Rabiou. Les allures de reaching comblaient d’aise l’équipage, et c’est avec un bel équilibre à la gîte que Cambria rejoignait au bout de 3 heures d’intense régate la ligne d’arrivée du Portalet, entouré des jolis « petits » auriques partis près d’un quart d’heure avant son groupe. Cambria a été dessiné par William Fife II en 1928 pour le patron de presse William E. Berry. Il a été lancé en Ecosse par le chantier de Fairlie. Chinook (Herreshoff 1916), brillant toute la saison aux bons soins de son propriétaire Graham Walker, n’a pas tardé à faire étalage de ses étonnantes capacités de vitesse. Après un départ en milieu de ligne, le joli cotre aurique trouvait vite du vent frais et prenait un bel ascendant sur un groupe pourtant terriblement compétitif, avec les Bonafide (Sibbick 1899), Nan (Fife 1896), ou Oriole (Herreshoff 1905). Le vent forcissait en dehors de la baie, et ce sont les grandes unités et leur grande inertie qui trouvait de plus en plus de confort à glisser en majesté sur un plan d’eau assagi.

  • © Rolex / Carlo Borlenghi
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Firefly en temps réel
Firefly s’est imposé hier en temps réel et semble bien décidé à marquer cette semaine tropézienne de son empreinte. Ce Super-yacht présente de nombreuses similarités avec les J Class des années 30. Ses Designers le décrivent comme « un mélange parfait entre les lignes classiques, et des détails d’inspiration rétro… ». Il doit composer cette année avec un nouveau venu, le Marten 72 Néerlandais Aragon sur lequel officie Philippe Ouhlen, ancien équipier de Mike Birch. My Song, le proto Reichel Pugh italien demeure une valeur sûre du plan d’eau tropézien et son bon rating lui permet de jouer sans état d’âme pour la victoire finale. Wallyno, le « petit » Wally à bord duquel opèrent les français Sébastien Audigane et Louis Heckly joue crânement sa carte face à ses adversaires plus longs et plus toilés. Le 60 pieds signé Bruce Farr figure dans le quinté de tête de ce groupe dense et compétitif qui compte pas moins de 28 unités, dont les longueurs à la flottaison oscillent entre 17 et 35 mètres. 14, 7 milles vers la Nioulargue était proposés ce jour, dans un vent moyen pour 7-8 noeuds de secteur sud ouest.

Les J Class aux chaises musicales
La hiérarchie fragile envisagée à l’issue du parcours d’hier est aujourd’hui totalement chamboulée puisque Velsheda et Lionheart, respectivement 1er et 3ème lundi, ont échangé les places aujourd’hui au terme d’un nouveau (et unique) parcours de type banane. Hanuman reste constant en seconde position, tandis que Shamrock V ferme la marche. Les trois bateaux sont arrivés dans cet ordre avec moins de 3 minutes d’écart après 1 heure et 20 minutes de course.

Deux manches pour les Wally
Le vent, faible en début de journée, a pourtant permis le lancement dès la fin de matinée d’un grand triangle au large de Pampelonne. En forcissant jusqu’à 10 12 noeuds, il a ensuite permis aux douze équipages de s’exprimer au mieux lors de la seconde manche. A l’instar de la journée d’hier, rien ne semble pouvoir rompre le pas de deux entrepris par les deux Wally Cento, Magic Carpet et Hamilton, qui ne se sont pas quitté de la journée. Ils signent chacun une victoire de manche, mais c’est J One, le 77 pieds qui prend le large au très provisoire classement général en temps compensé, devant Open Season. Magic Carpet et Hamilton complètent dans cet ordre le général provisoire.

Ils ont dit :
Rob Humphreys, Erbil Arkin, Tempus Fuigit
L’architecte Britannique Rob Humphreys, et le constructeur Turque Erbil Arkin se connaissent depuis plus de 40 ans. Ce n’est pourtant que depuis une dizaine d’année que Erbil, propriétaire d’un chantier naval spécialisé dans les constructions en bois, s’est rapproché de son ami pour envisager la construction d’un superyavcht. Le résultat de leurs cogitations et passion communes navigue à Saint-Tropez. Tempus Fugit, lancé cet été, fait ses grands débuts avec un certain bonheur puisque le grand yacht de près de 30 mètres a rivalisé hier avec des unités tout carbone, prenant la 4ème place de la régate du jour. « Je suis un amoureux de la mer et des beaux objets » avoue Erbil. « Et m’associer avec mon ami de 40 ans Rob pour construire ce magnifique bateau a été un bonheur. » « Tempus Fugit est le fruit de nos deux passions « explique Rob. « La Class J présentait beaucoup de limites, et nous avons choisi de nous inspirer de la Class, de son ambiance pour faire un bateau plus attractif sur le plan du plaisir de la plaisance. Nous voulions aussi un bateau rapide et nous sommes ravis des premières sensations sur l’eau, ici à Saint-Tropez. Construire chez Arkin a été une formidable expérience. Le chantier a un talent spécial pour les bateaux en bois et en époxy. Nous ambitionnons de prolonger notre 90 en un 125 ou 140 pieds. » Je crois que la différence entre les Wally et notre bateau, est que nous naviguerons encore dans 70 ans » conclue Erbil Arkin.

