La délivrance… à Fort-de-France

  • © Alexis Courcoux
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« La voile, c’est comme le bon vin : plus tu vieillis, meilleur tu es » racontait Erwan Tabarly à son arrivée à Fort-de-France hier matin. Le vainqueur de la Transat Bretagne – Martinique ne croit pas si bien dire. Une transatlantique en solitaire à armes égales, ça vous forge une expérience de marin, ça vous fait grandir comme un rien… Après Erwan, Fabien, Gildas, Anthony, Yoann et Adrien, quatre bizuths font leur entrée aujourd’hui dans la cours des régatiers du grand large. Quatre jeunes marins coupent la ligne d’arrivée d’une Transat Bretagne-Martinique qui restera ancrée à jamais dans leur esprit. A Fort-de-France, l’accueil est chaleureux pour Simon, Corentin, Damien et Arnaud, attendu demain matin.

La délivrance. C’est exactement le mot qui vient à l’esprit à chaque arrivée depuis hier matin dans la baie de Fort-de-France. Même les trois premiers (Erwan Tabarly – Armor Lux – Comptoir de la Mer, Gildas Morvan – Cercle Vert et Fabien Delahaye – Skipper Macif 2012), les yeux rougis par le manque de manque de sommeil, la démarche chaloupée au moment de mettre pied à terre, les premiers mots de bonheur d’être arrivé, prouvent que cette transat, il fallait se la cogner. Les pépins techniques, la boîte à outils comme seul compagne de route, la météo compliquée qui ne les a jamais lâché depuis le départ de Brest le 17 mars dernier, marqueront cette édition. Alors, les marins racontent leurs galères, dévoilent leur choix stratégiques, mais se souviennent aussi des grands moments de grand bonheur. Erwan Tabarly a concrétisé un rêve qu’il touchait du bout des doigts depuis plusieurs années, Gildas Morvan garde l’image des côtes africaines comme d’un mirage exotique, Fabien Delahaye se satisfait d’avoir su gérer sa course au mieux de ce qu’il pouvait faire, Anthony Marchand (Bretagne – Crédit Mutuel Performance) sourit maintenant de ses cinq derniers jours de galère qu’il a réussi à surmonter, Yoann Richomme (DLBC – Module Création) premier bizuth et cinquième au général ne se sent plus de joie. Et que dire d’Adrien Hardy ! Le skipper d’Agir Recouvrement arrivé cette nuit, ému, a d’abord raconté ses moments magnifiques vécus en mer, les couleurs, la mer, son sillage. Son avarie de safran, il la dira après… Comme quoi, les mauvais moments font apprécier doublement les instants de bonheurs. Simon Troël (Les Recycleurs Bretons) savoure d’avoir terminé sa transat alors que des cadors, comme Yann Eliès (Groupe Quéguiner – Leucémie espoir), Thierry Chabagny (Gedimat) ou Fred Duthil (Sepalumic), n’ont pas eu cette chance de terminer. Corentin Horeau (Bretagne – Crédit Mutuel Espoir) est en passe d’arriver, comme Damien Guillou (La Solidarité Mutualiste) et Arnaud Godart-Philippe (Régates Sénonaises). Les bizuths vont encore avoir des histoires à nous raconter…

Classement de 16 h :

  1. Armor Lux – Comptoir de la Mer (Erwan Tabarly)
  2. Cercle Vert (Gildas Morvan)
  3. Skipper Macif 2012 (Fabien Delahaye)
  4. Bretagne – Crédit Mutuel Performance (Anthony Marchand)
  5. DLBC – Module Création (Yoann Richomme)
  6. Agir Recouvrement (Adrien Hardy)
  7. Les Recycleurs Bretons (Simon Troël)
  8. Bretagne – Crédit Mutuel Espoir (Corentin Horeau)
  9. La Solidarité Mutualiste (Damien Guillou) à 76 milles de l’arrivée
  10. Régates Sénonaises (Arnaud Godart-Philippe) à 145 milles de l’arrivée
  11. Tektôn – AGM/Région Martinique (Eric Baray) à 2 655,9 milles de l’arrivée.

Ils ont dit :

Erwan Tabarly (Armor Lux – Comptoir de la Mer):
« Depuis le temps que je ne passais pas très loin, je suis vraiment content de dérocher enfin la première place, c’est celle qui me manquait après des places de 2e et 3e. Cela fait trois éditions que je me bats vraiment et d’y arriver c’est super. La dernière nuit a été très dure, je n’ai pas pu dormir, on était au largue serré sous spi, donc il fallait barrer. Il y avait encore 25 à 30 nœuds de vent, donc je n’ai pas dormi, ça se voit sur les yeux…
On a eu des gros coups de baston la première semaine, qui ont malheureusement écrémé la flotte, et j’ai réussi à en sortir indemne en ménageant mes voiles, même si elles ont un peu souffert. J’ai creusé l’écart après le première semaine et j’ai réussi à le garder jusqu’au bout. Je suis super heureux. »

Gildas Morvan (Cercle Vert) :
« Cette transat, ce sont vraiment de bons souvenirs. Les deux dépressions, c’était dur, on a pris cher. J’ai même mis mon tourmentin et deux ris, c’est la première fois. Après, on est descendu plein sud, c’était magique, fabuleux, il y avait des poissons partout, des centaines d’oiseaux, des pêcheurs, un 4x 4 sur la route qui me suivait, des grandes dunes, des villages, on a fait une super balade. C’était un grand tour, c’est rare de passer entre Les Canaries et le Cap Vert. Mais on a toujours eu du vent. Erwan avait 40 milles d’avance au début des alizés, et je me suis dit que ça n’allait pas être évident de le rattraper. Les alizés ont été durs, on a eu 48 heures de baston, je me suis fait couché avec le petit spi, couché à 90° ! Les grains duraient longtemps, une demie heure parfois… »

Fabien Delahaye (Skipper Macif 2012) :
« C’est la première fois où j’ai du choisir des moments de course et des moments de navigation en bon marin, pour jouer la sécurité. On met parfois le jeu de côté pour préserver le bateau sur le long terme. Erwan a fait une super course, Gildas a été plutôt conservateur comme moi, comme de faire le tour de la situation délicate. Erwan a régné en patron sur cette transat, et au final je suis content de moi sur cette transat, 3e c’est top ! C’était beau les côtes africaines, je trouve ça génial les falaises de sable, le coucher de soleil, c’est magnifique ».

Anthony Marchand (Bretagne – Crédit Mutuel Performance) :
« Sur le début de la course, c’était un combat, on s’est bien fait mal, il y avait 60 nœuds établis, j’étais sous grand-voile seule à deux ris, je n’étais plus en mode course, il y avait 8 m de vagues. Regarde l’état de mes mains ! J’ai voulu partir à l’ouest et au final l’anticyclone s‘est refermé, j’ai fait un peu de chemin en trop. »

Yoann Richomme (DLBC – Module Création) :
« Je suis super content, c’était une belle traversée ! J’ai beaucoup appris et je me suis vraiment fait plaisir sur la fin, donc ravi ! Au départ, c’était difficile mais j’étais surtout en tête, et ça m’a marqué ! Avec Erwan et Fred, c’était vraiment top. Après il y a eu des hauts et des bas. Je visais un top cinq ; je suis dedans, je suis content. L’expérience des deux gaillards devant ce n’est pas n’importe quoi, il faut revenir plusieurs fois pour pouvoir faire des performances pareilles. J’ai appris beaucoup sur moi-même, comment passer du temps en solitaire, comment pousser fort le bateau et lever le pied pour préserver le matériel. »

Source

Rivacom

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