Une première nuit mollassonne

Multi50 - Route des Princes 2013

© Marcel MOCHET

Comme on s’y attendait, la première nuit a été plutôt calme pour les huit multicoques de la Route des Princes. Pour autant, elle n’a pas été synonyme de repos. Bien au contraire. Les équipages ont enchainé les manoeuvres, notamment les changements de voiles au gré des molles et des risées. Si les MOD70 et le Maxi80 ont finalement bénéficié d’un peu plus de pression que prévu, les Multi50, eux, ont été surpris de devoir batailler dans un trou de vent pendant deux heures, tôt ce lundi. A présent, tous profitent d’un flux de sud-ouest d’une dizaine de noeuds pour gagner vers le sud au louvoyage et recharger un peu les batteries avant l’arrivée de nouvelles difficultés en mer d’Alboran.

Après le passage de la marque obligatoire à Benicarlo peu avant 20 heures hier soir où, rappelons-le, le point de bonus a été attribué à Oman Air-Musandam, les quatre MOD70 et le Maxi80 Prince de Bretagne ont entamé un long bord en tribord assez serré sous gennaker, poussés par 8-12 nœuds de vent. Mieux donc que ce que prévoyaient les fichiers météo. « On a actuellement 7-8 heures d’avance sur les routages » précisait Jean-Luc Nélias, à bord du trimaran de 80 pieds, ce matin, lors de la vacation officielle. Reste que pour lui et les MOD70, les dernières heures n’ont pas été de tout repos. De fait, aux alentours de 4 heures, à l’approche du cap de la Nau, il a fallu réduire la toile lorsque le vent a forci, propulsant les bateaux à plus de 30 nœuds. A l’inverse, une fois la pointe dépassée, il a fallu tout renvoyer pour s’extirper de la zone de dévent. En clair, ça a beaucoup manœuvré à bord des bateaux cette nuit et ça risque bien d’être à nouveau le cas tout au long de la journée. Car si en ce moment, ils progressent au près dans un flux de nord-ouest de 8 à 13 nœuds assez instable et un petit clapot désagréable ils vont bientôt devoir composer avec la molle. Sûr que les passages des caps de Palos et de Gate vont réserver quelques surprises. Faudra t-il raser la côte ou tenter une option plus au large ? Telle est la question. L’actuel leader de la flotte, Oman Air-Musandam de Sidney Gavignet semble préférer rester plus à l’est que ses adversaires. Un choix qui lui a plutôt réussi cette nuit puisqu’il avait légèrement fait le break sur ses poursuivants au premier pointage du jour et à 6 heures, il filait deux fois plus vite que ses concurrents. A suivre donc.

Pas simple d’établir une stratégie
Du côté des Multi50, le scénario de la nuit s’est révélé un peu différent. Partis directement cap au sud, en direction de Lisbonne, sans avoir à effectuer la petite boucle de 120 milles jusqu’à la capitale espagnole de l’artichaut, Actual, Arkema – Région Aquitaine et FenêtréA-Cardinal ont déboulé tout schuss jusqu’au cap de la Nau, poussés par 20-25 nœuds de vent. La suite, en revanche, a été plus compliquée. Très tôt ce matin, les trois 50 pieds sont, en effet, tombés dans un trou sans vent. Une zone de pétole pas prévue qui les a littéralement scotchés, au point d’afficher des VMG (vitesses de rapprochement au but) négatives. Heureusement, la situation n’a duré que deux heures et à présent, les trois multicoques ont retrouvé un peu de pression. C’est donc avec 12 nœuds de vent qu’ils poursuivent leur route au près, tous groupés derrière l’équipage d’Yves Le Blévec, en direction du cap de Gate qu’ils devraient atteindre en fin de matinée.

Ils ont dit :

Mayeul Rifflet (Arkema – Région Aquitaine) :
« C’est en train de se rétablir mais on a passé deux heures pénibles. On a carrément fait un 360° sur nous-mêmes dans la pétole. Nous sommes juste deux milles derrière Actual, et il a fait la même que nous. Du coup, nous le supportons pas trop mal. A présent, on a à nouveau du vent. Nous sommes sur la route, ca avance bien. Là, j’ai 12 nœuds de vent, on repart doucement et ça glisse quasiment plein sud. Nous allons essayer de nous dégager de cette zone merdique mais ce qui est agréable c’est que l’air est super chaud. Ca a été super rapide de Valence au cap de la Nau. De fait, on a eu 20/25 nœuds avec une mer assez formée mais c’était moins pire que ce que j’attendais. Après, comme je l’ai dit, il y a eu des heures moins agréables. Là, ça a commencé à revenir, du coup on peut commencer à récupérer. On a été dans la molle puis dans la grosse pétole. Il y a eu du boulot. On est deux milles derrière sur Actual. Dans les prochaines 24 heures, on va être au près. On hésite encore un petit peu sur les options à prendre. On verra en fonction des fichiers. Ca va être encore un peu compliqué mais il y aura de quoi jouer et faire avancer les bateaux. Le passage du cap de Gate va être compliqué. On est à 90-100 milles en route directe, mais c’est difficile de dire quand on y sera. Peut-être en fin de matinée. »

Jean-Luc Nélias (Prince de Bretagne) :
« Cette nuit a été paisible et molle sauf les deux dernières heures au niveau du cap de la Nau où on a eu 30 nœuds. Devant nous, il y a Edmond de Rothschild, Virbac Paprec 70 et Spindrift mais là on est dans la pétole. On essaie d’en sortir, ça clapote un peu. Cette nuit, il y avait entre 8 et 13 nœuds. Nous étions sur un tribord amure. Ce qu’on a eu n’a rien à voir avec les fichiers. On a alterné le solent et le petit gennaker. On s’approche des MOD70. On essaie de se bagarrer. Là, c’est « shifty » avec des molles. On a du vent de sud-ouest. Dans les prochaines heures, nous aurons une bonne tartine de pétole puis un voyage dans une douzaine de nœuds de vent jusqu’au cap de Gate. En mer d’Alboran, on aura 8-13 nœuds. En attendant, on change régulièrement de voile d’avant. Nous avons beaucoup manœuvré et pas beaucoup dormi. C’est clair, il y a de quoi faire, on est bien occupé. »

Source

Rivacom

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