Les grains s’invitent à la fête

© Alexis Courcoux

Les compteurs s’affolent et ça dépote ! Ces dernières 24 heures, les solitaires de la Transat Bretagne – Martinique ont tous avalé autour de 250 milles. Ce mercredi, ils poursuivent leur route à plus de 10 noeuds de moyenne, droit sur Fort-de-France, poussés par un alizé soutenu soufflant entre 20 et 25 noeuds. Mais désormais, à moins de 1 000 milles de l’arrivée, une nouvelle donne vient corser le jeu : les grains.

« C’est une nuit de folie ! » a écrit, ce matin, Yoann Richomme. Le Skipper de DLBC – Module Création et ses adversaires composent, depuis peu, avec de grosses lignes de grains. Comme on peut généralement s’y attendre à l’approche de l’arc Antillais, ces petits événements météorologiques viennent ainsi perturber la progression des concurrents de la Transat Bretagne – Martinique ce mercredi. « Il y en a à plus finir. C’est vraiment violent » commentait le Lorientais. De fait, certaines rafales jusqu’à 38-40 nœuds ont été relevées ces dernières heures. Autant le dire, dans la nuit noire, ce paramètre rend la conduite plutôt sportive, voire franchement délicate. « Je barre à l’aveugle et aux chiffres au pied du mât » racontait Yoann. Son de cloche identique du côté du leader, Erwan Tabarly. « On n’y voit rien, difficile en conséquence d’anticiper les grains. Heureusement, quand ils passent, les variations du vent ne sont pas trop importantes mais parfois, c’est quand même chaud. Vers 4 heures ce matin, j’ai fait un gros vrac » a rapporté le skipper d’Armor Lux – Comptoir de la Mer qui a donc décidé de passer sous spi lourd pour limiter les sorties de piste. Pour lui, pas question de prendre de risques, surtout après la belle opération qu’il a réalisée ces dernières 24 heures. Erwan est, en effet, parvenu à augmenter son avance sur Gildas Morvan de 11 milles, entre hier 5 heures et aujourd’hui à la même heure. Mieux, il a retrouvé tous ses poursuivants alignés pile poil dans son axe. « Je suis content, c’est sûr, mais je n’oublie pas qu’il reste quatre jours de course » a relativisé le navigateur qui préfère, pour l’heure, rester concentré sur la bonne marche de son bateau et passer de longues heures à la barre. Idem pour Fabien Delahaye (Skipper Macif 2012). « C’est plutôt sportif ! Ca fuse bien mais c’est assez stressant. Pas d’autre choix que de barrer, barrer et barrer » précisait le Caennais, la cagoule en néoprène et la lampe frontale vissées sur la tête. « J’ai mon gilet, ma longe et je suis attaché court dans le cockpit » a-t-il ajouté. Mieux vaut, en effet, être bien accroché quand le bateau déboule à plus de 16 nœuds dans les surfs et finit par enfourner. « Parfois, ça fait carrément sous-marin. J’ai tout matossé à fond sur l’arrière pour retarder au maximum le plantage mais, malgré ça, je me retrouve régulièrement sous l’eau », a avoué Fabien. La situation devrait être un peu moins angoissante une fois le jour levé, mais l’exercice n’en restera pas moins de haute volée. D’autant que le vent va tourner à l’est à la mi-journée et imposer le jeu des empannages. Voilà qui promet quelques belles figures de style.

Ils ont dit :

Erwan Tabarly – Armor Lux – Comptoir de la Mer :
« J’ai déjà eu un gros grain – mon premier -, hier matin. Là, on ne voit rien. Nous avons un peu moins de 30 nœuds de base et ça monte à 35 dans les grains. Pour le moment il n’y a pas trop de différence. C’est très couvert et nuageux, c’est très sombre. Ce n’est pas si mal parce que ça avance vite mais je ne suis pas sûr de vouloir trop de grains. À 4 heures, je suis passé sous petit spi. Le bilan des dernières 24 heures est très positif, je ne m’attendais pas à gagner autant de milles mais il reste tout de même quatre jours de course. Même si j’ai 50 milles d’avance, il faut que je continue à naviguer et à faire avancer le bateau. Nous n’empannerons pas avant midi TU je pense. Là, on barre, on se fait un peu arroser, on ne dort pas. Nous verrons pour manger et nous reposer quand le vent aura molli. »

Fabien Delahaye – Skipper Macif 2012 :
« C’est plutôt sportif, depuis hier ça fuse. Je viens de faire une pointe à 16 nœuds. C’est de la barre et pas beaucoup de pilote. Quand de gros grains montent à 30 nœuds, il peut marcher mais je préfère être aux commandes. Hier, j’ai eu un gros front nuageux à près de 40 nœuds, puis un second. Ca n’arrête pas depuis hier soir. Je suis resté sous grand spi pour attaquer. Sur les premiers grains, j’étais bien attaché mais le Figaro tient bien dans ces conditions. L’étrave a été sous l’eau plus d’une fois. C’est fréquent à l’approche des Antilles, je me doutais que ça allait être instable et que nous aurions des gros grains. On espère que le jour se lève assez vite car on ne voit rien. C’est tout de même mieux qu’en début de nuit où c’était très violent. C’est très stressant, je suis à la barre, harnaché court avec le gilet, on est souvent sous l’eau … ça fait des bons surfs dommage que l’on ne voit rien. Il fait nuit noire mais la mer est grosse. Tout à l’heure je me suis fais une grosse frayeur : gros black-out électronique dans le bateau, plus rien. C’est revenu mais je ne sais pas ce qu’il s’est passé. »

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Rivacom

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