Derniers milles sous haute tension

© Alexis Courcoux

Rentrés hier soir par l’arrière de la flotte, le vent et les grains ont resserré un peu les rangs de la Transat Bretagne – Martinique. En tête, Erwan Tabarly (Armor Lux – Comptoir de la Mer) a vu son avance se réduire de 15 milles, en à peine 10 heures. Pire pour Gildas Morvan (Cercle Vert) qui a vu le spi bleu de Skipper Macif 2012 apparaître à trois milles seulement de son tableau arrière. A moins de 100 milles de l’arrivée, la météo a donc décidé de corser un peu la donne, histoire de faire durer le suspense. Sur l’eau, la tension est palpable.

« Hier soir, ça a été compliqué. Le vent est rentré par dernière et pendant que je butais un peu dans pas trop de vent, les autres ont bénéficié de conditions plus favorables qui leur ont permis de revenir. Résultat, j’ai perdu pas mal de milles » a commenté Erwan Tabarly, plutôt soulagé depuis quelques heures, que les grains et les nuages aient disparus. « Le ciel est de nouveau dégagé, il y a donc moins de chances d’avoir les écarts de vitesses que l’on a constaté hier » a indiqué le skipper d’Armor Lux – Comptoir de la Mer. Positionné exactement entre Cercle vert et la pointe sud de la Martinique, distante de 40 milles, à 5 heures ce matin, le Fouesnantais conserve cependant une bonne avance de 30 milles sur son poursuivant direct qui lui permet de garder un minimum de sérénité. Et pour cause, en toute logique, lorsqu’il sera en approche de la ligne d’arrivée en baie de Fort-de-France, Gildas Morvan et Fabien Delahaye devraient seulement atterrir sur l’îlet Cabrits. « J’ai un peu de marge mais je vais rester prudent. La dernière partie, autour de l’île, est toujours à craindre » a précisé Erwan. « Empannages, dévents, accélérations… On ne sait jamais trop ce qui nous attend et le risque de se retrouver encalminé existe ».

Lutte intense pour la 2e place

C’est d’ailleurs ce que redoutent, bien plus que lui et à plus juste titre, les marins de Cercle Vert et de Skipper Macif 2012. En guerre pour la deuxième place, les deux hommes naviguent à vue depuis hier soir, après que le géant de Landéda a fait les frais, lui aussi, du retour des troupes par l’arrière. « Les autres avaient plus de pression et avançaient deux nœuds plus vite que nous. Ca a compacté le jeu et j’avoue avoir été franchement surpris quand j’ai vu le spi de Macif apparaître juste derrière moi » a souligné Gildas Morvan. De fait, son avance sur le jeune Fabien Delahaye est subitement passée de 9 à 3 milles. « Ca m’a un peu énervé de l’avoir en visuel. Ca m’a clairement mis la pression et je n’ai pas eu d’autre choix que de me mettre à fond dessus » a-t-il ajouté. Réglages, matossage, longues heures à la barre : il s’est appliqué partout. Il a ainsi réussi, ce matin, à légèrement distancer son concurrent dans des conditions qui ne s’y prêtent pourtant pas vraiment. La raison ? Tous les bateaux se trouvent sur un bord direct, au largue serré. Difficile, en conséquence, de faire une vraie différence.

Pas le droit à l’erreur

La bonne –ou mauvaise – nouvelle, c’est qu’à l’inverse, les derniers milles entre la pointe des Salines et Fort-de-France sont susceptibles d’apporter pas mal de changements. Idem pour les grains qui débarquent généralement en deuxième partie de nuit. « C’est surtout ça que je redoute. Lors de la dernière édition de la course, il y a deux ans, c’était un peu pareil. Juste avant passer la ligne, on avait pris des grains et ça avait été chaud. Il va donc falloir être opportuniste sans prendre trop de risques » explique Fabien. « L’avantage, c’est que l’on va arriver de jour et que ce sera plus facile de lire le plan d’eau. Reste que c’est certain, on n’aura pas droit à l’erreur » a conclut le skipper de Cercle Vert. Verdict à la mi-journée (heure française).

Ils ont dit :

Erwan Tabarly – Armor Lux – Comptoir de la Mer :

Hier, ça a été compliqué pour moi. Du vent est rentré par derrière et ils ont eu des conditions de vent beaucoup plus favorables que moi. J’ai perdu presque 15 milles et j’avais peur, ce matin, que ça continue. En ce moment, le ciel est dégagé du coup, il y a moins de chance de creuser l’écart. Je suis moins inquiet. Je suis exactement entre Cercle Vert et l’arrivée en Martinique, 28 milles devant. J’ai perdu des milles mais il m’en reste une trentaine que j’espère suffisante pour arriver à Fort-de-France en tête. Là, c’est mode régate : j’ai moins dormi cette nuit, j’ai plus barré. C’est un peu plus dur de régler le pilote. Jusqu’à îlets Cabrits, c’est du tout droit. Après, il y aura des choses à faire, comme des empannages … Il faudra faire cette portion là le plus assidûment possible. Depuis deux minutes, -je viens d’avoir le classement- il n’y a plus de raisons d’être inquiet. En revanche, hier soir je me disais que ce n’étais pas fini … Je devrais passer la ligne quand ils arriveront sur le pointe de l’île, mais il faut faire attention les milles se perdent vite. ETA ? 7h (heure locale) au niveau du rocher du Diamant et 8h (heure locale) l’arrivée. A priori, il y aura une arrivée au levé du soleil donc ça devrait être sympa !

Gildas Morvan – Cercle Vert :

Hier soir, nous avons buté dans une zone faible et derrière, ils ont touché de la pression avant nous. Ca a resserré le jeu. J’ai été surpris à un moment car j’ai aperçu quelque chose de bleu. C’était le spi de Macif et il était trois milles derrière moi. Hier, nous étions à 10 milles l’un de l’autre, c’était assez confortable et j’étais déçu de le voir revenir comme ça. Du coup, je me suis mis dessus. J’ai fait des réglages, j’ai mis de musique et je me suis posé mis à la barre. J’ai cravaché … Je suis à 70 milles d’îlet Cabrits. On devrait y être dans 7 heures. On est au largue sous spi, on avance vite. Le jour sera levé. Là, c’est sûr que je n’ai pas le droit à l’erreur, ce qui est plus facile c’est que l’on va être de jour, je vais le contrôler mais ça va être plus tendu aujourd’hui !

Fabien Delahaye – Skipper Macif 2012 :

La bonne nouvelle, après les grains hier, c’est que je voyais Gildas (Morvan) et je ne m’attendais pas à cela. Là, j’ai resserré en bâbord. Nous sommes à 77 milles du sud de l’île. Je ne pense pas trop à le seconde place car c’est un bord direct nous devrions aller tous les deux à la même vitesse. Nous allons entrer dans la deuxième partie de nuit et il va falloir faire attention aux grains. Il y a deux ans nous avons eu ce cas de figure. La course n’est pas terminée et si nous avons un grain fort, même si Gildas est à trois milles je n’hésiterai pas à réduire la toile. Tout à l’heure, il y avait un gros nuage. Ca peut vite nous mettre en vrac, je surveille. Nous sommes tout de même fatigués, c’est difficile de barrer alors j’essaie plutôt de caler le pilote pour me reposer une peu. Je fais cinq minutes de sieste par ci par là. J’ai hâte de voir la Martinique depuis le temps qu’on l’attend. J’ai hâte aussi de voir des lumières. En clair, j’ai hâte de voir quelque chose !

Source

Rivacom

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