Aller au delà de l’horizon, à la voile

© Christophe Launay / www.sealaunay.com

Insatiable, le navigateur s’apprête à prendre le départ d’une quatrième tentative du record du tour du monde en solitaire à bord du maxi-trimaran Sodebo. En stand-by à Brest dès le 18 octobre, Thomas Coville et son géant de 31 mètres de long s’attaqueront aux 25 000 milles (40 000km) du parcours dès qu’une fenêtre météo favorable se présentera.

Après plusieurs semaines de chantier et à un mois de l’échéance, le marin est impatient de s’élancer à la poursuite de son « graal » : le tour du monde en solo en moins de 57 jours.

L’homme qui voulait voir le monde
Cinq ans déjà depuis sa première tentative du record du tour de monde en solitaire, cinq ans que le temps de référence établi en 2007 par Francis Joyon sur Idec en 57 jours et 13 h a la dent dure… Depuis une première tentative avortée suite à une collision avec un growler (morceau de glace) au large de l’Afrique du Sud, Thomas Coville a tourné deux fois en solitaire autour de la planète à la conquête du monde par les trois caps, à la recherche de son « espace de liberté ». Deux tours du monde admirablement bouclés – 59 jours en janvier 2009 et 61 jours l’hiver 2011 sans toutefois parvenir à battre le temps exceptionnel réalisé par son voisin de quai, Idec.

Inépuisable et toujours avide de nouvelles expériences, le skipper du maxi-trimaran Sodebo a réussi à caser entre ces tours du monde en solitaire deux tours du monde victorieux en équipage, un Jules Verne et une Volvo Ocean Race. Le garçon né en mai 68 prend grosso modo chaque année le départ d’un tour du monde en solo ou en équipage. Tout simplement !

Compétiteur et aventurier
A un mois du stand-by qui débutera à Brest le 18 octobre prochain, le marin affiche la même impatience à l’idée de se retrouver face à lui même pendant 57 jours autour de la planète. « Comme n’importe quel sportif de haut niveau devant son objectif. » précise-t-il « C’est l’âme du compétiteur qui me donne envie de repartir. L’aventurier, lui, il a vu, il a vécu, il connaît. Le compétiteur que je suis aujourd’hui est toujours insatisfait ! Cela dit au fur et à mesure du voyage, tu deviens aventurier et c’est là toute la difficulté. Il est plus facile d’être un sportif et de se battre contre quelqu’un ou quelque chose de physique. Courir contre un chrono en solitaire n’est pas facile à gérer. Tant que l’objectif n’est pas atteint et que l’envie perdure, il faut y retourner et remporter ce match ! »

« Le bateau est arrivé à maturité »

Si Thomas a souhaité un nouveau chantier d’optimisation cet été dans la base de Sodebo à Saint-Philibert, les principales modifications datent de l’hiver 2012 où les flotteurs du maxi-trimaran ont été avancés d’un mètre suite aux observations du skipper lors de sa dernière circumnavigation. Les foils sont ainsi avancés d’autant ce qui permet de soulager le flotteur sous le vent et d’augmenter le cabrage du bateau. Le risque d’enfournement est alors diminué, Thomas naviguera plus en sécurité dans la grand Sud notamment. Le Team Sodebo a beaucoup travaillé cette année sur de nouvelles voiles. Depuis sa remise à l’eau début septembre Thomas et son équipe enchaînent les navigations techniques en Atlantique, « le maxi-trimaran a maintenant sept ans et nous arrivons à maturité. Je suis très content de nos derniers entraînements, le bateau est tel que je l’imaginais. Nous avons gagné en vitesse et en performance en optimisant ma gestion du solitaire. Nous avons fait faire un gennaker de capelage chez Incidences pour la navigation dans la brise et nous avons également une nouvelle grand-voile et une trinquette en 3Di conçus par North. »

