Oman Air-Musandam s’impose à Plymouth

© MOD70 Musandam-Oman Sail / On Board

Cette troisième étape off-shore de la Route des Princes entre Dublin – Dùn Laoghaire et Plymouth a été compliquée et elle a mis les nerfs des marins à rude épreuve. Car comme on s’y attendait, elle s’est jouée dans les petits airs et les forts courants. Dans ces conditions, l’équipage d’Oman Air-Musandam mené par Sidney Gavignet s’est montré particulièrement rusé, notamment le long des côtes Irlandaises, et c’est une victoire largement méritée qu’il a décrochée à 19h53 (heure française), ce mercredi. Une victoire qui le propulse par ailleurs en tête du classement général provisoire (avant jury) à égalité de points avec Edmond de Rothschild de Sébastien Josse, bien revenu sur les derniers milles du parcours.

8,95, c’est, en nœuds, la vitesse moyenne qu’a réalisée Oman Air-Musandam sur les 500 milles théoriques de la troisième étape off-shore de la Route des Princes. C’est peu de dire que le score est loin des moyennes habituelles des MOD70 qui avalent généralement la distance en moins de 24 heures. Mais cette manche disputée entre l’Irlande et l’Angleterre s’est jouée dans le (très) petit temps du début à la fin, et en cette période de grandes marées, c’est peu de dire que les courants ont largement compliqué la tâche des navigateurs.

Le coup de Tuskar

Si Edmond de Rothschild a pris le meilleur après le coup d’envoi en baie de Dublin et encaissé le point de bonus spécial (coefficient 2) à l’île Bardsey, à la pointe du Pays de Galles, c’est Oman Air-Musandam qui a misé juste dans le canal Saint-Georges en choisissant de passer à l’intérieur du DST (dispositif de séparation de trafic) et d’aller raser la pointe de Tuskar, au plus près de cailloux pour se protéger du courant. A la sortie, il s’est retrouvé avec 13 milles d’avance sur ses concurrents. Un écart porté à 47 milles (le plus gros écart enregistré depuis le départ de Valence le 9 juin dernier) au moment du passage du rocher du Fastnet grâce à une nouvelle option à terre, à l’approche du phare du Fastnet. « A ce moment là, on avait un confortable petit matelas d’avance mais on savait qu’on allait être les premiers à retomber dans la molle, on ne s’est donc pas emballé » a expliqué Sidney Gavignet.

Resserrement des troupes aux Scilly

De fait, à mi-chemin entre le célèbre rocher et les îles Scilly, Sébastien Josse et son équipe sont parvenus à revenir à moins de trois milles du bras arrière au bateau Omanais qui n’a cependant rien lâché. Non seulement, il s’est adjugé le point de bonus spécial à Bishop Rock mais il a contrôlé la situation jusqu’au bout en exploitant au mieux chaque petite risée et chaque veine de courant le long de la côte sud de l’Angleterre. Au final, Oman Air-Musandam s’impose avec 15 minutes d’avance sur son dauphin, remportant ainsi sa deuxième victoire de course off-shore dans l’épreuve après celle décrochée à Lisbonne. « On est vraiment allé la chercher loin cette première place et j’estime qu’elle est vraiment méritée » a commenté le skipper à son arrivée au ponton, qui peut également se satisfaire, ce soir, d’occuper la tête du classement provisoire (avant jury) avec un total de 126 points. 126 points c’est également le nouveau score d’Edmond de Rothschild, 2e. Autant dire que les in-shore de vendredi et de samedi, mais aussi et surtout la dernière étape jusqu’à la Baie de Morlaix dont le départ sera donné dans la foulée, seront décisives. La journée de repos, demain, ne sera pas de trop pour recharger les batteries avant la bataille finale.

Classement de la troisième étape off-shore (avant jury) :

1. Oman Air-Musandam, 40pts
2. Edmond de Rothschild, 36 pts
3. Virbac – Paprec 70, 32 pts
ABD : Spindrift 28 pts

Classement général provisoire MOD70 (avant jury) :

1. Oman Air-Musandam (Sidney Gavignet) 126 pts
2. Edmond de Rothschild (Sébastien Josse) 126 pts
3. ABD : Spindrift (Yann Guichard) 122 pts
4. Virbac-Paprec 70 (Jean-Pierre Dick) 66 pts.