Sébastien Audigane, Wallyno :
« Il fallait prendre la droite du plan d’eau, ce que nous avons fait. le parcours était ensuite majoritairement au près avec un beau final au reaching, des allures qui nous conviennent bien… »

Un jour, un bateau… Shenandoah of Sark
Shenandoah est une goélette à trois mâts à coque acier, construite en 1902 aux États-Unis, sur plan de l’architecte Theodore Ernst Ferris. Long de 55 mètres, large de 8,60m, c’est le chantier Tomsend et Downey qui en a réalisé la coque à Shooters Island, New York. Le voilier a beaucoup navigué en Méditerranée au début du 20ème siècle. Confisqué par les douanes françaises en 1960, il a été racheté en 1972 par le baron Bich. Cette belle goélette à trois mâts louée pour son bel équilibre, a connu différents noms au gré de ses propriétaires, Lasca Ii, Shenandoah, Atlantide, Shenandoah Of Sark. Il a été totalement restauré en 1995/96 en Nouvelle Zélande chez Mc Mullen & Wing. En 1972, il est acheté par l’industriel français, le baron Bich, qui en fait un yacht charter naviguant principalement en Méditerranée et lui redonne le nom de Shenandoah.

Le saviez vous?
Grace de Capitani navigue sur Stelle (First 31,7)
La comédienne Belge d’origine italienne Grace de Capitani (Les Ripoux, les sous doués, Promotion canapé…) et un longue carrière au théâtre et à la télévision), navigue toute la semaine à bord du First 31,7 Stelle, en IRC E.
Kos marche sur l’eau
La célèbre et éminemment sympathique photographe de mer KOS présente à Saint-Tropez un ouvrage autobiographique intitulé « Walking on water » (Lit. marcher sur l’eau). Un raccourci très expressif de la manière parfois acrobatique de Kos d’exercer son métier de photographe de yacht ; sautant de bateaux en bateaux lancés à pleine vitesse, suspendue à un harnais à bord d’hélicoptères, Kos prend les risques calculés qu’exige la fulgurance de l’instand. L’ouvrage capture ces moments à haut risque et narre par le menu les mille et une anecdotes qui raconte la petite histoire des grands clichés. Le parti pris est résolument esthétique, et fait voyager le lecteur aux quatre coins de la planète mer, sur l’eau comme sous l’eau. Kos a commencé à prendre des clichés à l’âge de 5 ans avec l’Olympus paternel. A 17 ans, elle couvrait les régates du lac de Côme en Italie. Le livre « Walking on water » est disponible à la librairie du port de Saint-Tropez, et sur Amazon.
WWW.Kosphotos.com

Manitou, 50 ans après Dallas
Le vendredi 22 novembre 1963 à Dallas, au Texas à 12 h 30, le Président John Fitzgerald Kennedy était assassiné. Après que le cortège présidentiel eut traversé à vitesse réduite le centre de la ville et alors que la voiture présidentielle, décapotée, passait sur Dealey Plaza, John F. Kennedy fut mortellement blessé par des tirs d’arme à feu. Il est le quatrième président des États-Unis à être victime d’un assassinat et le huitième à mourir en exercice. Kennedy avait imposé comme « yacht officiel » de la Maison Blanche un voilier nommé Manitou, qui enchante les Voiles depuis 2012. Dessiné par l’architecte naval Olin Stephens, Manitou, un yawl bermudien de 18,90 mètres, a été construit en 1937 par le chantier M.M Davis pour le compte de James Lowe, qui en a ensuite fait don à l’US Coast Guard Academy. Repéré par JFK, le bateau, dont le nom signifie « esprit de l’eau », s’est rapidement imposé comme LE yacht présidentiel. La légende veut même qu’acquérir Manitou soit la première décision que Kennedy ait prise en tant que Président. Une fois à Chesapeake Bay, le bateau désormais surnommé « The floating White House » a été équipé de moyens de communication performants permettant à JFK de pouvoir rester en contact permanent avec la Maison Blanche. Autre particularité du bateau, la cabine présidentielle a été dotée d’une baignoire, nichée sous le plancher, et d’un coffre abritant un revolver permettant de donner l’alerte en cas de problème ou de danger. Manitou a subi un nouveau lifting en 2011 après avoir été vendu à un groupe de quatre amis venus des quatre coins du monde. En effet, ses nouveaux propriétaires, Claës-Goran Nilsson, Phil Jordan, Pat Thierney et Melinada Kilkenny ont décidé de poursuivre sa restauration à l’identique.
Stephens et le canard
Durant les années de la seconde guerre mondiale, Olin Stephens, amoureux des belles lignes esthétiques et créateur des plus beaux yachts du monde, remporta un marché lancé par l’armée américaine pour un véhicule amphibie ; ainsi naquit le DUKW, surnommé « Duck » (canard), qui allait s’illustrer lors des grandes opérations amphibies du second conflit mondial, Normandie notamment.

Source

Denis van den Brink

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