Rompu à l’exercice du solitaire

Après trois tours du monde complets en solitaire (deux en multicoque et un en monocoque) et sept années de navigation sur le maxi-trimaran Sodebo, le skipper connaît par coeur l’exercice de la solitude et de l’endurance en mer. Dans sa préparation pour cette 4ème tentative, le marin mise sur son expérience. « Je vais me concentrer sur quelques navigations clés de 24h ou 36h, cela suffit et cela permet de ne pas griller mes batteries avant de partir. Les capacités physiques sont très importantes car dans ce genre de compétition, il faut s’adapter, être un véritable caméléon. Nous envisageons tous les scénarios mais cela ne se passe jamais comme on le prévoit. C’est toujours une nouvelle aventure ! Mon expérience et les deux tours du monde réalisés avec Franck Cammas ces deux dernières années me permettent de voir les choses différemment. Bizarrement, cela m’a permis de trouver le temps et l’énergie de repartir en solitaire. » Musculation, vélo, le skipper du maxi-trimaran Sodebo a une hygiène de vie irréprochable à quatre semaines d’un départ potentiel.

Entre l’air et l’eau

Ses seuls petits moments de répit ces derniers jours sont consacrés à la fabuleuse Coupe de l’America dont le dénouement pourrait se jouer ce mercredi. Le plus ancien des trophées se court désormais en multicoque ce qui n’est pas pour déplaire à Thomas. Lorsqu’il signe en 1998 avec Sodebo pour courir le Vendée Globe, il avoue que l’objectif a toujours été de naviguer en multicoque. « Je suis de la génération Bourgnon, ma sensibilité c’est la vitesse ! Cela fait partie de la mutation du monde d’aujourd’hui régi par le spectaculaire et les nouvelles technologies. Je regarde la Coupe avec des yeux d’enfant. Des bateaux qui volent, on en a tous rêvé et ils l’ont fait ! Nous étions persuadés que seuls les Français avaient la culture du multicoque. En cinq ans, les anglo-saxons en ont gagné 25 ! C’est la même histoire que notre victoire avec Groupama 70 sur la Volvo Ocean Race 2012 où personne ne nous attendait. »

En France, les « géants » n’ont jamais eu autant la cote. « Dès 2007, avec Thomas Coville, nous avons décidé de construire un maxi multicoque. L’objectif était, dans un premier temps de se lancer dans la chasse aux grands records pour ensuite ouvrir une voie à ces géants des mers vers différentes courses au large.

« Nous avons établi ces dernières années de nombreux records et temps de référence comme celui de la traversée de la Méditerranée, le record des 24 heures, la traversée de l’Atlantique Nord, la Route de la Découverte … ces 3 derniers ayant été repris depuis par Francis Joyon. Nous nous réjouissons d’apprendre que Banque Populaire, Spindrift et Idec sont depuis peu en stand-by pour tenter de battre ou d’établir de nouveaux records en multicoque. Les records sont faits pour être battus !
En ce qui nous concerne, il nous manque le record ultime, celui du tour du monde en solitaire que Thomas va tenter à nouveau cet hiver. Toute l’entreprise est derrière lui et le soutient dans ce nouveau challenge qui est à la fois une aventure, technique et surtout humaine, et une compétition de très haut niveau contre le chronomètre, un adversaire virtuel et intransigeant » rappelle Patricia Brochard, Co-Présidente de Sodebo.

Pour Thomas, la recherche de la liberté à l’échelle de la planète, explique tout. Il souligne la diversité des profils qui s’engagent peu à peu dans l’aventure des records à l’image de Yann Guichard sur Spindrift 2, issu de la filière olympique. « Il y a de la place pour tout le monde ! Je crois que nous allons retrouver de vraies gueules, des identités différentes et écrire de superbes histoires » conclut Thomas.

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Mis à l'eau le: 19 septembre 2013

Matossé sous: Records, Tour du Monde en Solitaire

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