Ils ont dit :

Sébastien Josse – Edmond de Rothschild :

« On ne pensait pas finir aussi près d’Oman Air-Musandam c’est sûr, vu le premier coup qu’il nous a fait dans le DST du canal Saint-Georges. Il est passé avec 60 milles d’avance au Fastnet. On ne pensait pas le revoir aussi tôt, on s’est un peu battu. On a vu que tout était possible au passage des Scilly. Il y a eu un gros regroupement la nuit dernière. On a repassé une deuxième fois le front qui nous avait arrêtés après Bardsey. On l’a repassé dans l’autre sens, Oman s’est arrêté. On a décidé d’attaquer un petit peu plus nord. C’était de nuit dans 3-4 nœuds donc il y avait beaucoup d’incertitudes. On ne voyait rien, on a tout fait aux sensations. Il fallait essayer de déplacer le bateau tant bien, au gré du vent qui tournait toutes les deux minutes. C’était une période assez sympa. On avait aussi un contrôle sur l’AIS, sur l’ordinateur … mais bon après, il a démarré plus vite et la messe était dite. Nous avons apprécié le petit bord de portant du Fastnet aux Scilly parce qu’après c’était plutôt « multicoque dans la pétole ». Ce n’est pas le plus agréable car les flotteurs tapent d’un côté et de l’autre. Cela s’arrête aussi vite que ça démarre. Dans ces cas là, il faut être patient et ne pas trop s’énerver. Il faut relativiser. On voit que dans cette classe des MOD70, rien n’est jamais avant la dernière étape. Ca se joue parfois à un point pour savoir qui est l’heureux gagnant. Au niveau du bilan, on aurait préféré gagner, maintenant on s’est bien battu. Bien sûr, il y a un peu de déception. On sait qu’il y a du niveau. On va continuer comme ça. On va tout donner sur le prochain in-shore et sur la dernière étape pour Morlaix. »

Sidney Gavignet – Oman Air – Musandam :

« On peut dire que cette troisième manche de la Route des Princes, nous sommes allés la chercher loin et que, du coup, on la mérite. En plus, il n’y a pas de réclamation à l’arrivé, ça c’est spécial. On va peut-être passer une escale tranquille. Je crois que l’on anime bien la course depuis le départ, de diverses façons. On est un acteur qui fait du jeu. On est très content de la navigation que l’on fait alors que l’on n’a pas de navigateur. On pensait que cela pouvait être une faiblesse et on s’en sort bien donc c’est un plaisir à faire. C’est stressant mais bon, on ne va se pas se plaindre. Si on fait ce boulot c’est que l’on aime aussi le stress mais quand même, vivement la fin de la semaine que l’on puisse se détendre ! (rires). Notre score n’est pas mal (2 étapes offshore sur 3), c’est vrai qu’on est là ! Près de Tuskar, c’était une histoire de courant. Il y en avait beaucoup plus que ce que disaient les cartes. On avait déjà remarqué ça à l’aller et on pense qu’il y avait facilement 4 nœuds de courant. On a voulu aller se protéger, on est allés sur les bancs de sable façon Figaro, en gardant un tout petit peu plus de sécurité quand même. Je pense que quand on a 2 nœuds de courant en moins et bien ça fait deux nœuds de vent en plus et donc ça fait la différence.
On ne s’est pas trop vite emballé de notre avance, on savait que ce n’était pas nécessaire de se dépêcher parce que plus tôt on arriverait dans la pétole. Mais là, on n’a pas eu une réussite énorme. Quand les autres étaient à 3 milles de nous, on faisait un noeud et eux quatorze. On se dit que l’on aurait pu avoir un meilleur trou de souris, mais bon, on ne va pas se plaindre parce qu’après on a continué. On n’a pas baissé les bras. Ca s’est joué à vraiment pas grand-chose pour avoir le pont de bonus à Bishop. Ce qui est bien dans notre équipe, c’est que l’on ne baisse pas les bras. Quand les choses changent, on reste patient, on ne panique pas et du coup on arrive à se sortir de situations délicates. »

Source

Rivacom

Liens

Informations diverses

Sous le vent

Au vent

Les vidéos associées : MOD70

Les vidéos associées : Multi50 - Ocean Fifty