Le sprint final est lancé

© Alexis Courcoux

Alors qu’il reste moins de 300 milles à parcourir pour les premiers, les solitaires de la Transat Bretagne – Martinique profitent d’un vent d’une petite vingtaine de noeuds sur une mer plate pour glisser et faire avancer les machines au plus vite. Car maintenant qu’ils tous sur le même bord, bâbord amure, qui va les mener jusqu’à la pointe sud de l’île, c’est bel et bien une course de vitesse qui se joue. Dans ce contexte, on voit mal ce qui pourrait maintenant priver Erwan Tabarly (Armor Lux – Comptoir de la Mer) de la victoire. Derrière en revanche, rien n’est encore joué et tous les coups sont permis !

Comme on s’y attendait, les solitaires ont empanné, hier soir, et se retrouvent aujourd’hui tous sur le même bord bâbord qui les mènera jusqu’à l’îlet Cabrit. En tête de la flotte, avec toujours plus de 45 milles d’avance, Erwan Tabarly ne peut que se satisfaire de cette situation. « Je ne peux pas être mieux placé. Je suis exactement entre mes adversaires et l’arrivée, c’est parfait. Je suis confiant pour la suite » avouait le skipper d’Armor Lux – Comptoir de le Mer, pourtant pas du genre à fanfaronner. Mais c’est un fait, le Fouesnantais se trouve aujourd’hui dans une situation idéale. « Je ne m’attendais pas à ce scénario. Toutes les dernières transats que j’ai faites se sont jouées à quelques minutes seulement. Là, à 24 heures de l’arrivée, j’ai une quarantaine de milles d’avance, c’est extraordinaire. Je commence à savourer » a-t-il précisé. Il faut dire, qu’à moins d’un souci technique ou d’une casse matérielle, on voit mal ce qui pourrait l’empêcher, à présent, d’aller chercher la victoire à Fort-de-France. Mais le marin reste prudent. « Je me méfie. Un pépin peut toujours se produire. Je veille à ne pas déchirer mon spi ou à ne pas taper quelque chose dans l’eau » a-t-il indiqué. On l’aura compris, ce ne sont plus ses poursuivants qui l’inquiètent. Et pour cause, il a fait le calcul, il faudrait que ceux-ci avancent deux nœuds plus vite que lui pour recoller au score. Pas gagné donc.

Pas gagnée non plus la deuxième place pour Gildas Morvan. Au premier pointage du jour ce samedi, un peu moins de 7 milles le sépare de Fabien Delahaye (Skipper Macif 2012). Ce dernier a bénéficié, hier soir, d’une bonne bascule du vent à droite à tel point qu’il n’a même pas eu besoin d’empanner. « J’ai pu bien glisser et faire un meilleur cap que Gildas » a souligné le Caennais, pas mécontent, du coup, de se retrouver ce matin avec une distance uniquement en latéral par rapport au géant de Landéda. « Je joue mon positionnement. C’est bien qu’il y ait un petit décalage entre nous deux. Cela permet à chacun de jouer sa part de réussite » a-t-il ajouté, manifestement pas contre un dernier petit coup de pouce du destin. Fabien le sait, en étant en dessous de lui, Cercle Vert bénéficie d’un meilleur angle de descente vers la Martinique et ce sera encore plus vrai dans quelques heures, quand l’alizé aura tourné au secteur est-sud-est. Quoi qu’il en soit, il a décidé de tout donner. Son but : aller le plus vite possible sur le way-point qu’il s’est fixé. En clair, faire sa route au mieux, sans trop se préoccuper de son adversaire direct pour ne pas risquer de laisser la porte ouverte à Anthony Marchand (Bretagne – Crédit Mutuel Performance). A l’inverse, le marquage est intensif entre Adrien Hardy (Agir Recouvrement) et Yoann Richomme (DLBC – Module création). A la bagarre pour la 5e place, ces deux là ne font d’ailleurs qu’un seul et même point sur la cartographie. Seuls trois petits milles les séparent ce matin.

Ils ont dit

Erwan Tabarly (Armor Lux – Comptoir de la Mer) :

On a eu une super nuit étoilée, pas de grains, un vent plutôt stable. Une nuit sympathique. Je savais que Cercle Vert allait devoir empanner avant parce qu’il était plus à l’ouest. Quand j’ai vu qu’il avait empanné, je ne me suis pas posé de question, j’ai fait la même chose pour me mettre devant. Toute la nuit, j’en ai profité pour me recaler et j’ai vu que derrière ils avaient fait la même chose. Je suis bien placé pour l’arrivée. Je suis exactement entre mes concurrents et la ligne d’arrivée. Je suis assez confiant pour la suite. A priori, on devrait avoir une trajectoire assez rectiligne et arriver en un seul bord à la pointe sud de la Martinique. Là, le but c’est de ne pas avoir de souci matériel, de ne pas déchirer le spi. Je me soucie plus en ce moment d’un problème mécanique que d’un retour de mes concurrents. Il ne faut pas gâcher la fête sur un pépin. Je me suis laissé le temps avant de regarder l’atterrissage sur la Martinique. Je vais m’en occuper dans la journée. Dans ma tête je suis confiant. Je suis bien placé, j’ai de l’avance. C’est extraordinaire d’avoir 45 milles d’avance à 24 heures de l’arrivée! Les dernières transats que j’ai faites, ça s’est fini à vue. Je vais essayer d’en profiter parce que je n’aurai peut-être pas souvent l’occasion d’être dans cette position.

Gildas Morvan ( Cercle Vert):

On glisse gentiment. Les conditions sont confortables. Le vent souffle à 20/22 nœuds. Le vent va prendre de la droite et ce sera intéressant d’être dessus. J’ai déclenché l’empannage par rapport au vent que j’avais, par rapport aux routages et pas par rapport à Fabien (Delahaye). J’ai essayé d’aller dormir, de récupérer au maximum pour être d’attaque quand le vent va rentrer en début de matinée.

Fabien Delahaye (Skipper Macif 2012) :

Il n’y a pas eu d’empannage finalement. Les conditions météo ont fait qu’il y a eu une bonne droite toute la journée qui nous a permis de bien glisser et de gagner dessous. J’ai vu que Gildas (Morvan) avait empanné au dernier pointage. Moi je n’ai pas eu à empanner, juste à glisser, du coup j’avais un meilleur cap. Ca va être une course de vitesse avec lui jusqu’à la Martinique. Il y a encore des choses à faire. Ce n’est pas forcément scotché à la barre qu’on va le plus vite. Si j’arrive à vue, j’aurais déjà bien rattrapé. Maintenant je vais jouer mon positionnement, je fais ma route. Je ne suis pas mécontent qu’il y a ait un décalage qui se soit fait de toutes façons. L’atterrissage sur la Martinique, on l’a déjà fait il y a deux ans, le repérage est déjà fait. On va arriver de jour ce qui va permettre de voir où on met les pieds. On a le rocher du Diamant à laisser à bâbord ce qui va fermer un peu le jeu. Le parcours est assez simple et plutôt ouvert en stratégie. Je veux essayer d’aller le plus vite possible en Martinique, sans me préoccuper des autres. C’est le seul moyen d’essayer de tirer quelque chose de mon histoire.

Source

Rivacom

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